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Channel: La Pipette aux quatre vins
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Vendredis du Vin # 55 : Extra-time : Grolleau marque!...

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A l'invite de David Faria, alias le Bicéphale Buveur, les Vendredis du Vin, #55 nous emmène au foot!... C'est même l'angoisse du gardien de but au moment du penalty!... Ça, c'était le titre d'un film allemand de Wim Wanders, millésimé 1972, à l'époque où les cinéastes aimaient donner des titres à rallonges à leurs films. Je vous parle d'un temps...

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C'est l'heure de jour de foot donc. Y'a péno dans les arrêts de jeu!... Le gardien de but pose les talons de ses crampons sur sa ligne de but. A peine dix mètres le séparent du ballon, que l'avant-centre de l'équipe adverse vient de poser sur le point blanc, le point de penalty. Je suis à peine didactique là, parce que tout le monde ne maîtrise pas le sujet, je le sens bien.  L'attaquant va-t-il nous gratifier d'une panenka?... Dans les tribunes, les supporters des deux équipes se rongent les doigts jusqu'au sang. De quel côté sera l'exploit?... Vous ne savez pas tous ce que c'est que l'angoisse du supporter au moment du péno!... Le film en 72, la panenka en 76 et, pour ceux qui se souviennent, la finale de la Coupe de France 1971, qui fit chavirer la Bretagne, pour la dernière apparition de cette grande fête dans le stade de Colombes. Un stade en rouge et noir, qui chante Allez Rennes sur le ton de l'Ave Maria des pardons bretons bretonnants. C'était le 20 juin, fin de saison, les joueurs sont plutôt cuits. Tout le monde pense que Rennes a déjà joué sa finale en demi, battant Marseille... aux pénos, grâce notamment à son gardien Aubour, qui en arrête un certain nombre (malgré Skoblar, Magnusson et consorts!) et qui se permettra de jouer à la pétanque, lui le Tropézien, avec les artichauts envoyés sur la pelouse par les supporters bretons, en pleine finale!... Mais, c'était sans compter Keruzoré et André Guy, l'avant-centre de l'époque, qui marqua le seul but du match, sur penalty, sans prendre cependant le gardien lyonnais, Chauveau, à contre pied. Faut dire que ce n'était pas un filet de sole, celui-là!...

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Ah, insondable nostalgie!... Mais, revenons à nos moutons. David nous a demandé de parler de contre pied et plus exactement du vin qui vous envoie aux fraises ou aux pâquerettes, c'est selon les goûts. Et justement, en matière de goût, il nous arrive parfois d'avoir de ces surprises, notamment à table. Parmi les contre pieds les plus évidents, en matière d'accords mets-vins, le fait de servir un poisson avec du vin rouge. Certes, je vous l'accorde, il existe quelques recettes fameuses (lamproie, alose à la bordelaise), mais, on peut aussi tenter une sauce Bercy (histoire de digérer la réception de nos feuilles d'impôt!) composée comme il se doit d'échalottes et de champignons, le tout mouillé de vin rouge. Ce dernier peut être un grolleau angevin, tel que celui de Babass, le Groll'n roll 2011, avec sa structure légèrement acidulée, s'appuyant sur des notes de fruits routes, qui vous rappelle un instant, le temps des cerises... Là, à l'ombre du prunier, vous pouvez servir des filets de sole, après une courte cuisson au four, avec juste ce qu'il faut de fleur de sel et de poivre de Madagascar. Et vous souvenir de ces quelques bons moments passés dans les stades, lorsque les amoureux de foot étaient de vrais supporters...


Printemps 2013 : foutu climat!...

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Il est à peine plus de huit heures du matin en ce 1er mai et un fort orage éclate à La Roche sur Yon, avec éclairs, coups de tonnerre, vent soutenu et forte pluie mêlée de grêle!...Qu'est-ce que c'est que cette histoire?... Du jamais vu à une telle date!... Ca donne envie d'aller chercher un brin de muguet, quelque part dans la ville désertée, à destination des belles z'encore z'endormies!... On a connu de plus jolis débuts mai, tels ceux qui nous permettaient d'aller pique-niquer à la plage, ou ramasser le muguet sauvage dans la forêt autour du circuit automobile de Linas-Montlhéry, à l'époque du Bol d'Or ou des 1000 kms de Paris... Nostalgie again!...

Mais, il y a pire que cette météo perturbée (depuis déjà quelques temps!), qui chagrine les humeurs urbaines. Dans le vignoble, le petit matin du lundi 29 avril a été quelque peu réfrigérant. Au point que la vigne renaissante et printanière, avec ce qu'elle contient d'espoir en une belle récolte, a parfois subi les assauts du gel matinal. Bien sur et à l'opposé de ce qui s'est passé les 20 et 21 avril 1991, tout le monde n'a pas eu à soufrir de la même peine. Mais, pour certains...

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St Emilion, le 23 avril 1991
Des images et une détresse parfois, qui contribuèrent à la création de La Pipette

Dès lundi midi, les réseaux sociaux bruissent de quelques échos en provenance de Saumur notamment. Antoine Sanzay, alerté par la température matinale (-3°C), file dans ses vignes des Poyeux, pour faire un constat amer. Les dégâts sont conséquents!... Difficile de ne pas céder à la détresse.

Depuis lors, d'autres échos nous parviennent, certains rassurants, d'autres moins :

- Thomas Carsin, du Clos de l'Elu : "J'ai fait un rapide tour de vignes ce matin et je n'ai pas observé de dégats. On avait pourtant -3°C ce matin, mais sur une durée courte, semble-t-il... On en saura plus dans les jours à venir."

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Du côté de Savennières, Tessa Laroche respire : "A priori, chez nous on a rien. Il faisait 0°C. Pour le Saumurois, je crois -4°C..."

En Côtes-de-Castillon, Thierry Valette, à Puy Arnaud, n'a pas constaté de problème non plus. A peu près le même constat, non loin de là, de la part d'André Chatenoud, au Château Bellevue, de Lussac : "Il faisait juste 0°C lundi matin, pas assez pour geler la vigne... mais j'ai entendu parler de dégâts en Sauternais et Graves, ainsi que quelques spots en Entre-Deux-Mers... Affaire à suivre!" Du côté du Domaine de Chevalier, en Pessac-Léognan, les tours anti-gel ont rempli leur office (l'alarme s'était déjà déclanchée samedi matin), mais quelques bordures de parcelles ont néanmoins été touchées. C'eut put être bien pire!...

Valérye Mordelet, aux Loges de la Folie, a des nouvelles moins rassurantes : "La situation est très hétérogène sur Montlouis, selon les parcelles et forcément le destin marque certains plus que d'autres... Certaines vignes ont gelé entièrement, d'autres pas du tout (tant chez nous que chez les collègues). Certaines sont à peine touchées. Difficile de donner un chiffrage définitif, la vigne est une plante pleine de ressources et tous les bourgeons, à ce jour, ne sont pas éclos. Mais, nous n'avons pas étéépargnés... après 2012, la situation devient compliquée et aléatoire pour notre encore "jeune" domaine. D'ici un mois, nous en saurons un peu plus..."

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En Loir-et-Cher, c'est Noella Morantin qui nous donne une tendance : "Nous sommes passés à côté cette année. Ouf!... Je sais que, malheureusement, beaucoup ont de gros dégâts... C'est dur." Pas besoin de long discours...

Peu de nouvelles d'Anjou à ce jour, mais le message en provenance de La Grange aux Belles, de Marc Houtin et Julien Bresteau, n'a rien de réconfortant : "On a quatre hectares touchés (cabernet franc et grolleau), dont un de cabernet franc carrément vendangé!..."

Plus loin vers l'est, Éric Nicolas, du Domaine de Bellivière, est en partie rassuré : "Quelques dégâts dans des bas de pente, où stagnait la brume, mais rien de vraiment alarmant, les aires touchées ne représentent pas grand'chose. Il faudra surveiller les pousses brunies. J'espère pour nos amis, qu'il n'y a pas trop de dégâts pour eux non plus..."

Au Domaine Mélaric, Aymeric Hilaire est presque étonné : "Le Puy est passé totalement à côté! Pas un bourgeon de gelé! On a la chance d'être assez haut et de ne pas craindre la gelée, comme celle de lundi. Par rapport aux collègues de Champigny et de Montlouis, on a eu une sacrée veine!..."

Avant de partir à la recherche de muguet pour sa dulcinée Catherine, Philippe Delesvaux nous rassure quelque peu : "C'est gentil de prendre des nouvelles, mais, non, pas de soucis ici. Il faut dire qu'on est en altitude!... Bon muguet!"

Un brin de muguet porte-bonheur, que nous offrons volontiers à tous les vignerons, chaque année, exposés aux conséquences d'un gel printanier, à une saison qui se veut régénératrice, mais qui, immanquablement, cache ce genre de turpitudes. Des évènements climatiques qui sonnent comme un rappel, ne pouvant que nous conforter dans l'idée que notre soutien, au quotidien, reste de bon aloi.

Escapade gourmande et nantaise

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Cela faisait longtemps que nous n'avions opté pour une telle petite soirée, lorsqu'un groupe d'une huitaine de personnes, sortant du bureau, saute dans un minibus affrété par Vigne'Horizons, à destination du vignoble du Muscadet et d'une jolie table de la ville de la Duchesse Anne, en Bretagne forcément, comme dirait Frédéric Niger Van Herck!...

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La soirée est plutôt douce et ensoleillée. Une petite heure de route nous sépare du Domaine de l'Ecu, au Landreau. Les vignerons Guy Bossard et son associé Frédéric avaient une journée chargée, agrémentée d'un petit casse-croûte, à Préfailles, du côté de chez Anne de Bretagne, ci-dessus déjà nommée. Au vu des photos apparues sur Facebook le midi, histoire d'illustrer le repas (il est joueur, Fred!), je me suis inquiété un instant du devenir notre rendez-vous... Mais, comme nous sommes l'un et l'autre un poil en retard (le quart d'heure vendéen, me direz-vous!), la visite peut commencer en temps et à l'heure.

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Petit tour, avant toute chose, dans les vignes et au chai, non loin de là. On peut y apprécier le récent décavaillonnage d'une vieille vigne de gros-plant sur un beau terroir de gneiss. Cette parcelle sera bientôt arrachée (trop de manquants) et replantée en melon. De Bourgogne, pas nantais!... Il s'agit du cépage du Muscadet (pour ceux qui l'ignoreraient encore!). Quant au melon nantais, il a souvent laissé sa place à la mâche, chez les maraîchers de la région.

On peut y apprécier également toutes ces petites pousses, symboles d'une renaissance annuelle, source d'espoir en une belle récolte... Et là, nous ne pouvons qu'avoir une pensée pour les vignerons du Saumurois qui, en quelques instants, le lundi précédent, ont vu ces fragiles bourgeons grillés par le gel. Très peu de dégâts par ici. Guy Bossard pense que c'est peut-être du à la lente remontée des températures au lever du jour, ce qui évite une sorte de flash, lorsque le soleil d'une journée très claire réchauffe l'air ambiant trop rapidement.

La proximité de parcelles conduites en conventionnel permet également à Frédéric de revenir un peu plus en détails sur ce qui oppose ce mode de culture à la biodynamie, méthode adoptée par Guy Bossard dès 1992 pour les premières parcelles, pour une généralisation en 1996 (de source vendéenne, en provenance de Brem sur Mer, où Thierry Michon dispose de quelques archives, lui qui fête d'ailleurs les 20 ans en Bio-D du Domaine St Nicolas!...), après déjà vingt années de conduite des vignes en agriculture biologique. Au passage, Frédéric précise que la méthode a des exigences le plus souvent respectées au Domaine de l'Ecu, mais qu'une certaine dose de pragmatisme ne nuit pas. Ainsi, lorsque les circonstances l'éxigent (telle une bonne dépression atlantique, à quelques encablures de l'océan et les pluies qu'elle véhicule), ce n'est pas un petit noeud lunaire sur le calendrier, qui va cloîtrer les vignerons devant l'écran de leur ordinateur jusqu'au lendemain, sous prétexte que...

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Au chai, découverte de la nouveauté du domaine : les amphores. A l'horizon, se profile une nouvelle cuvée, dont les jus millésimés 2012 sont issus pour partie de vignes sur granite. Malgré les difficultés que la méthode d'élevage implique, notamment l'évaporation, ou la transpiration, la dégustation de quelques jus laisse entrevoir de belles choses... Un peu de temps aussi, consacré aux rouges du domaine. Certains connaissent déjà un franc succès sur les salons du monde!... Même si ce ne sont que des échantillons prélevés sur amphores ou sur barriques. Pour un peu, tout aurait déjà franchi l'Atlantique!... Ces rouges sont au nombre de trois : un premier (en amphore) en mode résolument glouglou et cabernet franc, vinifié un peu façon semi-carbo (oui, je sais, ça devient compliqué de suivre!) qui devrait être mis en bouteille prochainement. Vous pouvez dégainer, mais il n'y en aura pas pour tout le monde!... Le second est également un cabernet, mais ayant suivi un cursus fermentation-macération plus classique, avec quelques pigeages et remontages en douceur. Il est doté d'une matière souple et de tannins assez polis. Enfin, le troisième est un pinot noir (sur gneiss et/ou granite, je ne me souviens plus...), élevé en barriques jusqu'à l'été prochain sans doute. C'est du haut-vol!... Reposez votre téléphone, c'est déjà trop tard!... A moins que...

Retour au caveau ensuite pour redécouvrir les différentes cuvées disponibles au domaine. En dégustant ces Muscadets successivement, les 2011 notamment, on peut apprécier les qualités et l'accessibilité du millésime, ainsi que deviner la nouvelle marche franchie par le domaine. Ainsi, les cuvées Gneiss, Orthogneiss et Granite, bien connues des amateurs passent un cap, qui est sans doute du à l'allongement de la durée des élevages (18 à 20 mois désormais). Ces trois vins, dont on ne pouvait que constater certaines années, la proximité d'expression et de texture (sauf pour granite parfois), semblent voler de leurs propres ailes désormais. Gneiss reste dans une logique plutôt tendre et facile, avec une approche caractéristique des sols siliceux, voire sablonneux (un peu comme un cabernet de Chinon ou Bourgueil sur sable, vis-à-vis des graviers ou des parcelles de coteau), Granite exprime une belle tension et du volume, alors qu'Orthogneiss est peut-être bien sur la plus haute marche du podium 2011!... Une très belle densité, un caractère vibratoire et une allonge remarquable!... Un Muscadet pour la prochaine décennie!... Enfin, Taurus 2011 nous fait passer dans une autre dimension et un autre univers. Où le melon de Bourgogne semble devoir mérité son nom d'origine. Le plus Beaunois des Muscadet du cru, sans nul doute!... A noter qu'une réflexion est en cours au domaine, quant à l'apparition d'une cuvée en cru communal de Goulaine. Affaire à suivre!...

Il est déjà plus de 21h!... Quelques cartons divers et variés dans le coffre et nous prenons la route de Nantes et du Picolo!... Encore le Picolo?... Ben oui, j'en connais qui sont accros!...

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Il faut dire qu'un récent message d'Eva avait de quoi faire saliver!... Elle a d'ailleurs tenté, voilà peu, de passer incognita au 6, rue Mazagran, mais ce n'était pas parfait (ah, ces stars des réseaux sociaux et de l'édition associés!), puisque quelques tweets n'ont pas manqué d'informer Thomas, le maître des lieux, vite rassuré par la teneur de commentaires illustrés ("Ah, les meilleurs ris de veau de toute la vie!"). Pas du genre à s'affoler Thomas, même quand les clients arrivent tard. Et un petit groupe de neuf personnes, ce n'est pas ce qui va l'effrayer! De toute façon, il a tous les atouts dans ces manches pour nous faire patienter, surtout dans sa cave. Et pour nous balader aux quatre coins du vignoble, nous piéger à volonté!... Ça commence avec la mise en bouche : Miss Terre 2012, de Marc Pesnot. A l'aveugle, je pars dans le Loir et Cher... Un régal! Va pas falloir tarder à passer à la Sénéchalière!...

Côté cuisine, un choix maritime nous est proposé : maquereaux marinés ou salade de couteaux, avec une sorte de petite julienne de légumes divers. Ça respire l'océan!... Avec, un chenin Panier de fruits 2009 de Jean-François Chéné en bonne forme. Thomas nous propose une transition assez remarquable : Le Moelleux de Muscat (genre 19 gr tonique) d'Anne-Marie Lavaysse, du domaine Le Petit Gimios, à St Jean de Minervois. J'avais déjà goûté un autre vin de ce domaine, lors d'un précédent passage... Une visite s'impose... avant longtemps.

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La suite nous régale d'avance. Nous avons à hésiter entre une andouillette maison et une recette de pieds de porc. J'opte pour la seconde et le régal pressenti est au rendez-vous!... Ça respire le bonheur dans l'assiette!...

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Jolie finesse, arômes, saveurs, cuisson des légumes tip-top.

Un premier rouge nous arrive en carafe. Roc cab' 2012 de Babass, Thomas n'ignorant rien de mes récentes visites dans le vignoble angevin. C'était facile pour lui, en la circonstance, puisqu'il est passéà Beaulieu sur Layon deux jours après moi!...

Pour conclure et en vue du dessert chocolaté, nous découvrons une très belle cuvée de Jean-Christophe Garnier et je dois avouer être passéà côté lors du dernier salon Anges Vins, prévoyant une prochaine visite au domaine. Mais, Les Tailles 2011, c'est une très belle réussite, avec une fraîcheur qui nous inspire un grolleau de bonne facture. Et c'est pourtant du cabernet!...

On se laisse glisser jusqu'au bout de la nuit, avec le gâteau fondant au chocolat et chacun admet volontiers la qualité du repas, goûteux et copieux et celle des accords proposés par Thomas Noble, grand maître en la matière, dont on ne peut que louer la connaissance parfaite de sa cave et la volonté intacte de transmettre sa passion aux Nantais (et quelques autres!), qui veulent bien se laisser guider au pays des vins naturels.

Le temps d'un petit café, une heure de route... Il est près de trois heures du matin lorsque je retrouve ma couette. Belle soirée nantaise!...

T'en bois une tronche!... (6)

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Séjour à Bordeaux!... Nous avons droit à un rideau de pluie pour le jeudi de l'Ascension!... Toute la pluie tombe sur moi (air connu)!... Ne reste plus qu'à passer en cuisine. Passage au Bassin d'Arcachon pour dénicher quelques huîtres d'Irlande et de Gallice (cherchez l'erreur!), mais surtout des langoustines crues. Il faut dire que les morilles séchées n'attendent plus qu'elles, pour une recette de langoustines flambées au Cognac et aux morilles. Terrrrrible!...

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En soi, rien de très complexe, mais les arômes et saveurs se bousculent. Autant leur associer un vin qui décoiffe. Et pourquoi pas un Côtes du Jura 2008, du Domaine Macle, en mode oxydatif. Une sorte de mariage entre terre et mer, entre la montagne et l'océan.

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Voilàà peine quelques jours, les morilles jurassiques jouaient les perce-neige sur les hauteurs frontalières franco-suisses. Et ces langoustines courraient les océans. Il y avaient peu de chance qu'elles ne se rencontrent. Ce qui finalement se vérifie, puisque ces morilles ont vu le jour dans les vignes de Léognan. Rassurez-vous cependant, les crustacés n'ont pas été pêchés dans un lac de moyenne montagne du Grand Est!...

Le vin, quant à lui, vient bien de Château-Châlon. Un des grands maîtres en la matière, Laurent Macle, Tronches de Vin (p 154) parmi les plus remarquables du grand Jura, nous a concocté ce nectar. 80% chardonnay et 20% savagnin, le tout doté d'un très beau support acide, permettant de répondre aux saveurs maritimes et capable d'insufler des notes de noisettes sèches et d'épices douces. Une expression des plus étonnantes, évoluant au long cours de la dégustation.

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Et à part ça?... Tout baigne! Vous reprendrez bien un peu de tarte aux fraises?... Demain, il fera beau, une virée dans le vignoble girondin s'impose!...

Christophe Landry, à Arsac : la belle nature de Margaux

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Décidément, les amateurs se doivent de ne pas jeter la cognée après le manche, lorsqu'ils parcourent le Médoc. Il y a ainsi quelques découvertes qui valent le détour, des îlots de nature qui rassurent quant à la nature humaine. Avidité et cupidité ne sont pas forcément la règle à Margaux. Mais, c'est parfois au prix d'une lutte au quotidien, le combat d'une vie. Lorsqu'on pénètre le monde de Christophe Landry, du Château des Graviers, à Arsac, on prend en même temps, une bouffée d'air et d'espoir en un monde (viticole) meilleur en intraveineuse.

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Le cheval qui parlait à l'oreille du cheval

Le vigneron d'Arsac a un homonyme, helvète underground du Val de Travers (Tronches de Vin, page 138), mais le Christophe Landry qui nous reçoit ce jour n'aime pas les histoires qui partent de travers. Il aime donner du temps au temps. Chaque option prise est mûrement réfléchie. "Je me considère comme quelqu'un de très lent..." Finalement, ça tombe plutôt bien, puisque du côté des autorités viticoles, il faut encore plus de temps pour rédiger et valider le moindre texte modifiant un décret d'appellation. Mais, à force d'abnégation...

Christophe Landry est le représentant de la cinquième génération sur le domaine. Il est de retour sur ses terres depuis le milieu des années 90. Pas pour bouleverser les choses, mais pour prendre le relais de ceux qui, avant lui, ont défendu l'authenticité et la sincérité des vins d'Arsac, une des cinq communes composant la vaste AOC Margaux depuis l'été 1954. Cette appellation, dont la révision fut officialisée en 2007, après environ vingt années de procédure, notamment sous l'impulsion du Château d'Arsac, célèbre Cru Bourgeois, qui regagna ses lettres de noblesse après une longue lutte. Ce petit séisme dans les coutumes margalaises eut pour conséquence de rendre possible d'autres démarches du même ordre. Et c'est ainsi que le vigneron du Gravier, au moment de reprendre en mains le destin de ce Cru Artisan, demanda et finit par obtenir le classement en AOC Margaux de quelques parcelles assez remarquables. Il faut dire que cette révision semble cohérente, tant le parcellaire de l'appellation fut déterminé en 1954, le plus souvent , à la demande des propriétaires eux-mêmes. En effet, certains vignerons, à l'époque, peu enclins à découvrir de nouvelles contraintes réglementaires, choisirent de conserver leur patrimoine en AOC Haut-Médoc (datant de 1938), plutôt que d'adopter celles de nombreux Grands Crus Classés et Crus Bourgeois, plus exigeantes. Bien sur, cette tendance s'est depuis inversée et, sur place, chacun peut le constater en voyant régulièrement des parcelles passer dans l'escarcelle de tel ou tel grand cru, misant sur l'expension patrimoniale. A 2,5 M€ l'hectare, il est aisé de le comprendre!...

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Le domaine compte treize hectares de vignes dans trois secteurs. Le premier - Le Soc (b) - est situéà proximité immédiate des bâtiments et ses 2,5 ha restent un peu le coeur historique du Câteau des Graviers. Non loin de là, dans le secteur dit de Monbrison (c), un autre îlot de 5 ha environ cotoie les parcelles de quelques grands crus et assimilés, tels Issan, Rauzan-Ségla, Prieuré-Lichine ou Marojallia par exemple. Nous sommes là sur l'une des trois terrasses du fleuve, ancien lit de la Garonne, composées pour l'essentiel de graves pyrénéennes du Quaternaire, dont l'épaisseur et la proportion d'argile (souvent faible) varient selon les endroits, formant de très légères déclivités - les croupes médocaines - assez peu marquées ici. Une grande proportion de merlot et cinquante ares de cabernet franc. C'est ici également que l'on retrouve une parcelle de 1,20 ha, en Haut-Médoc à l'origine, reclassée en AOC Margaux en 2007. Toutes ces vignes ont été plantées par le grand-père de Christophe, après le grand gel de 1956, conseillé en cela par la Chambre d'Agriculture de la Gironde, très active à l'époque, pour une sorte de refondation du vignoble et la perspective de la fin du XXè siècle.

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L'ensemble du domaine est en biodynamie depuis 2009 (conseillé par Anne Caldéroni). Cette évolution vers la méthode mise au point par Steiner s'est faite de façon assez naturelle, puisque, en prenant connaissance de quelques-uns de ses grands principes, le vigneron d'Arsac constata notamment que l'application de tisanes de plantes ou le respect des phases lunaires étaient déjà en vigueur au domaine. Evolution naturelle mais réfléchie, comme il se doit. D'autant qu'en effectuant quelques visites à Pauillac (Pontet-Canet) ou en Saumur-Champigny, il ressent le besoin d'une analyse fine propre à ses vignes, à ses parcelles. Pour lui, la biodynamie n'est pas une recette strictement transposable d'un lieu à l'autre. Il va donc mettre en oeuvre une phase d'observation absolument déterminante, d'autant qu'il se nourrit d'un grand projet global, dans le cadre exceptionnel du Poujeau de Perrain (d). "C'est notre paradis!... Il n'existe que deux endroits comme ça à Margaux. L'un ici, à l'extrémité sud de l'appellation et l'autre entre Soussans et Avensan, au Château de Boston, chez Vincent Ginestet, le petit-fils de l'ancien propriétaire de Château Margaux."

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Bordé de bois et d'un ruisseau, il s'agit là d'un éco-système, dans lequel onze hectares ont été reclassés en AOC Margaux en 2007, à l'état de prairie depuis un demi-siècle. Les onze années de procédure (et de doute aussi, suite au projet de gravières de GSM et à celui d'un contournement routier) ont permis une lente observation du site, grâce notamment à Pierre Bécheler, un ami géologue bien connu dans les vignobles et son épouse passionnée par la faune et la flore locales. Ainsi, plusieurs dizaines de fosses ont été réalisées dans un premier temps, afin d'identifier rigoureusement les composantes du sol et du sous-sol (voir ci-dessus) et sont même recreusées chaque année, dans le but premier de mesurer l'évolution de l'implantation des racines de la vigne depuis 2009, date de l'apparition des premiers cabernet sauvignon (1,80 ha).

De la même façon, il n'était pas rare d'apercevoir le trio, naguère, au coeur de certaines belles nuits d'été, équipé d'un groupe électrogène, d'un projecteur et d'un grand drap blanc, afin d'effectuer quelques comptages de tous les insectes présents dans cet espace. Et c'est ainsi d'ailleurs que fut identifié le fadet des laiches, une espèce de papillon très menacée en Europe, comme le précise la revue Le Rouge et le Blanc, dans un de ses plus récents numéros. Au moment de collecter et de résumer toutes les données obtenues, les amis de Christophe ne manquèrent pas de l'interroger sur ses objectifs, en matière de faune et flore notamment. "En fait, mon souhait est de garder l'ensemble du vivant, même après la plantation de la vigne."

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Dès 2009 donc, quatre des cinq premiers hectares étudiés sont plantés de cabernet sauvignon et de merlot (80 ares), suivis en 2010 de petits verdots, issus des vignes centenaires du Château Moutte Blanc, à Macau, au bord de l'estuaire, ainsi que de carménère et de malbec, ce dernier choisi dans le Blayais et planté sur les graves les plus maigres du secteur. Certains rangs sont composés de clones divers, mais aussi de spécimens issus de différentes collections. Bien sur, le choix des porte-greffes ne s'est pas fait au hasard et l'option de l'enherbement est observée de près. On constate aussi que la terre est plus brune, puisque le sol est moins lessivé par les pluies, que dans le secteur précédent. La démarche globale s'accompagne de plantation de sauge et de romarin, par exemple, autant d'herbes destinées aux tisanes biodynamiques. Pour les habitants du cru, il s'agit là souvent de "vignes sales", qui deviennent des "vignes vivantes", avant d'être définitivement des "vignes riches"!...

Le rêve du vigneron, devenu son objectif, c'est d'appliquer la notion de terroir dans sa globalité : "Vu la richesse d'un tel site, on doit être en mesure de produire des tisanes avec les herbes issues de celui-ci..." C'est à cette fin que Christophe Landry va prochainement aménager un bâtiment permettant le séchage et la conservation des variétés de fleurs et d'herbes nécessaires aux préparations.

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Pour saisir toute l'ampleur du projet, il faut porter son regard au-delà de la petite route qui borde ces parcelles. On découvre alors treize hectares de prairies, où les deux chevaux du domaine semblent être heureux et en confiance. Pour le moment, le travail du sol avec la participation de ce duo équin n'est pas d'actualité. "Ce n'est pas ma priorité pour l'instant, au regard de tout ce qu'il faut mettre en oeuvre pour que la méthode apporte quelque chose de plus à la vigne. Le cheval sera l'aboutissement, lorsque je pourrais travailler avec eux à 100%." Il estime à cinq le nombre de chevaux nécessaires pour les treize hectares. "J'aime beaucoup la vigne, mais j'aime trop les chevaux pour que ce soit à leur détriment." Actuellement, il préfère partir randonner avec eux dans les Corbières, pour son plaisir, plutôt que de les soumettre à un travail trop exigeant, à supposer que le choix de la race soit cohérent. "De plus, je pense qu'à la vigne, il faut marcher derrière le cheval. On est presque certain de penser à lui, lorsqu'on ressent la fatigue et les effets de la chaleur."

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Non loin de là, on trouve également cinq autres hectares de vignes en AOC Margaux, sur un terroir somme toute différent. Ces parcelles sont exploitées actuellement en fermage par Michel Théron, du Clos du Jaugueyron, un de ses plus proches voisins, composant avec lui une sorte de binôme sensible à cet environnement local. Tout près, dans un espace déboisé par les tempêtes de 1999, viendra bientôt s'installer un petit troupeau de vaches, des Jersaises, choisies notamment, après une longue réflexion là encore, pour la qualité de leur lait et le taux de matière grasse assez record de celui-ci. Ce lait sera destinéà la production de fromage par un autre de ses voisins. Il pourra ainsi récupérer le petit lait destinéà certains traitements et les bouses pour les préparations. Toujours le terroir!... Enfin, à la limite des 48 ha de l'ensemble, regroupés suite à divers échanges, achats et remembrement effectués patiemment depuis dix ans, l'implantation d'une oseraie est à l'étude, certaines variétés d'osier étant elles aussi utilisées en biodynamie. Encore et toujours le terroir!...

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Après une telle découverte in situ, il peut paraître presque accessoire d'évoquer vinification et élevage. Pourtant, là encore, certaines options semblent déterminantes pour tirer la quintessence des cépages et des sols. Notons également que chacune des variétés de vignes est taillée avec la méthode la plus adadptée. Ainsi, on compte 61% de cabernet sauvignon taillé en guyot double, 26% de merlot, en guyot double à fenêtre, 5% de cabernet franc en cordons, tout comme le petit verdot (3%), du malbec (3%) en guyot simple inversé tous les ans et 2% de carménère en guyot simple. Au cours de l'été, la vigne ne subit ni rognage, ni écimage, ni effeuillage.

La cueillette est manuelle avec tri sur pieds et au bout du rang, s'étalant en fonction de la maturité des raisins. Un large cuvier inox permet des vinifications par parcelle, avec des processus adaptés aux cépages. Ainsi, le cabernet franc subit une macération carbonique, malbec et petit verdot sont vinifiés cuves ouvertes permettant quelques pigeages, les carménères, quant à eux, sont vinifiés dans deux barriques de 600 litres posées sur galets roulants, permettant de les faire tourner sur elle-mêmes autant que nécessaire. Merlot et cabernet sauvignon suivent le processus classique de macération de six à huit semaines.

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Pour l'élevage, les barriques de chêne français sont privilégiées (dont 25% neuves) pour une durée de douze à seize mois. Là encore, la démarche est originale : Christophe Landry a rencontré, voilà quelques années, un merrandier de Mont-près-Chambord, dans le Loir-et-Cher, avec lequel il a sympathisé. Celui-ci a depuis créé sa propre tonnellerie et ainsi, chaque année, au début mars, il choisit avec lui les arbres destinés à la fabrication des barriques de l'année suivante. Histoire d'aller au bout du bout de la démarche!...

Lors du passage au domaine, le chai contenait le millésime 2012 en cours d'élevage et quelques barriques de 2011, l'essentiel du volume de ce millésime étant déjà remonté en cuves, en vue de la mise. A noter que le rendement à l'hectare ciblé chaque année est de l'ordre de 45 hl/ha. En 2012, celui-ci est d'environ 40 hl/ha, ce qui tend à démontrer que les aléas climatiques et difficultés diverses identifiées çà et là, n'ont eu qu'un impact minime au Château des Graviers. Rappelons quand même que la densité de plantation imposée par le décret d'appellation est de 7000 pieds/hectare.

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Avant de laisser la place à un groupe de visiteurs de passage (activité intense et prenante en cette période!), dégustation de trois millésimes - 2007, 2009 et 2010 - du Château des Graviers, dont la tendance principale allie des tannins assez soyeux à une fraîcheur notoire. Les vins du domaine montrent une dynamique des plus intéressantes, que l'on pourra retrouver à table, sans attendre une hypothétique évolution favorable, tant leur accessibilité actuelle semble apte à procurer du plaisir aux plus exigeants. Cependant, il serait bon de destiner quelques flacons à une conservation plus longue, chacun sachant à quel point les vins de Margaux recèlent parfois de subtiles et goûteuses vérités organoleptiques.

Arsac n'est pas forcément la commune-phare de la célèbre AOC médocaine, mais elle compte quelques jolis domaines, tenus par des vignerons sensibles à la sauvegarde de l'environnement et à une production de vins respectueux d'une certaine philosophie, rappelant quelques pratiques anciennes authentiques, sans pour cela céder à une quelconque nostalgie rétrograde. Nous aurons ainsi l'occasion, avant longtemps, de découvrir le Clos du Jaugueyron, la Closerie des Moussis, mais aussi le Château de Boston à Soussans, autant de domaines peu enclins à céder aux sirènes d'une vinicolarisation mondiale des vins.

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Si vous n'avez pas programmé de visite dans le Médoc prochainement, vous pouvez vous rendre samedi prochain 18 mai au coeur de la Corrèze, àSt Cernin de Larche, non loin de Brive la Gaillarde, à l'occasion du premier salon Au fil du vin, qui invite deux bonnes douzaines de vignerons "au plus près de leur terroir et de la nature"!... Et parmi eux, Christophe Landry, pour qui ce sera quasiment une première.

T'en bois une tronche!... (7)

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Les week-ends à rallonge(s) du mois de mai continuent de défiler, comme les nuages dans notre ciel printanier, sans nous offrir la possibilité de sortir barbecue, rosé frais et tutti quanti. Comme d'autres fois, votre voisine ne manquera pas d'évoquer la météo du moment de façon définitive : "On n'a jamais vu ça!..." Et comme presque à chaque fois, les sites spécialisés en matière de prévisions météorologiques et statistiques climatiques ne manqueront pas de nous rappeler que "oui, ce mois de mai est exceptionnellement frais et humide, mais que déjà en 1945 ou en 1957, la moyenne des températures et la pluviométrie, dans votre bonne ville de ... (compléter selon votre choix), battaient des records que nous n'atteindrons pas cette année." Comme quoi, notre mémoire et sa tendance à sélectionner et édulcorer, nous joue des tours... si l'on en croit les plus éminents spécialistes en la matière.

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Source : Météo-France

A défaut de dérouler le tapis rouge sous le patio du Chai Carlina cette année, laissons Cannes proposer des moquettes spongieuses sous les talons-aiguilles des stars singing in the rain et luttons gourmandeusement contre la grisaille qui nous assaille. Et cherchons dans nos mémoires intactes, le souvenir de brochettes de lotte à l'espagnole, accompagnées d'un riz pilaf aux raisins secs. La recette originale associait lotte et merguez, mais ces dernières furent remplacées pour l'occasion par des morceaux de ventrèche (ventresca) coupée plutôt épais. Des champignons de Paris furent également conviés, en guise de touche franco-parisienne.

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Côté cuvée, le choix se devait d'être espagnol, que diable!... Un Conca de BarberaEls Bassots 2009, de Juan Ramon Escoda, Tronche de vin extra-nationale (page 98), dynamitero du chenin de Prenafeta-Montblanc, petite localité de la province de Tarragone qui vaut le détour. Une autre expression de ce cépage ligérien, présent sous d'autres (rares) cieux, quelque chose comme une version naturelle, entre la Loire Méridionale et la région du Cap et de Stellenbosch. 

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Vous aurez peut-être l'occasion de croiser de tels flacons dans la trilogie de salons parisiens qui se profile entre les 31 mai et 3 juin prochains. Un week-end très BIM (Belleville-Ivry-Montreuil), sorte d'antithèse des rallyes très NAP (Neuilly-Auteuil-Passy) et que l'on pourrait sous-titrer un week-end aux barricades!... Le premier, Sous les pavés, la vigne! revet les habits de Salon Rue89 des vins, s'annonçant d'ores et déjà comme un rendez-vous majeur (et vacciné) et ce, dès sa première édition. La proche banlieue, qualifiée naguère de laborieuse, ne sera pas en reste, avec La Cave d'Ivry, qui appelle les papilles des francs tireurs de la picole à résister, du vendredi au dimanche inclus, mais aussi, à Montreuil, oùL'Amitié rit vous convie à une sortie dominicale, option Naturisme, non loin peut-être des Murs à pêches et à peine plus du Bois de Vincennes. Quant à la météo?... Ca va changer, c'est sûr!..

Vendredis du Vin #56 : l'Arche de Noé des cépages rares et oubliés

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Ce thème proposé pour les VdV 56 par Jef Heering, de Balthazar Magnum, blogueur bruxellois (membre discret selon Iris!... ah bon, je ne vois pas pourquoi!...) de la bande à Böttcher, a bien quelque chose de l'Arche de Noé, mais aussi du Mayflower, vu le mois choisi pour évoquer les cépages rares et oubliés, dans le cadre des VdV.

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Le navire qui transporta, en 1620, une centaine d'immigrants historiques (dont moult people made in USA semblent descendants directs... ou presque!) vers l'Amérique (entre Plymouth en Angleterre et Plymouth dans le Massachusetts, dans une transat d'avant-garde) bénéficia-t-il des vents portants, qui conviennent à une traversée paisible et confortable? Il semble qu'une tempête entre Terre Neuve et le Cap Cod vint perturber le voyage avant son terme, si bien que les colons écourtèrent quelque peu le trajet. L'installation de la colonie donna naissance, dès 1621, à la fête de Thanksgiving, mais l'histoire ne dit pas si les cales du bateau contenait quelques cépages venus d'Europe. Hypothèse peu probable, puisque la dite colonie était quelque peu puritaine, même si, l'eau étant souvent impropre à la consommation à l'époque, l'alcool y était consommé.

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Mais, revenons au Mazel, le domaine cher àGérald et Jocelyne Oustric, au coeur de l'Ardèche et de Valvignères. Parmi les vins très remarquables proposés à la cave, la cuvée C'est Im-Portant dans sa version 2010 est pleine et tonique. Le cépage utilisé là - le portan - "sans t final", précise Jocelyne, fut créé voilà environ trente-cinq ans par l'INRA, sur la base des cépages grenache noir et portugais bleu. C'était le fruit de la recherche du célèbre institut, qui cherchait là, à produire des cépages plus résistants aux maladies. En fait, il s'est avéré aussi sensible que le grenache aux dites maladies et l'expérience n'a pas été développée. Cependant, les essais atteignirent le stade de la plantation, chose plutôt rarissime parmi les nombreuses tentatives en la matière des chercheurs. Ainsi, le Domaine du Mazel en possède 1,20 ha, sur un terroir argilo-calcaire. Il est des plus im-portant de se laisser porter par notre curiosité!...

89, dans la rue et à table!

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Ce début du mois de juin est à marquer d'une pierre blanche. D'un pavé blanc plus exactement. En effet, Antonin Iommi-Amunategui, sous l'égide du blog No wine is innocent et de Rue89, proposait la 1ère édition du salon Sous les pavés la vigne, dans le cadre de la Bellevilloise, au coeur de Ménilmontant. Et pour une première, tous les échos tendent à démontrer que ce fut un coup de maître ès-organisations diverses. Avec Antonin, on s'en doutait un peu, tant son sens du management avait déjà fait merveille lors de la production de Tronches de vin, le guide des vins qu'ont d'la gueule!...

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N'ayant pu me rendre sur place pour me joindre aux tronches et aux auteurs pour l'occasion, il ne me restait plus qu'à saluer l'évènement comme il se doit, en ouvrant quelques clos du millésime 1989. Pas loin d'un quart de siècle nous séparait de la production de ces flacons et pourtant, leur état de forme fut des plus surprenants!...

En premier lieu, pour la soirée d'ouverture du week-end, un rôti de boeuf était au programme et le ChinonClos du Chêne Vert du Domaine Charles Joguet, à la robe d'un beau rouge profond, à peine nuancée d'un disque tuilé, se révéla assez remarquable. Comme parfois, dans ces cas d'ouvertures de flacons ayant passé les vingt ans, je prévois un substitut plus jeune, afin de faire face à une éventuelle mauvaise surprise et aux non moins éventuelles récriminations des convives. Mais là, le Saumur 2010 du Domaine Mélaric put regagner la cave, en attendant des jours meilleurs!...

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Pour le lundi, second jour des festivités bellevilloises, le plat se composait d'une brochette de thon rouge, de chorizo cular et de poivron jaune, sans oublier le riz pilaf juste arrosé d'une sauce tomate maison. La marinade (jus de citron, miel, ketchup, paprika, thym, sauce soja et huile d'olive) donnait le ton et il fallait relever le défi. Plongée en immersion profonde, façon "mais qu'y a-t-il tout en bas de ce casier?" pour trouver ce SavennièresClos des Perrières du Domaine de la Soucherie, à l'époque de Pierre-Yves Tijou. Là encore, la bouteille de secours, les Noëls de Montbenault 2006, de Richard Leroy (il faut ce qu'il faut!) a regagné ses pénates jusqu'à la prochaine recette de poisson ou de crustacé.

Il arrive donc parfois que les couloirs du temps se rejoignent. Là, une initiative que tout le monde salue et qui fleure bon la dynamique des réseaux sociaux du nouveau millénaire. Ici, des bouteilles poussiéreuses, juste sorties d'une cave sombre, issues aussi d'un mode de vie tout autre, sans portable, sans internet... Une époque où tout prenait un autre sens. Cependant, même en 2013, nous sommes finalement tous des enfants de 89!...


Ce Loir et Cher qui nous est cher!...

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Dernière escapade printanière pour Vigne'Horizons cette année. Direction le Loir-et-Cher où, vu de loin, on peut se demander parfois ce qu'il peut bien s'y passer, du côté de la vigne et du vin. Selon que l'on vienne de l'Est ou de l'Ouest, c'est le point d'entrée en Touraine pour les uns ou la route de Paris pour les autres. Quelque part entre Tours et Orléans. Pour un peu, on situerait la contrée dans une sorte de no wine(wo)man land. Pourtant, là, quelques part au sud de Blois, se trouve un des repères historiques et viticoles de notre beau pays. Bien sur, nul n'ignore la trentaine de châteaux qui ornent la vallée de la Loire, ce qui contribua au classement de cette dernière au Patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre de "paysage culturel vivant", mais nombreux sont ceux qui ignorent tout, par contre, de l'influence des monarques, du temps où la cour royale séjournait dans la contrée, tel François Ier, dans l'histoire de nos vignobles et de ce qu'on pourrait qualifier de "paysage cultural vivant".

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En fait, point de "grands crus", point non plus de classement parkerisé pour tous les vignerons et les Vins du Coin, mais un patrimoine vinicole indéniable à défendre et à mettre en valeur, alors même que les instances régionales viennent de flinguer tout espoir d'une promotion originale, par le biais des cépages quasi uniques présents dans la région. En effet, à partir de 2016, les vins blancs tranquilles de l'AOC Touraine ne devront contenir que du sauvignon blanc et/ou gris!... Adieu chenin, menu pineau et romorantin!... Le chemin est libre pour permettre aux plus gros négociants de la région, Sancerre compris, de proposer quelques cuvées déclassées à bas prix, sous le label Vin du Jardin de la France. En rouge, gamay et côt sont privilégiés. C'est donc dans ce paysage que quelques vigneron(ne)s se sont installés et ont fait souche. Argile à silex aidant, certains font feu de tout bois, pour nous proposer des vins de caractère, qui portent cette terre dans leurs vaines.

- Noëlla Morantin -

En quelques années, à peine une petite douzaine (comme le temps passe!), la jolie Pornicaise a oublié ses études et son premier job dans le marketing, pour assouvir sa soif de terre, de vignes, de jolies cuvées. Partie pour faire carrière dans la sphère commerciale, il a suffit d'une rencontre pour que sa vie ne bascule. A l'aube du nouveau millénaire donc, retour sur les bancs de l'école, stages divers chez les Mosse, Pacalet et autre Pesnot, le sort en est jeté. A peine quelques années plus tard, lors d'un Salon des Vins de Loire, Noëlla croise Junko Arai, une femme d'affaire japonaise passionnée de vignes et importatrice de vins dans son pays, qui rêve de Bourgogne, de pinot noir et de chardonnay.

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Cette dernière doit cependant se replier sur la Loire et fait l'acquisition de quelques arpents cédés par le Clos Roche Blanche de Catherine Roussel et Didier Barrouillet, à La Tesnière, sur la commune de Pouillé. Elle cherche quelqu'un pour s'occuper de ses vignes et prendre le relais de Pascal Potaire. Il y a là un peu plus de six hectares sur un joli coteau dominant la vallée du Cher. En face, le coteau de Thésée. Pendant ces quatre premières années, le couple du Clos Roche Blanche, en mode désinflation patrimoniale, propose également à Noëlla de prendre en location, pas moins de huit hectares, dont Les Pichiaux et ce qui compose la cuvée Chez Charles.

En 2011, Junko propose à Noëlla de racheter une partie des vignes de son domaine Les Bois Lucas, dont le démantèlement est plus que probable, sinon avéré. Il est question là de quatre hectares (trois de sauvignon et un de gamay destinéà la cuvée Mon Cher), en bordure de la forêt peuplée de chevreuils gourmands, sur de très belles argiles à silex. Après ces années de patiente remise en état, il était difficile de reculer... Bien sûr, au total, cela fait douze hectares désormais. Beaucoup pour une frêle jeune femme, mais la vigneronne de La Brosse (le lieu-dit où se situent ces vignes) y voyait un passage obligé. Sa volonté n'est cependant pas de garder la surface actuelle et elle met en oeuvre un repli vers des positions qui lui conviendront mieux. Ainsi, au cours de la semaine précédant notre passage, elle vient d'acquérir 2,5 ha au Clos Roche Blanche, des vignes des Pichiaux et de Chez Charles. La voilà donc propriétaire de 6,5 ha dans le secteur, ce qui devrait composer le Morantin Estate dans un assez proche avenir!...

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Un pari sur l'avenir, surtout en ces temps bousculés par un climat perturbé. Même si les ex-vignes de Junko Arai, plantées en 1943, laissent entrevoir de beaux espoirs, vu le superbe terroir sur lequel elles ont pris pieds. La première récolte après la reprise en mains, 2012, est limitée à la portion congrue : 4 hl/ha! Les calamités climatiques (gel, grêle, plus le mildiou quelque peu offensif) se sont succédées et les jus de l'année sont plutôt expérimentaux. Néanmoins, le potentiel des trois tonnes (ou double-barriques) est bien là. La nouvelle cuvée ne porte pas encore de nom, mais il faudra surveiller son apparition. A noter qu'une petite parcelle, actuellement en friche, est d'ores et déjà destinée à la plantation de... romorantin, pour satisfaire la rime entre vigneronne et cépage. Qui n'a un jour rêvé du romorantin de Noëlla Morantin?...

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En 2012, Les Pichiaux et Chez Charles (ci-dessus, à droite) ne feront qu'une cuvée. La deuxième n'a produit que 8 hl/ha du fait du gel. Cette année, ces vignes quadragénaires, sur des sols plus limoneux, ont de nouveau geléà 40%! La première, issue de jeunes sauvignons (deux parcelles plantées en 1991 et 2003), va former la colonne vertébrale de la cuvée unique, du fait notamment que les sauvignons de Chez Charles ont vu leur maturité se bloquer quelque peu, à cause du mildiou. Tous les blancs du millésime sont désormais entreposés dans la cave d'une maison du village, appartenant à une vénérable habitante, surprise de voir défiler, de temps en temps, des populations de visiteurs de diverses origines, parfois lointaines.

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Retour ensuite au domicile de la vigneronne de Pouillé, où se trouve également le cuvier et la seconde cave destinée à l'élevage des rouges, où l'on peut découvrir notamment des côts en cours d'élevage, dont un tiers vient des vignes de Philippe Tessier, à Cheverny et le reste des vignes de soixante-dix ans dont dispose Noëlla. Celle-ci nous convie à un joli casse-croûte ligérien, associant charcuteries diverses et goûteuses, fromages de chèvre succulents (une adresseà ne pas manquer!) et diverses cuvées comme Terre Blanche dans ses deux versions (pétillant et tranquille) made by chardonnay, sans oublier une verticale de Chez Charles composée des quatre millésimes mis en bouteille au domaine à ce jour.

Depuis quelques années, nombre d'amateurs ont cédé aux charmes de la jolie vigneronne du Loir-et-Cher et de ses cuvées franches et toniques. Toutes sont dotées d'un certain caractère, mais une part de fragilité transparaît, un peu comme ces sauvignons plantés dans une zone plus ou moins exposée au gel printanier. Ces séquences climatiques, parfois douloureuses et leurs conséquences, dont les vignerons parlent souvent avec pudeur, comme s'il s'agissait de ne pas déclencher le courroux d'une quelconque divinité ou d'exorciser les peurs, ne peuvent que rappeler aux amateurs les difficultés de cette activité et la nécessité de se mettre parfois à l'écoute, au-delà des jolies cuvées qui nous enchantent parfois. En tout cas, Noëlla Morantin, Tronches de vin des plus souriantes (page 174), illustre bien la dynamique locale, autour notamment de Béatrice et Michel Augé, au Domaine des Maisons Brûlées. Vous serez prévenus, si vous n'y prenez garde, vous allez en brûler pour le Loir-et-Cher!...

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- Thierry Puzelat -

Dans le secteur entre Loire et Beuvron, on a un peu le sentiment qu'on ne connaît que lui!... Il faut dire que son action au quotidien est pleine et généreuse, en faveur d'une alternative au vin conventionnel, qui se porte désormais bien au-delà de nos frontières. L'an prochain, cela fera vingt ans qu'il s'est associé avec son frère Jean-Marie, sur le domaine familial du Tue-Boeuf et aux Montils, pas question de redescendre les barreaux de l'échelle, il y a trop à faire, à découvrir, à révéler au monde des amateurs. Avec Thierry, on a vite le sentiment qu'une vie de vigneron ne suffira pas, mais, après tout, tant pis, il y a tant de combats à livrer pour conquérir les nouveaux territoires et s'attaquer aux citadelles. Et les châteaux, il sait ce que c'est, avec Blois, Chaumont et Cheverny, chaque jour dans son horizon!... Après, il sera bien temps de prendre quelques heures pour réunir des amis (des potes ouverts lors des portes ouvertes au domaine!), histoire de partager cochonnaille et joyeux nectars jusqu'au bout de la nuit à l'Herbe Rouge. Palsambleu! Vous reprendrez bien de ce menu pineau, chevalier!... 

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Les parents de Thierry et Jean-Marie n'ont jamais disposé de plus de sept hectares au cours de leur vie de vignerons. Lorsqu'ils passent le relais à leur fils aîné Jean-Marie en 1989, le Tue-Boeuf n'a pas vocation à s'étendre outre mesure. Cependant, le vigneron plante de nouvelles parcelles en 1990 et 1991. Dès 1994, Thierry le rejoint, mais pour vivre à deux sur le domaine, la location de vignes (en AOC Touraine) devient une évidence, pour atteindre environ treize hectares. En 1996, le passage en bio s'impose, pour être effectif en 1998. Quelques rencontres dans le vignoble et la découverte des cuvées de Marcel Lapierre notamment, pousseront les deux frères vers des vinifications "naturelles".

En 1999, Thierry constate souvent aux alentours, que le fruit de belles parcelles de la région finit dans les cuvées aseptisées du négoce local. Il décide de se lancer dans une activité complémentaire de négociant, qui lui permettra d'acheter des raisins et de les vinifier pour tenter de mettre en valeur quelques beaux terroirs. Dix ans plus tard, en 2009, il s'associe, pour cette même activité avec Pierre-Olivier Bonhomme. Le dynamisme des deux hommes est certain, puisqu'ils vinifient aujourd'hui une quinzaine d'hectares, dont certains proviennent du domaine et multiplient les achats de vendanges sur pieds.

Lorsque nous arrivons au domaine, la pluie fait des claquettes sur les trottoirs des Montils. En cette fin d'après-midi, c'est un peu l'effervescence, puisque le cuvier doit recevoir le lendemain, vignerons amis et visiteurs, à l'occasion des portes ouvertes. A défaut de faire un tour dans les vignes, nous passons vite à un tour des vins. Il faut dire que la gamme est large et diverse. De plus, les efforts pour mettre en valeur "l'identité terroir" soulignent fortement à quel point ces vins méritent d'être considérés pour leurs qualités intrinsèques et surtout pas, comme naguère, pour de modestes "blancs de comptoir", qu'ils ne sont plus du fait de la lente et inexorable disparition de nombre de zincs de nos villes et villages.

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En appréciant le seul sauvignon de cuve du domaine, Le P'tit Blanc 2011, issu de jeunes vignes de onze et quinze ans, Thierry Puzelat nous explique que le Tue-Boeuf compte trois terroirs assez distincts : un coteau qui regarde le sud et domine le Beuvron, avec des argiles à silex sur de la craie à 1 m ou 1,5 m de profondeur, plus le plateau viticole au-dessus, aux argiles plus profondes et celui situé en face de la rivière (dont une partie ressemble au Tue-Boeuf), comprenant également 2,5 ha de graviers de quartz rose et blanc, des terres donc plus filtrantes et plus faciles à travailler. En surface, blancs et rouges sont à peu près àégalité, mais la proportion de vieilles vignes est plus importante pour les blancs. De fait, les volumes en rouge sont donc un peu plus conséquents.

A suivre, Frileuse 2001, un Cheverny blanc composé d'un tiers de sauvignon blanc, un tiers de sauvignon rose (ou fié gris), âgés de vingt ans environ et un tiers de chardonnay, issu de parcelles de trente et quarante-huit ans. Frileuse, la bien nommée, est située sur un point haut, entre Loire et Beuvron. Elle a malheureusement souffert du gel de début mai dernier à 80%! D'autant plus dommage, puisque cette cuvée garde toujours une belle tension, même quand les maturités atteignent des niveaux élevés, certaines années. Trois parcelles plantées en 1937, 1950 et 1961 la composent.

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Autres très belles cuvées, le Buisson Pouilleux, issu de vieilles vignes de sauvignon, ou encore Brin de chèvre, bel exemple de menu pineau. Selon Thierry, ce cépage est sans doute l'adaptation continentale du chenin (appelé gros pineau dans la région), sachant que l'influence océanique s'arrête à Amboise, distante de vingt-cinq kilomètres environ. En plus des récentes décisions syndicales, on peut voir là une perte d'identité de la région, qu'ils ne sont que quelques-uns à combattre. Au domaine, même si la défense et la mise en valeur des cépages historiques est une réalité, le souhait reste néanmoins de faire plutôt le vin d'un endroit, même et à plus forte raison, lorsqu'il s'agit d'une parcelle de romorantin plantée en 1905.

Transition passionnante avant de passer aux rouges, les vins blancs issus de longues macérations, tel le Pinot Gris 2006, un millésime où il ne fut pas possible de produire de blancs rigoureusement secs! A suivre également, la version 2010 du PG (un rosé!), assez loin de la norme, mais qui ne laisse pas indifférent, avec notamment leur habillage très 1920. Du côté des rouges, joli pinot noir (La Gravotte), planté dans la partie calcaire du Tue-Boeuf, mais aussi l'assemblage de deux tiers de côt et d'un tiers de gamay, La Guerrerie, dynamique et tendu, sans oublier La Butte, catégorie pur gamay.

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Pour finir, à peine quelques centaines de mètres à parcourir pour atteindre le lieu de stockage du négoce Puzelat-Bonhomme associés, où nous attend Pierre-Olivier pour nous permettre de découvrir au passage quelques vins géorgiens. Des vins qui illustrent bien la passion de ces deux vignerons, avant tout, soucieux d'introduire sur le marché français quelques vins étonnants venant en droite ligne de la Vallée du Maule au Chili, de Catalogne, de Sicile, de Toscane et du Trentin. Autant d'exemples qui nous laissent croire à l'universalité du vin et à la soif de découvertes, qui doit pousser à l'avenir de plus en plus d'amateurs sur des chemins rappelant que la création de vins est non seulement universelle, mais inscrite dans les gènes de nombreuses populations mondiales, sans que nous ayons de leçons à leur donner. On peut ainsi dire que Thierry Puzelat est désormais un des acteurs majeurs de ce "Mondovino" sincère et loyal, à mille lieues de celui qui voudrait uniformiser notre goût et notre pensée. N'en doutons pas, avec lui, en route vers d'autres résurgences goûteuses!...

- Étienne (et Claude) Courtois -

A Soings-en-Sologne, chez les Courtois, ne pourrait-on pas dire que le Paradis est pavé de bonnes intentions?... Lorsqu'on demande àÉtienne Courtois pourquoi le domaine porte ce nom "Les cailloux Le Paradis", il avoue que pour les premiers, il suffit de travailler les sols pour comprendre, mais que pour ce qui est du second, le travail imposé au quotidien, celui qui a permis d'élever la réputation de la ferme et de ses vins au sommet, n'a rien de celui d'un éden paradisiaque, comme on dit parfois sur les brochures touristiques, dont les auteurs ne craignent pas d'employer des redondances pléonastiques.

Étienne n'a guère plus de vingt-cinq ans, mais il n'a pas ménagé ses efforts pour participer à la vie de l'ensemble. Il faut dire qu'ici, on entretient les bois comme les vignes, on taille les arbres fruitiers comme les multiples cépages présents sur les parcelles (leur nombre exact ne nous sera pas communiqué!), on soigne les animaux de la basse cour, comme ceux qui nous tiennent compagnie. En cette journée pluvieuse, il reçoit notre petit groupe en dépit d'un problème de santé, façon récidive, qui ne le met pas en danger,  mais qui le handicape douloureusement. Point de tour dans les vignes donc, mais il faut dire que leur abord actuel n'est pas des plus simples, vu les quantités de pluie (60 mm en une seule journée, voilà peu!) que la Sologne ingère au cours de ce printemps.

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C'est en 1991 que la famille Courtois quitte le Var pour le vignoble solognot, mais pas comme les Vuitton, Bouygues, Lagardère et autre Abramovitch qui tous se sont portés acquéreurs de centaines d'hectares de chasses dans la région, pour combattre l'ennui des week-ends (il n'est pas rare, dit-on, d'être survolé par quelque aéronef, venant en droite ligne d'une quelconque grande capitale!). Pour Claude Courtois, lui, le Bourguignon de l'Yonne, c'est plutôt le mistral glacial de l'hiver ou la chaleur estivale, voire les incendies de forêt du Sud-Est varois qui motivèrent cet exode familial, avec armes, bagages et jeunes enfants (cinq aujourd'hui dans la fratrie). Pratiquement la seule condition fut que la propriété soit d'un seul tenant et homogène du point de vue du milieu naturel, de l'écosystème, selon un terme plus actuel. Bien sur, tout était à faire. Les vignes étaient restées sept ans à l'abandon et un quart de siècle de traitements chimiques avait fait le reste. Le résultat des premières analyses de sol, à l'époque, était on ne peut plus clair : phase de désertification avancée!...

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Au cours de toutes ces années, Claude Courtois a mené plus d'un combat : "En quelque trente cinq années comme vigneron, dix-huit ans de procès!" Souvent, la passion l'a guidé, celle de l'histoire et sans doute aussi celle de l'ampélographie. Et, fatalement, quand les deux se rejoignent, cela ne pouvait que donner des idées au vigneron. De plus, le fait que les instances écartent l'idée de la reconnaissance d'une AOC Sologne pour le vin, comme cela est le cas pour les fruits ou certains légumes, lui a toujours paru relever d'une injustice à la limite du supportable. Et comme il le dit fortement en revendiquant celle-ci...

Mais, au-delà de ces conflits, il ne pouvait que transmettre à ses enfants, du moins les deux qui se tournèrent vers la vigne et le vin, un niveau d'exigence que l'on retrouve dans les propos d'Etienne. "Toute intervention à la vigne et à la cave influe sur le résultat final. Une grande précision est donc exigée. Chaque décision, ne serait-ce que d'écimer la vigne ou procéder à un soutirage, se retrouve dans le vin fini". Et cela est à rapprocher d'une constante incontournable appliquée par le clan : "Tous les vins font entre 12 et 13,5°, mais ce qu'il faut obtenir, le point sur lequel il convient d'insister, c'est la fin de bouche qui doit être très droite, verticale."

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Avec Claude Courtois (venu nous rejoindre à l'appel de quelques huîtres normando-vendéennes!), la conversation, tout en restant... courtoise, peut être animée! Et s'il vous vient l'idée de lui permettre de déguster un vin présentant quelques... imprécisions, vous vous exposez à certains retours tonitruants. "En fait, je demande à mes enfants de ne pas goûter ces vins ratés ou approximatifs! Ils doivent éviter de se gâter le palais avec des volatiles exubérantes, qui ne peuvent que détourner leur jugement." Quelques minutes plus tard, il ajoutera : "Pour tout dire, je ne sors plus guère, parce que je suis confrontéà des avis qui me révoltent! Certaines cuvées ont fait de l'ombre aux vins naturels. Et comme je ne suis pas vraiment un poids coq et que j'ai du sang irlandais dans les veines..." Claude Courtois, un peu comme John Wayne, dans l'Homme tranquille?... Découvrant Tronches de vin avant notre départ, il a la satisfaction d'y retrouver quelques vignerons qu'il apprécie, comme Alain Castex ou Pierre Beauger, par exemple. Parmi ses confrères, il souligne volontiers le travail de certains, attentifs à la mise en valeur des cépages et terroirs.

Etienne nous permet de faire un tour d'horizon des cuvées disponibles et d'autres qui le sont un peu moins. Il faut dire qu'il y a de quoi faire, lors de la séance de dégustation, accompagnée comme il se doit de quelques produits locaux. Si la ferme compte huit hectares, c'est pas moins de quinze cuvées qui sont proposées ou en cours d'élevage. Avec Julien Courtois et ses quatre hectares du Clos de la Bruyère, non loin de là, ce sont près de vingt-cinq cuvées qui démontrent tout le potentiel de ce terroir solognot. Tous les élevages se situent en principe entre dix-huit et trente, voire soixante mois pour le menu pineau (Évidence 2007), désormais disponible. A noter que pour Évidence 2008, vendangée le 20 novembre à 14,5°, Etienne s'est lancé dans une aventure (relative et très surveillée) au long cours, puisqu'il est prévu un élevage en barriques pendant dix ans! Rendez-vous donc en 2018!...

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En débutant par Quartz 2011, 100% sauvignon élevé dix-huit mois, son pointu et sa finale minérale, cela permet, selon l'expression d'Etienne "de remettre le facteur sur le vélo!" Puis vient Plume d'Ange 2011, au cursus identique et à la très belle ampleur. Les blancs sont donc complétés par Évidence 2007, issu de menu pineau, faut-il le rappeler, ce cousin du savagnin, que François Ier ramena du nord de Venise pour notre plus grand plaisir et le Romorantin 2010 et ses trente mois d'élevage, en tout point remarquable!...

Les rouges sont aussi en grande forme, avec, pour commencer, la Cuvée des Étourneaux 2010, 100% gamay (dont 30% de gamay de Chaudenay), dont la dynamique nous porte jusqu'à L'Icaunais 2010, une nouveauté proposée par Etienne Courtois. Une rareté en fait, puisque composée du cépage gascon (75 ares au domaine, sur les quatre ou cinq hectares qui subsistent dans le monde, dit-on!) et élevée trente mois également en barriques. Hommage au père indiscutablement, lui l'Icaunais, natif de l'Yonne. Un rouge assez peu soutenu, une bouche aérienne qui va pouvoir se mettre en place dans les prochains mois, la mise datant d'à peine trente jours. Enfin, Racines 2010, le "blended maison", dont la fiche technique reste évasive quant à sa composition... Pas moins de cinq ou six cépages (officiellement) et beaucoup de caractère, une véritable présence.

La visite s'étire. Pensez donc, Mistelle est sur la table!... Le "rouge de dessert", qui doit aussi bigrement s'entendre avec quelques recettes où les fromages à pâtes persillées sont présents. Vu l'heure assez tardive, nous optons pour une pâtisserie de Contres, conseillée par Etienne. Les options chocolatées sont nombreuses et la météo semble s'améliorer. Sur l'autoroute du retour, une des premières aires va nous permettre de goûter encore au plaisir intense d'une cuvée hors normes.

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Il n'est pas interdit de penser que certains d'entre nous apprécieront au passage les bienfaits d'une telle transmission paternelle, comme elle se concrétise désormais, depuis que Claude Courtois a décidé de prendre du recul et de céder la barre à son fils Etienne. C'est lors de telles rencontres que l'on prend conscience de toute la dimension patrimoniale d'un savoir-faire et d'un savoir-être. Celles dont on revient forcément plus riche. Pas de doute, tout cela nous est Loir et Cher!...

Cet été, mettez Tronches de vin dans vot' moteur!...

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L'été arrive!... A l'heure où nos co-éditrices préférées, Marie Rocher d'une part et Sabine Bucquet-Grenet, des Éditions de l'Epure, d'autre part, sont en pleine analyse et en plein brainstorming quant à l'éventualité de l'apparition d'un Tronches de vinagain, nous avons tous plus au moins des projets de vacances en tête. Cap au sud! Fuyons la grisaille!... A nous la lavande, le romarin, les cigales et... la vigne!...

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Après que votre Guide des vins qu'ont d'la gueule soit resté sur votre table de chevet depuis quelques semaines ou quelques mois, vous permettant de vous endormir paisiblement, après la lecture d'un ou deux portraits de Tronches, mieux que votre somnifère habituel, il vous est impossible d'imaginer partir sans lui!... Mais, rassurez-vous, il a été spécialement étudié pour se glisser dans le vide-poche de votre van ou dans la boîte à gants de votre décapotable. Magique, non?... Et pour tous ceux prêts à s'envoler sous d'autres cieux, pas de problème, tout est prévu!...

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Depuis quelques mois, blogs et réseaux sociaux vous relatent les aventures de ce p'tit guide qui joue des épaules (façon trois-quart aile junior bleu au milieu d'un pack de l'hémisphère sud!) pour se glisser sur les étagères et dans les caves des amateurs. Et chez les cavistes qui savent sauvegarder la part amateur qui est en eux. Du côté des cinq co-auteurs, nous ne pouvions que goûter notre plaisir, à la lecture de la plupart des articles parus à tous les niveaux de la presse, qu'elle soit nationale, régionale, strictement locale, tant écrite que radiodiffusée. Quelque chose pour nous dire que choisir les chemins de traverse, ou ramer quelque peu à contre courant, garde tout son sens, même à une époque où les titres des articles sont souvent plus importants que leur contenu.

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Vous pouvez donc glisser dans votre sac à dos ou dans votre valise, ce concentré de jus de raisin fermenté contenant très peu d'intrants (le plus souvent!) et de paysages viticoles vivants, sorte de mémoire de quelques bons moments passés en la compagnie de vigneron(ne)s qui ont quelque chose à dire. Ceux-là même que vous pouvez raisonnablement envisager de rencontrer pendant votre périple estival, pour peu que vous les préveniez un peu à l'avance. Et comme il ne manque rien à TdV, il vous sera aussi possible de faire quelques étapes gourmandes et même de dégotter les cavistes qui comptent.

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Au retour, n'hésitez pas à nous en parler, avant que nous ne nous remettions au travail!... Bel étéà toutes et tous. Prenez soin de vous!...

Vinexpo 2013 & Cie

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Du 16 au 20 juin derniers, Bordeaux s'est mise aux couleurs de Vinexpo!... Enfin, une partie de Bordeaux et de ses alentours. Comme tous les deux ans. Il y a ceux qui viennent en jet de l'autre côté de la planète, pendant que d'autres viennent en camping car, habitués à camper non loin du salon tendu de moquette rouge.

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Si la célèbre biennale brille de mille feux pour séduire les professionnels du monde entier, notamment par sa chaleur caniculaire le plus souvent - ce ne fut pas le cas cette année puisque, à part le dimanche fidèle à la légende, la semaine fut quelque peu humide... - elle n'est pas l'objectif majeur de bien des amateurs et pour cause, puisque son accès est relativement vérouillé. Une fois les verrous sautés cependant, les allées de Bordeaux-Lac restent quand même source de découvertes, que l'on peut parfois même confirmer chaque année impaire, pour peu que l'on décide d'y consacrer une trop courte journée. Si l'on n'est pas désorienté, voire déboussolé par les dimensions de l'expo et si l'on n'a pas peur de marcher du hall 2 au hall 3 en franchissant le kilomètre de hall 1, les visiteurs de passage peuvent se livrer à leur sport favori : la découverte du monde de la vigne et des vins, sans arrière-pensées, toutes papilles ouvertes. Mais, nous y reviendrons.

016Pour beaucoup donc, la petite semaine bordelaise obéit à une chronologie influencée par les "offs" qui fleurissent dans la région tous les deux ans (un rythme que d'autres rendez-vous annuels pourraient peut-être adopter d'ailleurs, au cas où d'autres formules voisines verraient le jour...), avec un petit inconvénient non négligeable, les distances à parcourir dans et au-delà de la métropole aquitaine, afin de rejoindre les uns et les autres. Si bien que certains décident de quelques impasses : rendez-vous rive droite pour les uns, rive gauche pour d'autres.

Avant même l'ouverture des festivités, le Château La Tour Blanche, au coeur de Sauternes, propose de mettre nos papilles dans l'ambiance ou à l'épreuve, c'est selon. Au programme du samedi après-midi, la dégustation des Vins Liquoreux du monde, 7èédition cette année. Le château léguéà l'Etat en 1909, par son propriétaire de l'époque, Daniel "Osiris" Iffla (sic!) compte également en son sein une Ecole de Viticulture et d'Oenologie. C'est ce statut, l'obligeant à assumer une part de missions pédagogiques, qui a incité ses dirigeants à s'ouvrir sur le monde par le biais de cette sympathique rencontre internationale, puisque si la France est largement présente, pas moins de dix autres pays sont représentés. Près de trente vignerons prêts à nous "ensuquer", avec des doses de sucres résiduels à faire palir les tenants du "zéro sucre". Pour ce qui est du "zéro soufre"...

017Dans cette dégustation, sise au sein même de la cuverie inox (bien équipée!) de l'Ecole, la tentation est grande de (re)découvrir quelques stars internationales. Tiens, Yquem est absent et remplacé par Suduiraut!... L'occasion est belle, cependant, de revoir quelques-unes de ces cuvées, qui naguère, nous époustoufflèrent. Et de consater que pour certaines, les superlatifs employés voilà quelques années ne sont plus de la même teneur désormais... Evolution des goûts?... Sens critique plus développé?... Serions-nous quelque peu blasés?...

Au chapître des belles cuvées, bien appréciées cette après-midi de la mi-juin, le trio proposé par Philippe et Catherine Delesvaux, ou celui des Humbrecht Père et Fils, mais surtout ce jour-là, les nectars du Château Tirecul la Gravière, très en forme. Au rayon hors frontières, les Grains Nobles valaisans tendent à démontrer la part d'une certaine technologie maîtrisée, alors que Klein Constancia, Kracher ou Inniskillin luttent pour le maillot jaune d'or des liquoreux, catégorie... hors catégories!... A laquelle, on pourrait aussi joindre Ben Rye, de Donnafugata, voire le Tokaji de Disznoko. A moins qu'ils ne soient tous en lisse pour le classement des meilleurs escaladeurs dans l'échelle des sucres!... Il faut cependant noter le charme des Malaga 100% moscatel de Telmo Rodriguez, pleins d'une jolie fraîcheur et le surprenant "Sauternes" californien de Luc Morlet, un Français installé sur le Côte Ouest, non loin de la Napa Valley, en tant qu'agent d'une célèbre tonnellerie et qui a trouvé quelques arpents de sémillon, sauvignon et muscadelle, histoire de proposer Billet Doux 2009, en droite ligne de l'Alexander Valley.

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Après cette soirée gourmande, dimanche est un autre jour. La perspective de cette déambulation dominicale dans Vinexpo en solitaire n'est pas vraiment pour me combler, si ce n'était quelques rencontres inattendues, quasiment inévitables, au coin de l'une ou l'autre des allées façon couloir de stade olympique. Mais, j'ai la chance pour l'occasion, d'être accompagné de Solène, Bordelaise depuis très peu, que l'on savait passionnée des affaires muscadétines, mais qui ne cache pas sa soif de découvertes extra-bordelaises. Dont acte, après avoir constaté la présence d'une saine lecture au stand de la Librairie Mollat - Tronches de vin soi-même! - nous nous glissons dans la peau des arpenteurs de salon du dimanche.

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Premier rendez-vous du côté du pavillon autrichien, qui cache toujours quelques pépites. Avec Schloss Gobelsburg et Bründlmeyer, il y a de quoi faire en la matière, des grüner veltliner du premier cité, dont il faut apprécier la "prise de terroir", au riesling trockenbeerenauslese ou encore au Brut rosé, au Brut 2008 et à l'Exta Brut du second, aussi remarquables l'un que l'autre. A noter la toute aussi remarquable documentation disponible concernant la Klassifikation 2012 des 1öwt Erste Lagen (les Premiers Crus) des régions de Kemptal, Kremstal, Traisental et Wagram, autant de secteurs qui encadrent cette partie de la vallée du Danube, que l'on se prend à rêver de découvrir au cours de belles journées d'été. Tous à vos vans!...

Après un stop manqué du côté de la Sicile, un casse-croûte réparateur, l'absorption d'eau fraîche et même d'une glace vanille-fraise, chaleur oblige, nous décidons de prendre d'assaut les fuseaux horaires, passant ainsi de la Toscane de Selvapiana, découverte possible grâce aux conseils avisés de Fanny Breuil et dont la qualité des Chianti Rufina et autre Vin Santo se confirme à chaque fois, aux cuvées de la Famille Irurtia, qui n'est pas basque comme on pourrait le croire, mais uruguayienne et située au kilomètre 0 du Rio de la Plata. C'est pourtant bien un Basque qui créa la bodega en 1913, Don Lorenzo Irurtia, dont la descendante présente ici, nous faire part des affres de la circulation aérienne planétaire du XXIè siècle. Elle ne peut en effet nous présenter ses cuvées (modern style) sans nous proposer la moindre documentation, vu que ses bagages ne devraient atteindre Bordeaux qu'au sur-lendemain de son arrivée!...

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Du vin donc, mais aussi des personnages croisés çà et là, tel ce vigneron du Péloponèse évoquant le domaine Ktimas Tselepos et parlant surtout de quelques cépages grecs chantant la tradition du berceau de la civilisation méditerranéenne : moschofilero, agiorgitiko... La part du rêve de séjours plus ou moins exotiques aussi parfois, comme le proposent les multiples cuvées de Donnafugata, célèbre domaine sicilien dont les étiquettes sont, à elles seules, une invitation au voyage, ou comme la carte des régions viticoles sud-africaines, appréciée en dégustant, en fin de journée, une belle série de chardonnay de chez De Wetshof.

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"Les Vendéens sont point si fous, partiront point sans boire un coup!" Célèbre contine des longues soirées festives dans nos contrées!... Autant que ce soit avec un vin de Vendée et cela tombe bien, puisque nous croisons sur le chemin de la sortie, Christian Chabirand, de Prieuré la Chaume, à Vix, qui partage un stand avec d'autres vignerons ligériens. Ce dernier propose notamment une nouvelle cuvée issue d'une vendange très riche de merlot, Rigoletto 2010, dont le potentiel est certain, après ses trente mois d'élevage en cuve. Pour un peu, on capterait une once de nostalgie chez Solène, découvrant que ses années nantaises n'ont pas suffi, pour découvrir tout le potentiel vineux vendéen!... Ce n'est pas grave Solène, on pourra de nouveau procéder à quelques échanges, puisque le derby de l'Atlantique, Nantes-Bordeaux, est de nouveau inscrit au calendrier footballistique. Il nous faut bien quelques réserves, afin de confectionner les sauces bordelaises de nos recettes hivernales de boeuf braisé!...

013Ma seconde journée à Bordeaux est pour le moins à géométrie variable!... Renaissance des Appellations, les Anonymousses et cocktail dinatoire au Domaine de Chevalier!... Du bermuda de la Coloniale à tenue correcte exigée, en passant par la marinière, choix vestimentaire de l'été, voyons!... Message personnel destinéà Sabine Bucquet-Grenet pour commencer : "On a retrouvé la Vendée. Je répète : on a retrouvé la Vendée!..."

Cette année, Renaissance se déroule quai des Queyries, dans les locaux réhabilités de l'ex-caserne Niel. Le casque colonial est presque de rigueur, si l'on s'en tient au nombre de militaires passés par là naguère, en partance pour des destinations lointaines, au temps, béni ou pas, des Colonies. Renaissance, au moment de Vinexpo, c'est une sacrée grosse machine, dont il est difficile de faire le tour, mais qui permet quelques découvertes, vu que certains vignerons de l'association ne viennent qu'à cette occasion ou presque. Après avoir constaté qu'il est quasiment inutile de s'approcher du stand du domaine bourguignon Leroy, pris d'assaut comme à chaque fois, mieux vaut apprécier une mise en bouche auprès de Stéphane Tissot, qui reçoit d'ailleurs la visite simultanée de Bernard Antony, célèbre grand maître fromager affineur alsacien, qu'il sera possible de croiser également en fin de journée. Salut amical également à Nuria et Diego, du Mas Estela, ou encore à Frédéric Niger, Théo Milan, Sylvain Potin, sous la bannière du Domaine Leflaive pour l'occasion, mais aussi du Clau de Nell, Thierry Michon, aux Delesvaux et quelques autres!... Que du beau monde!...

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Du côté de l'Italie, Stefano Bellotti et les Foradori ne sont plus seuls!... Les Transalpins n'étaient pas moins de quatorze et, chaque fois plus nombreux, ils nous permettent de prendre la mesure de la grandeur et de la variété du vignoble italien, si c'est encore nécessaire. Au chapître bonne surprise, l'Azienda Agricola Le Sincette, sise du côté ouest du Lac de Garde, qui dispose de quelques cuvées issues de cépages internationaux, mais aussi de vins sincères et droits issus de groppello, marzemino et autre erbamat!... Foncez!... Dans un même élan, vous pouvez également partir pour le Burgenland autrichien. En effet, ma visite se prolongeant, je croise Alain Déjean, du Château Rousset-Peyraguey, à Sauternes, qui s'est lui aussi rangé du côté des visiteurs. Celui-ci me conseille de découvrir Meinklang, un domaine en biodynamie, que dis-je, une entité austro-hongroise à la gloire du label Demeter, où chaque membre de la famille applique la méthode à diverses cultures : vignes (sur 55 ha!), fruits, céréales, bovins, herbes et fleurs. La boucle est bouclée!... Ce qui ne gâte rien à l'affaire, c'est le niveau des vins proposés par Werner Michlits. Il y a là toute la gamme des cépages du pays et quelques autres, mais la plupart sont dotés d'une pureté et d'une profondeur d'expression pour le moins remarquable. Il y a parfois quelque chose de confondant à faire le constat d'une démarche aussi pleine, entière et résolument ancrée dans la terre dont on dispose, au fil des générations.

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Second acte du lundi, les Anonymousses. Association à caractère durable, elle dispose pour l'occasion du I.Boat, amarré dans un bassin à flots du port, où se déroulent régulièrement quelques soirées musicales à succès dit-on, du jazz au métal hurlant. Un bateau réhabilité là encore, mais que les Vendéens pourront aisément reconnaître, puisqu'il s'agit là de La Vendée, qui assurait naguère la liaison entre le continent et l'Ile d'Yeu, par tous les temps ou presque!... Certains ont pu en garder un souvenir impérissable, notamment lorsqu'une forte mer imposait aux passagers pas moins d'une heure un quart de traversée!... Allons, la mer est belle-l-euh!...

016Un micro-salon, mais une ambiance fort sympathique, où quelques talents bien connus des amateurs proposaient leurs nectars : Les Trois Petiotes, Planquette, catégorie régionaux de l'étape, mais aussi Francis Boulard, Gilles Ballorin, Aline Hock, Ivo Ferreira, Anne Paillet, Mathias Marquet, Alban Michel, Damien Delecheneau et quelques autres du même calibre.

019S'il fallait en citer deux pour l'occasion, pourquoi pas Le Petit Domaine, de Julie Brosselin et Aurélien Petit, à Montpeyroux, avec un joli trio sur la table, mais aussi le "micro-Sauternes" de Vincent Quirac et son Clos 19 bis, un demi-hectare destiné au liquoreux (mais pas trop!) et un hectare en appellation Graves et Graves Supérieures. C'est nature, dynamique et à découvrir in situ avant longtemps!...

Bigre! Comme le temps passe. Les sirènes pessac-léognanaises retentissent. Il me faut quitter Bordeaux au moment où la météo semble donner quelques signes de faiblesse et de changement. Ce serait dommage pour le cocktail dînatoire de Chevalier!... Quelques centaines de personnes dans le sous-bois et sous la pluie?... Ca promet une certaine ambiance!... Heureusement, Olivier Bernard et son épouse ont tout prévu et les installations du domaine permettent de s'adapter. Tant pis pour les goûteuses préparations à la plancha, qu'il est impossible de proposer dans le chai!... A l'occasion de Vinexpo 2013, c'est le 13è Tour de France des Appellations qui est prévu là. Une tradition proposée par le maître des lieux, par ailleurs Président de l'Union des Grands Crus depuis décembre 2012, réunissant quelques maisons et vignerons amis, lors d'une soirée permettant aussi d'inviter moult professionnels planétaires de passage, ainsi que quelques journalistes et autres prescripteurs potentiels ou confirmés.

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J'avais pris le temps, pour l'occasion, de repasser ma chemisette en lin mais, avant lontemps, c'est d'un ciré et de bottes dont les convives vont avoir besoin!... Le déluge s'abat sur Léognan, ça va être chaud!... Quelques magnums de Miraval rosé séjournent dans des seaux à glace dignes de la coupe remportée par Marion Bartoli, lors du dernier tournoi de Wimbledon. Ils voisinent avec des cuvées de Zind-Humbrecht ou d'Egon Müller. C'est ce dernier l'invité d'honneur du jour. Il y en a toujours un, surpassant parfois moult cuvées dégustées là. Un instant, je me suis dis qu'Angelina (avec ou sans Brad) allait surgir de son hélicoptère posé sur la pelouse face au chai...

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C'est l'heure de passer à table. J'ai toujours quelques scrupules à jouer les pique-assiettes jusqu'au bout. Mon statut de familier du chef de culture ne m'incite pas forcément à me glisser à table avec les invités. D'aucuns se précipitent déjà pour remplir leur verre de quelque cuvée d'Olivier Leflaive ou de Pol Roger. "Vous n'avez pas un p'tit Montbenault, là?..." Le chai est quasiment déserté, tout le monde passant à table. Je reste avec Rémi Edange et deux Suisses pour apprécier comme il se doit les huîtres du Bassin d'Arcachon tout à fait succulentes et venant en droite ligne des Parcs de l'Impératrice. Je devine les regards suspicieux de mes voisins, lorsque je verse dans les coquilles de ces excellents mollusques, un soupçon de Kabinett 2011 Scharzhofberger ou de Riesling Clos Windsbuhl... "Vous devriez essayer", dis-je. "Dommage qu'il n'y ait pas un bon Vin Jaune!..." Bizarre!... Je me retrouve rapidement seul...

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Je file donc jusqu'au buffet de fromage, histoire de retrouver Bernard Antony, croisé le matin même à la Caserne Niel. J'y retrouve Michel Bettane, qui visiblement a également décidé de squeezer le dîner. Ses raisons ne sont sans doute pas les mêmes que les miennes, c'est un bon copain du couple Bernard. Nous composons nos assiettes quasiment de concert. Pour un peu, on parlerait fromage plus longuement... J'ai presque envie de lui parler aussi de Tronches de vin et de l'ami Olif, mais j'ai peur qu'il ne se mette à fuir en hurlant, comme s'il avait vu soudain le fantôme de quelque vigneron nature italien l'obligeant à ingurgiter un pecorino sicilien largement trop poivré, en guise de châtiment suprême. Et, de plus, avec le temps qu'il fait dehors... J'avale un joli et délicieux dessert genre fraises et glace et décide de prendre congé, avant que ma puissante berline allemande ne reste embourbée sur l'un des espaces verts servant de parking pour l'occasion. Plutôt bien élevé, je remercie Madame Bernard en lui offrant un exemplaire de Tronches de vin, lui suggérant que ce pourrait être une sympathique lecture pour l'été, entre Inferno, de Dan Brown et certaines parutions à caractère cullinaire des Editions de l'Epure. Pour la dédicace, on verra plus tard... I am a poor lonesome cowboy qui chevauche dans la nuit épaisse... Demain est un autre jour...

032Pour ma dernière journée avant de mettre cap au sud, j'ai prévu un programme plus light, d'autant que je suis accompagné de Madame PhR et de notre fidèle Horta. Au niveau de la météo, cela s'est résolument gâté. Pour tout dire, il tombe des cordes!... La chartreuse du Château de Cujac et ses dépendances, où se déroule Haut les vins! sont certes coquets et agréables, mais tout devient compliqué dans ces circonstances. Ce salon est un très beau rendez-vous, avec pas moins d'une cinquantaine de vignerons venant de toute la France, mais aussi d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie, du Portugal et de Serbie. Parmi les rencontres et les saluts amicaux à Giulio Armani, Patrick Baudouin et autre Benoît Tarlant, Marc Pesnot, Hélène Thibon ou Marc Ollivier, notons Michel Théron, du Clos du Jaugueyron, à Arsac, voisin de Christophe Landry, à qui nous ne manquerons pas de rendre visite dans les prochains mois, ou encore Thomas Teibert, du Domaine de l'Horizon, à Calce. Enfin, jolie rencontre également avec Antoine Guccione, de Valdibella, une entité sicilienne à caractère coopératif. Une "compagnie" de Camporeale, non loin de Palerme, qui cultive la biodiversité locale et propose de jolies cuvées, tout en luttant contre le pizzo, le racket imposé par la mafia locale, dans le cadre d'Addiopizzo, un mouvement de protestation créé en 2004 par des jeunes de Palerme, auquel la coopérative fut parmi les premiers à adhérer. Un logo distinctif apparait d'ailleurs sur les étiquettes, comme c'est le cas pour de plus en plus de produits, dans les épiceries siciliennes.

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Ultime rendez-vous au Château Baulos-Charmes, à Cadaujac, avec le groupe des Jeunes Vignerons Européens, les "Tomorrow's Great Winemakers", comme le précise le propectus impirmé en anglais. Une quinzaine de domaines, dont deux à trois représentants espagnols et portugais. On y retrouve d'autres Tronches de vin, comme Valérie Godelu, Elodie Aubert et Raphaël Gonzalès (auxquels nous donnons rendez-vous prochainement, puisque nos vacances nous amènent à cinq kilomètres du Clos des Cimes!), mais aussi le Ligérien Thomas Boutin, le Bourguigon Ludovic Bonnardot ou encore Laurence Alias, de la Closerie des Moussis, autre voisine de Christophe Landry, non loin de Margaux, dont nous devrions découvrir le domaine prochainement, sans oublier le Vendéen Jean-Marc Tard.

Parmi les visiteurs, Monsieur Ito, passionné japonais, aperçu également à Cujac, qui me lance : "Mais, vous êtes vraiment partout!" On notera au passage le soin apporté par ce dernier aux découvertes qu'il peut faire pour son importante société d'importation au Japon. Présent en cette toute fin de journée et, semble-t-il intéressé par quelques cuvées, il ne manquera pas d'être à la porte du chai dès la première heure le lendemain matin, afin de tester les vins à l'ouverture des bouteilles. Une attitude qu'on ne peut que louer!...

A la même heure, nous prenions la route du Sud-Est, pour un tour d'horizon plus ciblé de la Drôme provençale, du Vaucluse et du sud de l'Ardèche. Mais, ceci est une autre histoire... 

Domaine Jean David, à Séguret (84)

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Bleu le ciel de Provence!... Blancs les goélands!... Dès le début de notre séjour en Drôme provençale et Vaucluse, il convenait de prévoir un couvre-chef, afin de se protéger des effets du soleil. Je vous rassure donc, pas d'oiseaux blancs entre l'Ouvèze et les Dentelles de Montmirail, mais pour ce qui est du ciel limpide et clair, limite métallique, pas de problème!...

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Jean David est sur nos tablettes depuis longtemps (et sur celles de bien des amateurs), surtout depuis ce jour où nous avions croisé ce jovial vigneron du côté d'Angers et de Renaissance des Appellations. Avec son bonnet à pompon souvent rouge sur la tête à longueur de jour, dès que la température extérieure ou le mistral rhodanien le réclament, on ne sait s'il calque son image sur ses étiquettes ou si ces dernières ne sont pas une représentation de son profil au quotidien.

022Dans le numéro 105 de la revue Le Rouge et le Blanc, à l'été 2012, nous pouvions découvrir la mutation en cours, tant à Séguret qu'à Sablet, deux villages remarquables, lorsqu'on traverse le Plan de Dieu. En Rhône sud, il y a Cairanne et Rasteau, propulsées par les médias et quelques leaders vignerons, mais pas seulement. Encore convient-il de rester prudent en parlant de mutation, puisque des vignerons tels Jean David ou Christian Voeux (Président du Syndicat des Vignerons de Séguret) n'en sont pas à leurs premiers coups de sécateur. Il y a bien longtemps que leurs familles respectives ont leur racines ici, sous la falaise calcaire et au pied des ruines du château médiéval. Ils forment aujourd'hui un duo complémentaire, en dépit de leur personnalité propre, que la nouvelle génération de vignerons du cru cite volontiers, sans pratiquement jamais les dissocier.

Comme bien d'autres entités viti-vinicoles de la région, le Domaine Jean David a surtout été un fournisseur zélé du grand négoce régional, surtout à l'heure de la mécanisation du vignoble, lors de cette fameuse période que l'on a coutume d'appeler "Les Trente Glorieuses". C'était souvent l'affaire de la précédente génération, mais celle qui préside actuellement aux destinées de la production de vin dans la région, n'a pas encore basculé toute entière, loin s'en faut, dans la logique issue du "Printemps Français" de 1968. De nos jours, en rencontrant les vignerons du cru, surtout les plus jeunes, on mesure la difficulté qu'il y a à s'extraire de ce système et à voler de ses propres ailes, sans prendre une... volée de bois vert!... Mais désormais, la courbe s'inverse doucement, sous l'impulsion de ceux qui aspirent à travailler sur les plus beaux terroirs, en altitude notamment, même si des vignerons comme Jean David justement, ont démontré qu'en plaine, sur un terroir "vainé", avec les cépages adaptés, il était possible d'obtenir des vins de qualité, à la fois francs et dynamiques. Des vins qui en inspirent d'autres désormais, ceux cités dans le R&B, mais peut-être d'autres encore, comme Philippe, qui nous accueille aujourd'hui, pendant que le vigneron bio-référent de Séguret, s'accorde une semaine de vacances bien méritée, après un printemps instable, du point de vue météo. Salarié du domaine, il reprend lui aussi quelques parcelles depuis l'an dernier.

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La maison de Jean David est située sur le coteau, un peu à l'écart du village,  dans le quartier dit Le Jas, ainsi que le sympathique caveau. La cave elle-même est dans la plaine, où se trouve l'essentiel des quinze ou seize hectares en production au domaine, sur les terrasses alluviales de l'Ouvèze. Il suffit de traverser la route pour découvrir l'hectare de vignes sur le coteau. Pour rappel, si les vignes en plaine sont largement les plus nombreuses dans le secteur, il en existe un peu sur ce coteau exposé ouest, mais aussi plus haut, dans une partie qu'on appelle communément la montagne. Les grenache que l'on découvre sur le haut de la parcelle bien enchâssée dans la végétation, n'ont pas moins de soixante-dix ans. Ils sont la base de la cuvée Les Couchants, orientation oblige. Il y a bien quelques manquants, mais la vigne se porte bien, malgré les difficultés de l'année : plus de pluie que d'habitude jusqu'à début juin, beaucoup d'herbe dans les vignes jusqu'à ces derniers jours. Des vignes qui ont jusqu'à trois semaines de retard et qui ont littéralement stagné pendant un mois!... Phénomène plutôt rare!...

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Le bas de la parcelle est un nouveau plantier de syrah de 2012, non palissée sur échalats, en gobelet comme toutes les plantations du domaine depuis 1998. Auparavant, on trouvait là une vigne complantée, comme souvent, avec une dominante de counoise, toujours présente cependant dans les autres parcelles, avec également syrah, carignan, cinsault, mourvèdre et l'omniprésent et incontournable grenache, leader rhodanien s'il en est.

Pour ce qui est des blancs, roussanne et bourboulenc sont les seuls cépages présents. Ils s'opposent souvent pour ce qui est de la date des vendanges (1er jour pour le premier cité et dernier pour le second!), mais sont à même de s'entendre pour composer une jolie cuvée de Côtes-du-Rhône blanc 2012(50/50), le bourboulenc de 30 à 35 ans, issu d'une parcelle argilo-calcaire et la roussanne sur davantage de galets roulés, dans la plaine de Séguret, près de la cave. Un autre blanc, une pure roussanne 2012 en provenance d'une parcelle de trois hectares (ou counoise, mourvèdre et grenache sont également présents), sur la route de Vaison la Romaine, se présente dans un autre style, propre à ce secteur en bas de coteau exposé ouest, avec moins de cailloux et plus sableux. Ce sont tous deux exclusivement des blancs de cuve.

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Le Rosé de Janot 2011 est un assemblage de rosés de presse et de saignée, issu de syrah (40%), de tempranille (40%) et de grenache (20%). Option plaisir indiscutablement et propension quasi certaine à se tenir un peu dans le temps. Pour ce qui est des Côtes-du-Rhône et Séguret rouges, les six cépages sont à chaque fois présents, dans des proportions voisines, avec une large dominante de grenache. Il faut savoir que les vinifications se déroulent à chaque fois sur un même mode, à savoir que 50 à 80% de grenache sont associés à du carignan et de la syrah dans les mêmes cuves. Ensuite, les trois autres cépages viennent compléter le cocktail, qui se veut rhodanien et respectueux des exigences des AOC.

Deux autres cuvées, à caractère parcellaire, contribuent depuis quelques années à renforcer la réputation du domaine. Deux Séguret, dont Les Couchants 2011, issu de la parcelle visitée proche du caveau, avec 75% de grenache, 13% de vieilles vignes de cinsault, 8% de syrah et 4% de vieilles counoise. Enfin, Le Beau Nez (rouge comme le pompon) 2011 compte moins de grenache (60% quand même!), mais plus de carignan vieilles vignes (30%), contribuant à un équilibre plus impertinent, avec de plus 10% de counoise et un soupçon de syrah et de cinsault. Bien sur, ces pourcentages sont fonction des millésimes et de la possibilité de composer toutes les cuvées. La part de mourvèdre notamment, augmentant quand cela est possible (ce cépage est capricieux) dans Beau Nez, ou encore dans la cuvée Les Levants dans le millésime 2010.

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A noter que pour les blancs et le rosé, qui ne subissent pas la fermentation malolactique, les mises interviennent dès le printemps suivant les vendanges. Les rouges, quant à eux, étant embouteillées à la mi-juillet.

Nous sommes donc là, avec Jean David, en présence d'un référent de Séguret, qui en est à sa 32è vendange, dun domaine passé en agriculture biologique dès qu'il prit la succession de son père. Quelqu'un qui a su se mettre à l'écoute de ses terroirs, dans toute leur variété : sols profonds parfois, sablo-calcaires, voire très calcaires, comme il se doit, au pied du massif des Dentelles de Montmirail. Fort heureusement, il a largement contribuéà déclencher quelques envies, notamment chez de jeunes vignerons (et parfois moins jeunes) rêvant de marcher dans ses traces, tout en faisant valoir leur personnalité et leur propre lecture de toutes les composantes du terroir. Ce dernier est multiple et varié. Si un seul petit sentier mène aux ruines du château à travers la végétation, le paysage qu'il est permis d'y embrasser, en même temps que les senteurs de thym ou de menthe poivrée, suffit à lui-seul pour mieux comprendre toute la diversité du paysage. Séguret est pluriel!... Ne manquez pas la Fête d'Hue Vin, le dernier samedi d'août, pour tenter d'en faire le constat.

Domaine des Usseaux, Alice Brun, à Mollans sur Ouvèze

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Il faut rendre à Alice... C'est l'histoire d'une jolie jeune femme qui descendait toutes les semaines de sa montagne de Séderon, pour proposer sur les marchés des Baronnies, les fromages de ses chèvres qui courent sous la crête du Costadret, tels des chamois ou bouquetins, ainsi que la farine de petit épeautre bio, venant de la ferme familiale de la Grandchane.

042Un jour d'été, alors que les senteurs de thym et de menthe poivrée embaument l'atmosphère, en se mêlant aux parfums des multiples fleurs sauvages de la garrigue, en plein concert des cigales du garric, son regard rencontre celui d'un beau jeune homme, Frédéric, venu de Mollans sur Ouvèze, pour faire quelques emplettes... Coup de foudre sous les platanes!... Ce dernier est le plus jeune représentant de la famille Brun, qui dispose d'une quinzaine d'hectares, entre Drôme et Vaucluse, non loin de Vaison la Romaine. Certes, tous les raisins sont destinés à la cave coopérative la plus proche, mais la passion du bio va vite devenir une priorité, notamment sous l'impulsion d'Alice.*

Plus tard, les jeunes mariés se disent que conduire la production de vins jusqu'à son terme et entièrement, ce serait donner un sens véritablement abouti à leur vie de vignerons. Mais, comment faire?... Dénoncer tout ou partie d'un contrat avec la coopérative relève de la sinécure. D'un autre côté, si l'on reste dans la perspective de créer un vignoble et un domaine indépendant, une part de sécurité serait la bienvenue. Il y a bien ce coteau en friche, sur Mérindol... Trois hectares, pour l'essentiel, envahis par les arbres et une végétation des plus régionales, genêts, herbes aromatiques... De plus, la vue sur Vinsobres, Rasteau, etc... est magnifique. Cette friche, appartenant au grand-père de Frédéric, fut longtemps plantée d'abricotiers, voilà trois décennies. Anciennement, selon le grand-père, on y trouvait des vignes. Le temps d'une étude des sols, de travaux de défrichements conséquents, permettant au passage de planter des rangs de vigne sur des terrasses adaptées, sur lesquelles il est possible de travailler les sols en toute sécurité et les premières plantations interviennent.

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Elles se sont étalées sur trois années et les plus anciennes ont désormais onze ans. Les grenache sont en bas et dans le sens de la pente. Puis, chaque terrasse est destinée à un cépage, selon qu'il est plus ou moins tardif, mais aussi afin de profiter de quelques effets de l'altitude, même si la variation est somme toute relative. On trouve donc là du viognier, du grenache blanc et de la roussanne pour les blancs. Du mourvèdre, du cinsault et de la syrah pour les rouges. Au total, 1 h 50 d'un seul tenant au lieu-dit Les Usseaux, le tout en AOC Côtes-du-Rhône, adossés à 1 h 50 de friches et de forêt destinées à le rester.

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Une agriculture bio est de rigueur, dans un espace à ce point protégé, avec une approche la plus rigoureuse possible du calendrier lunaire. La jeunesse des vignes impose souvent des vendanges en vert, mais Alice Brun constate de nets progrès en matière de qualité d'expression aromatique notamment et de complexité depuis les millésimes 2011 et 2012, ce qui laisse supposer qu'une véritable expression terroir se dessine avec le temps. La volonté de produire des cuvées de qualité doit s'accorder avec la patience et l'observation permanente. La trame est en place, les nuances colorées des vins du domaine apparaissent désormais sous les yeux (et les papilles!) des amateurs.

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A noter qu'Alice et Frédéric ont aussi un projet de plantations nouvelles en Coteaux-des-Baronnies, sur la commune de Mérindol-les-Oliviers également, non loin de Propiac. L'aventure se doit de continuer!... Même s'il s'agit parfois d'entretenir et de faire vivre des parcelles aux dimensions à peine plus grandes que celles d'un timbre-poste! Et même si Alice n'a pas été désignée pour être la nouvelle Marianne de La Poste, vous vous devez quand même de faire étape dans son caveau de Mollans, ouvert dès la fin de l'après-midi, afin d'y découvrir les cuvées disponibles, mais aussi les pâtes à l'épeautre, la farine et les succulents chèvres, frais ou plus secs. Quelques tagliatelles parsemées de chèvre sec râpé, de quelques olives de Nyons et un verre de rosé du domaine, tel Sottises 2012 et vos vacances prennent une autre tournure!...

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Avant de découvrir un cuvier joliment restauré en plein centre du village, aux dimensions quasi "maison de poupée", correspondant bien aux proportions du vignoble, en compagnie de Frédéric et Théo, Alice nous propose de découvrir les quatre cuvées disponibles. Tout d'abord, Estaillades 2012, le blanc issu de viognier, de grenache blanc et de roussanne, frais et délicatement aromatique. Le rosé, Sottises 2012 est issu de saignées de grenache, syrah et cinsault, plein de fraîcheur également et de nuances. Le premier rouge, Murmures 2011 est une composition du même assemblage que le rosé. Enfin, Sortilèges 2011 est un assemblage de grenache, syrah et mourvèdre, par tiers et dont un tiers justement passe en fûts de deux vins, pendant six mois, ce qui lui confère un plus de complexité et de densité.

Alice Brun (et Frédéric, surtout lorsqu'il s'agit de pratiquer certains travaux) est donc bien armée pour nous surprendre, avec son vignoble qui regarde une sorte de carte postale panoramique d'une région à découvrir, où les lignes de collines proposent chacune leur propre nuance de bleu devant l'horizon. L'ensemble est encore tout nouveau, mais pas destinéà produire de grandes quantités, de ces cuvées à la fois gourmandes et délicates. Chacun ferait bien d'en tenir compte, avant que le murmure du bouche à oreilles ne nous fasse croire à quelque sortilège, lorsque nous constaterons que plus aucune de ces cuvées n'est disponible!... Il sera temps alors de nous jeter quelques pierres d'estaillades ou de tempêter en lançant de multiples sottises verbales!...

*: de sources strictement imaginaires, lorsque l'esprit se met à baguenauder sous l'ombre des grands chênes d'à côté...

Domaine du Pourra, Jean-Christian Mayordome

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Séguret est un joli petit village, qui a su séduire les visiteurs, mais sans esbroufe et conservant un caractère vivant, loin des villages-musées que l'on découvre parfois. Suivez mon regard... On y pénètre le plus souvent par la rue des Poternes et le Portail Reynier, appeléégalement Portail de la Bise et ce, depuis le XIVè siècle, comme bien des chevaliers de passage. Ne vous y engouffrer pas trop vite, comme poussés, portés par le mistral, même si la faim vous tenaille!... A gauche, un caveau vous invite à une dégustation.

020C'est celui du Domaine du Pourra, de Jean-Christian Mayordome. Pas un de ces caveaux qui guettent le chaland qui passe, mais peut-être bien un espace de découverte comme il en existe peu. En effet, si vous posez votre appareil photo, vos lunettes de soleil et si vous vous laissez guider par Béatrice, vous êtes en passe de tomber des nues (ou de cheval, vu l'endroit!) en découvrant les cuvées d'un domaine qui pourrait bien être la révélation de votre voyage!...

J'ai toujours quelques scrupules à solliciter une rencontre et une visite du vignoble un samedi matin, même si parfois, c'est une option qui peut convenir au vigneron. C'est bien ce que me confirme Jean-Christian Mayordome, mais au dernier moment, il m'informe qu'il doit se rendre à son cabinet à l'heure convenue. En effet, il est à la fois médecin diurne à plein temps et vigneron parfois nocturne, quand la vigne le réclame!... "Mais, ne vous inquiétez pas, j'ai trouvé une solution. Ma collaboratrice, Béatrice, va vous permettre de découvrir les vignes sur Séguret et vous proposera une dégustation au caveau. Ensuite, je vous emmènerai dans la montagne..." me dit-il amusé. "Il vaut mieux que vous veniez avec moi, j'ai le véhicule adapté..."

A l'heure convenue, nous sommes à Sablet, devant les installations du domaine. Après avoir échangé quelques mots, notre guide observe la voiture dont nous disposons et convient que cela devrait aller... "Pour monter à Mont Bayon, c'est bon, mais pour Gigondas, c'est une autre affaire!" Nous gagnons néanmoins de l'altitude et au sortir de la forêt, les coteaux, pour le moins spectaculaires, apparaissent. Le reste se fait à pieds et il vaut mieux être bien chaussé. Béatrice nous explique que parfois, certains visiteurs demandent pourquoi le vigneron s'acharne-t-il à entasser tous ces cailloux autour des ceps!... Il faut dire qu'en dehors des vénérables vignes (de 50 ans et plus) de grenache essentiellement, le paysage viticole est quasiment lunaire, surtout caillouteux. Encore quelques efforts pour atteindre le haut de la parcelle et nous découvrons un superbe paysage : la Crête de St Amand, derrière le Ventoux, puis la Combe, en direction de Gigondas.

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Marcher, rester en équilibre sur les cailloux de Mont Bayon demande une certaine attention. On imagine alors très vite les difficultés lorsqu'il faut porter à dos d'homme le matériel, ainsi que pendant les vendanges. Cayenne, c'est fini! doivent-ils chanter ensemble, les vendangeurs, au terme de la cueillette!... Par ici, il n'est d'autre matériel qu'un chenillard équipé de phares, puisque le vigneron de Sablet porte plus souvent une lampe frontale qu'un chapeau de paille. Remarquez, lorsque la canicule sévit en été, sur le calcaire blanc ocracé, quelques précautions s'imposent et ce n'est pas le médecin, fut-il franco-gabonais d'origine, qui manquera à son devoir de prévention.

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Jean-Christian Mayordome dispose dans ce secteur de la montagne de Séguret d'environ onze hectares, sur un total de vingt-quatre ou vingt-cinq, avec les vignes sur Gigondas. Il s'est porté acquéreur de l'ensemble au début de l'année 1998, un domaine qui appartint naguère à la famille Chassagne, bien connue dans la région. A l'époque, sa passion pour le vin et la dégustation lui permit-elle de vraiment mesurer les difficultés d'un tel ouvrage. Certes, il y a bien ces paysages du plateau des Dentelles de Montmirail et les couleurs que le vignoble peut revêtir selon les saisons... Bien sur, il y a aussi cette nature exigeante et frémissante, où l'on se prend à rester posté parfois, pour observer sangliers, chevreuils et oiseaux de proie... Il faut dire que nous sommes là, à environ 480 mètres d'altitude, si près du village et si loin de l'agitation humaine. Malgré ces difficultés, qui semblaient évidentes au commun des mortels, le vigneron-médecin s'est atteléà la tâche, faisant fi de quelques anicroches d'origines diverses, juridiques, économiques ou climatiques. Mais, ces mésaventures étaient sans doute quelque peu identifiées au préalable, dans sa démarche toute entière dédiée à la qualité et à la sincérité de ses vins, la dégustation lui ayant permis de découvrir tant de vins régionaux impersonnels.

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Bien sur, il découvrit très vite qu'au-delà de ces instants de quiétude et de contemplation, il fallait aussi être présent sur le front de la promotion et de la vente, surtout dans un secteur rhodanien où la démarche résolument bio, voire nature, a fait longtemps figure d'exception. Désormais, après deux ou trois années difficiles, au cours desquelles, l'essentiel de la vendange est parti au négoce local, pour faire face aux difficultés de trésorerie (et au manque de temps disponible!), il vient de trouver une collaboratrice bien armée pour le seconder, puisque Béatrice Jean (titulaire d'un BTS viti-oeno et ancienne élève d'Olivier B, le vigneron de Méthanis!) a déjà vinifié sur Gigondas et serait à même de l'assister lors des vendanges et vinifications dès 2013. De plus, connaissant bien la région, elle semble apte à prendre en charge toute une partie de la désormais l'indispensable communication 2.0, boostant la promotion de l'ensemble.

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Pour le vigneron, son vécu en qualité de médecin a aussi une influence non négligeable sur ses choix et les bons soins apportés à la plante, à la vigne. L'expérience accumulée, depuis ses études marseillaises, lui permet d'effectuer certains rapprochements avec le traitement médical de l'homme, évitant ainsi l'utilisation du contenu de la pharmacopée classique, chère à tout bon laboratoire oenologique. L'agriculture biologique était comme une évidence pour lui, avant même l'obtention d'un quelconque label. En ce sens, l'utilisation d'huiles essentielles, en lieu et place du cuivre et du soufre à la vigne, reste une priorité. A noter également que sulfites et levures exogènes sont proscrits lors des vinifications, les sulfites n'étant utilisés que de façon très modérée, lors des longs élevages et à la mise. Enfin, le plus souvent, les vins ne sont pas filtrés, ou au moyen d'un processus très doux, lorsque cela s'impose.

Dans ces terres argilo-calcaires, sont plantés quatre cépages rouges. En plus du très majoritaire grenache, on trouve également syrah, cinsault et mourvèdre. Pour le blanc, grenache et clairette. Comme souvent dans le Grand Sud, la complantation faisait partie de la tradition vinicole et la présence de divers plants éparpillés, dans des parcelles qui sont sensées n'être plantées que de grenache, n'est pas sans poser quelques problèmes au vigneron, confronté comme nombre d'autres collègues, aux exigences d'un organisme tel que l'Onivins, n'hésitant pas à réclamer l'arrachage de certains vénérables grenache, au mépris d'une tradition valorisante basée sur la diversité et en dépit de connaissances très relatives de certains inspecteurs, qui peinent parfois à identifier les cépages!... A première vue, la vigne se porte bien cette année, même si elle semble quelque peu "buissonneuse". Avant longtemps, il faudra passer dans les rangs pour "démammer" (ébourgeonner en langage vigneron rhodanien, mais aussi enlever les entre-coeurs). Ici, les rendements ne dépassent guère 15 à 17 hl/ha, alors qu'ils atteignent aisément 35 à 50 sur le Plan de Dieu.

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Après ce tour d'horizon contemplatif à 360° dans la montagne, nous découvrons le caveau de Séguret pour une jolie série de cuvées. Au domaine, la particularité principale tient au goût même du vigneron, qui n'est pas un grand amateur des vins jeunes, dits de fruit. Ainsi, l'élevage se prolonge rarement moins de trois années, en cuves béton ou foudres, parfois en barriques pour les cuvées dites "Prestige" (1999 et 2003). Bien sur, cette orientation, ce parti pris pour les vins de garde, c'est un peu ramer à contre courant, mais si vous prenez le temps de la découverte, vous n'aurez aucune peine à apprécier des vins construits, pour lesquels chaque option lors des fermentations (égrappage partiel ou total) et des vinifications (macérations plus ou moins longues) est choisie en fonction de la qualité des raisins et de leur "touche millésime". La série s'ouvre sur un très beau Séguret blanc Confidence 2011, issu de grenache blanc et d'une part de clairette, plein de dynamisme et d'élégance. Puis suivent, un Séguret rouge Mont Bayon 2009, solide et dotéà l'évidence d'une belle complexité, puis L'Insuffisant 2004, en Côtes-du-Rhône, un rien espiègle, portant ce nom parce que refusé par le comité de dégustation à l'époque sous ce qualificatif étrange. Pour l'essentiel du grenache et du cinsault (20%) venant du secteur dit de La Combe. Enfin, un très joli trio avec le Séguret rouge 2007 plein d'allant, un imposant Gigondas La Réserve 2009, qu'il faut savoir attendre et le très surprenant Séguret rouge 1999, un 100% grenache en mode oxydatif des plus remarquables. Tous ces vins se caractérisent par une ampleur et à la fois une distinction notoire, confortée par une belle complexité aromatique (le grenache se livre enfin!) et une richesse maîtrisée tout à fait valorisante. On est résolument dans le domaine du vin vivant et vibrant. Un peu comme si le vent, parfois fort dans cette contrée, déplaçait les cailloux blancs!...

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Avant le terme de cette dégustation, Jean-Christian Mayordome nous rejoint et nous évoquons pêle-mêle l'ampleur de la tâche au quotidien, notamment lorsque ses patients le réclament, ainsi que sa discrétion certaine, puisqu'il ne participe jusqu'à maintenant qu'à très peu de salons. Nous découvrons aussi un vigneron passionné et un homme plein d'humilité et de réserve. On le sent presque dépositaire d'un patrimoine, gardien d'un temple dans la montagne, titulaire d'une charge qu'il se doit de transmettre, un jour peut-être, à un vigneron sage et à l'écoute de son terroir comme lui. Sans doute aussi, exprime-t-il parfois cette chance qu'il ressent certainement d'avoir "hériter" d'un tel vignoble. Bien sur, certains parmi ses amis l'incitent à vendre, mais lorsqu'il évoque cette idée, présente certains jours, alors que les difficultés surgissent et s'accumulent, on devine qu'elle est chassée d'un revers de mistral, en même temps que l'émotion survient... On devine alors cette volonté pour ne pas céder au désespoir des jours gris, force qu'il puise peut-être aussi auprès de ses malades.

Nous gagnons le chai pour monter à bord d'un 4x4 collector, comme ceux découverts naguère à Fitou ou Gratallops, chez d'autres vignerons passionnés, un rien conquistadores, au sens noble du terme!... Horta se demande ce qu'on lui réserve, avec cette chaleur. Dès que nous abordons le chemin, la boîte à crabots s'impose. Il faut grimper, grimper encore avant d'atteindre le plateau des Dentelles de Montmirail, option Gigondas. On devine aisément dans quelle parcelle de paradis nous conduit ce chemin... Celui-ci contourne un "pourra", nom donné, semble-t-il, à ses immenses fossés taillés au fil du temps dans le calcaire par les trombes d'eau qui s'écoulent de la montagne certains jours. En circulant à proximité, on en distingue rarement le fond, tant la végétation prend le dessus, jusqu'aux déluges qui surviennent parfois, lors d'épisodes cévenols souvent dramatiques, comme en 1992, à Vaison la Romaine.

Un sol argilo-calcaire, des éboulis, des graviers, qui caractérisent ces sols partagés faisant la richesse du lieu. Une biodiversité dont quelques grands domaines semblent prendre conscience depuis peu. Jean-Christian Mayordome s'est ainsi découvert quelques nouveaux voisins, tels le Domaine Gaston Meffre, propriété désormais du puissant groupe bourguignon Boisset.

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Dans ce secteur de Gigondas, le vigneron estime que l'on doit pouvoir atteindre un rendement maxi de 25 hl/ha, sans les jeunes vignes, mais ce sont des parcelles sans concession. A la limite de la végétation, on trouve même une plantation assez récente de mourvèdre. Ne dit-on pas pourtant qu'une situation littorale convient souvent mieux à ce cépage?... En fait, la présence de plusieurs sources, dans cette partie du coteau, apporte ses effets bénéfiques. De plus, une surmaturité, par nature tardive avec ce cépage et l'altitude, n'est pas recherchée, parce qu'il faut compter avec les pluies d'octobre, souvent conséquentes.

La visite sur ce site hors normes continue à pieds. Les chemins viticoles sont aussi très appréciés des randonneurs de tous poils. Fin juin, le secteur est parcouru par les amateurs de trail, à l'occasion de la Traversée des Dentelles, une course pédestre de 21 kms, pour laquelle le médecin-vigneron participe aussi à l'assistance médicale. Il est comme ça Jean-Christian!... Même quand quelques souvenirs relationnels pour le moins tendus avec les autorités locales ou divers voisins occupent les recoins de sa mémoire. En fait, quelque chose en lui fait qu'il n'arrive pas à entretenir sa rancune ou sa rancoeur. Comme s'il admettait que certains us et coutumes locaux étaient incontournables. Autant garder son énergie pour tout le reste.

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Diverses petites parcelles en terrasse encadrent le GR. Le vigneron tente de nous expliquer ce que chacune d'elles représente de travail et d'opiniatreté, lorsqu'il s'agit d'arracher la vigne, de préparer la terre et de replanter après quelques années. L'une d'entre elles est désormais prête. Tiens là, au dessus du chemin, quelques arpents apparaissent sur son acte de vente, mais il n'en dispose cependant pas... Lorsqu'on arrive au "sommet des vignes", Jean-Christian Mayordome se glisse sous l'ombre relative d'un pin, au bord du précipice, pour admirer encore cette vue imprenable qu'il n'a pas souvent le temps d'apprécier. Toute sa sensibilité s'exprime dans ces instants de silence, parfumés des senteurs des herbes aromatiques, sur lesquelles nous marchons... Il est un peu philosophe à ses heures. Peut-être a-t-il atteint ce degré de sagesse, qui lui permet de prendre le recul voulu, vis-à-vis des péripéties de sa vie de vigneron. On devine qu'il aime partager le plaisir ressenti face à ce paysage. Et peut-être qu'il se doit de l'ouvrir à d'autres visiteurs, mais, en même temps ou presque, il semble s'étonner qu'on s'interresse à lui. Un personnage que d'aucuns qualifieraient de complexe, mais sans doute à l'image de ses vins : riches de nuances et ne se livrant qu'à ceux prêts à escalader la muraille, plutôt qu'à franchir la porte, sous le prétexte qu'ils croient en détenir la clé...

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Retour à Sablet, afin de découvrir les installations somme toute confortables et permettant de vinifier et d'élever des volumes assez importants. Des cuves en béton traditionnelles, permettant des vinifications aux cuvaisons assez longues, avant des élevages au long cours en foudres, pour partie et parfois en barriques. A propos d'élevage, nous ne sommes pas au bout de nos surprises!... La conversation nous permet d'évoquer ces longs élevages pratiqués notamment pas Luca Roagna, pour certaines cuvées, à Barbaresco, ainsi que la qualité des tannins, au moment des vendanges. Le vigneron nous tend alors un verre et se dirige vers certaines cuves et foudres. Mon regard se porte sur les inscriptions à la craie : Gigondas 2004... 19/05/09... 2 g/hl... Et plus loin : Séguret Mont Bayon 2001... le 30/01/03... Autant de cuvées qui n'ont jamais été mises en bouteilles!... Et qui se portent bien!... Pas un exercice de style de la part de Jean-Christian Mayordome, mais juste les conséquences d'une trésorerie insuffisante et une phase ultime d'embouteillage chaque année repoussée, comme une transfusion impossible, du fait des conditions matérielles. En fait, l'origine de ces difficultés, c'est la malhonnêteté d'un importateur français installé sur la côte est des États-Unis, qui ne paye pas ses factures!... Il serait intéressant de savoir sous quel label tous ces vins ont été diffusés là-bas. Souvent, les vignerons expriment leur amertume, face aux impayés, mais, côté amateurs, on n'imagine mal les conséquences que peuvent avoir de tels agissement coupables, sur l'équilibre financier des domaines.

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Il faut espérer que ce vigneron, indiscutablement parmi les leaders de Séguret et Gigondas, retrouve une plus grande quiétude, afin de pénétrer concrètement le marché, qui plus est, des vins naturels. Des élevages longs, pas ou peu de sulfites, pas de levures exogènes, pas de filtration, nous sommes là en présence de grands vins, que visiblement, trop de monde ignore. Jean-Christian Mayordome a parfois vu passer dans son cuvier certains de ses collègues vignerons d'autres régions, exprimant leur perplexité face à la méthode. Espérons que les passionnés, ouverts à quelques découvertes, ne feront pas de telles réserves, face à la rareté. Le Pourra est peut-être à l'image des vins de demain qui, finalement, sont sans doute bien les plus proches de ceux d'hier, n'en déplaise à une cohorte de modernistes, qui voudraient toujours avoir un vin d'avance. Ne reste plus qu'àéviter d'avoir un vin de retard, en passant à côté de telles cuvées!...

La Paulée de l'Anjou noir : studieuse et goûteuse!...

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En 2012, nous avions évoqué cette heureuse initiative, partie du côté de chez Jo Pithon, à St Lambert du Lattay, réunissant la cohorte chaque année grandissante des vignerons bio d'Anjou. Une rencontre qui permettait de constater un croisement de générations et plus encore une sorte de fusion avant même d'évoquer une fédération qui ne dirait pas encore tout à fait son nom. Chacun pourra, dans les rangs des vignerons, évaluer l'importance, plus ou moins haute, d'organiser de telles journées, mais il est difficile de nier l'évidence : le marché des vins de qualité garde une sorte de fragilité (le client serait-il fidélo-volage?) dont les causes sont multiples et variées. On peut ainsi évoquer pêle-mêle l'étendue de l'offre ne serait-ce que nationale, les vertus résolument communicantes de certaines régions, surfant parfois sur le fait que d'autres se soient laissées enfermer dans la promotion d'une production peu qualitative et à valeur ajoutée plancher, mais aussi la difficulté que les vignerons peuvent ressentir face au client, lorsqu'il s'agit d'expliquer qu'ils font des vins de qualité, dont la garde est certaine, mais qu'ils sont heureux de les revoir régulièrement!... Les producteurs de très beaux liquoreux du Layon de certaines années 90 ne peuvent l'ignorer, notamment ceux qui ont alors pris le risque d'expliquer que les 96 et 97, par exemple, pouvaient être oubliés pendant des décennies au fond des caves et qui depuis, constatent que leurs clients de l'époque les ont également oubliés, pour ce type de vin du moins.

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Non, l'Anjou noir n'est pas seulement le fief des rosés de comptoir, fussent-ils de Loire!... C'est sans aucun doute aussi une région qui doit définitivement s'installer dans la promotion de ses grands vins blancs secs issus de chenin. Sortir de la mine et aller au charbon pour briller en pleine lumière!... Et surtout, ne pas faire de complexe vis-à-vis de la production de quelques voisins disposant d'autres types de sols, souvent présentés comme la panacée des terroirs de haut vol. Calcaire ou schiste?... Parlons donc de diversité!...

Promouvoir, mais aussi s'entendre sur l'essentiel. Les fortes personnalités ne sont pas rares, tant sur les rives du Layon, que sur la rive droite de la Loire, du côté de Savennières. Les parcours des vigneronnes et vignerons sont aussi très différents. Il y a celles et ceux qui s'appuient sur un véritable patrimoine historique et ceux qui ont déniché quelques arpents, ici ou là, entre deux chemins creux. Certains, malgré le recul des années, constatent désormais tout le potentiel de certaines parcelles, d'autres s'étonnent chaque jour un peu plus, que le pouvoir de séduction de ces chenins ne soient pas plus reconnu par les papilles des passionnés et intégré dans une supposée hiérarchie des crus et des régions. Pas de doute, Savennières et Roche-aux-Moines sont de la même veine (si ce n'est géologiquement parlant!) que Montbenault, Les Treilles ou Les Bonnes Blanches!... Et leur attractivité indiscutable doit leur ouvrir plus encore les cartes des vins des bonnes et grandes tables de France et de Navarre.

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L'an dernier, dans une sorte de premier ballon d'essai, les vignerons bio-angevins avaient surtout voulu se réunir pour se compter et pour savoir qui acceptait de se rallier au panache blanc de l'Anjou layonesque, indépendemment des absences pour cause de vacances (que les vignerons essaient de prendre parfois quand même!). Ainsi, Tessa Laroche, Evelyne de Pontbriand ou encore Jean-François Vaillant, par exemple, étaient là pour croiser le verre et échanger avec les Joël Ménard, Jean-Christophe Garnier ou Cédric Garreau. Afin de ne pas faire de cette journée une réunion strictement entre soi, quelques invités furent également conviés, parmi ceux des journalistes (et blogueurs!) qui ont l'habitude de circuler dans le vignoble. Cette sorte de "collégialité" fut bien appréciée et les animateurs de la Paulée de l'Anjou noir optèrent donc cette année, pour une ouverture plus large encore, en faisant notamment de la gastronomie angevine, l'invitée d'honneur de cette deuxième édition. Mais, bonne surprise, l'accès à Princé pour cette journée était aussi proposéà divers photographes, cavistes, blogueurs, blogueuses et même institutionnels, puisque Benoit Stenne, nouveau Directeur Général d'InterLoire était aussi de la partie et de la balade dans les vignes. A noter que son arrivée, fin décembre 2012, a permis aux responsables de l'Interprofession régionale d'annoncer la mise en place d'un nouveau plan de communication, alliant celle plus spécifique par appellation (pas moins d'une cinquantaine en Loire!) et celle plus largement collective. Et ainsi sans doute, éviter par ce premier effet d'annonce, une contagion de départs, suite aux défections récentes de Montlouis et des Fiefs Vendéens.

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Balade donc, en premier lieu pour cette journée. Le site de Princé, bien aidé par la météo, se prête à merveille à la dégustation champêtre proposée par Patrick Baudouin notamment. Et l'idée d'une approche géologique du secteur ne pouvait que séduire les participants, surtout que Fabrice Redois, géologue bien connu dans la région, n'a pas son pareil pour vous faire découvrir son passionnant métier et vous laisser croire un instant que vos pas, ce matin, vous mènent quasiment sur la Lune, à moins que ce ne soit au col d'Ardenay, à 75 mètres d'altitude!... Comme, de plus, il nous explique en quelques mots que nous marchons ici-même sur des métagrauwackes du Précambrien (leur synonyme, schistes verdâtres, est bien moins sexy!), la roche la plus ancienne du Maine-et-Loire (entre 540 Ma et 245 Ma quand même!), on se sent presque les dépositaires de ce patrimoine antédiluvien planté de "champs de raisins", selon le terme générique utilisé par ses élèves, pour les plus nobles vignes du secteur. Où on apprend aussi à déceler les traces de quartz, les cailloux qui laissent des traces blanches sur son marteau, ceux qui produisent instantanément une sulfureuse mousse blanchâtre, lorsqu'on verse sur leur tranche quelques gouttes d'un liquide incolore au moyen d'un goutte à goutte et d'autres, qu'il faut savoir découvrir au moindre affleurement, notamment ces schistes pourpre plus ou moins dégradés, dont chacun peut apprécier le qualificatif largement plus opportun de... lie de vin. Enfin, chacun pourra aussi apprécier que le géologue évoque ici la richesse de la géologie locale, au sens de la variété des roches composant le sol viticole de la région, ce qui, selon lui, devrait inciter les vignerons du cru à vinifier plus souvent (quand c'est possible) par secteurs géologiques identifiés (voire par parcelle) et ainsi, tenter de mieux comprendre le terroir, au sens terrien du terme. En attendant, certains vignerons en profitent pour prendre rendez-vous avec Fabrice Redois, toujours passionné par la perspective de casser quelques cailloux sur des sites méritant des investigations soutenues et répétées. Enfin, on apprend au passage que certaines cartes géologiques, comme celle présente ici, ont beaucoup évolué depuis quelques années. En effet, elles représentaient souvent les sols profonds des zones concernées, alors que le patchwork des sols est désormais proposé, ce qui peut paraître plus accessible au commun des vignerons et des mortels.

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Le temps d'apprécier communément divers panoramas méritant le coup d'oeil (et là, on ne dira jamais assez l'intérêt, pour un visiteur lambda de se rendre sur les parcelles des vignerons), tel celui du Cornillard, pour la dynamique ambiante due souvent à l'aérologie remarquable et quasi permanente du lieu, de parcourir les chemins creux bien connus des troupes de Chouans et des vététistes du dimanche (notez au passage qu'il ne s'agissait pas de la Troménie de Locronan!), d'accrocher le barde dans le grand chêne séculaire au bout du chemin et le village gaulois angevin pouvait faire ripaille!...

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En guise de mise en bouche, près de 70 vins étaient proposés à la dégustation, avec une forte proportion de blancs, mais aussi quelques rouges fort agréables, comme ceux de J-C Garnier et de Kenji et Mai Hodgson. Les chenin (what else?) ou chenin for ever, selon les mentions apparaissant çà et là, sur le carnet de dégustation, se taillant la part du lion, avec toute leur variété et leur complexité d'expression, selon leur origine géographique et les choix du vigneron. Parmi ceux-ci, les Rouliers et Noëls de Montbenault de Richard Leroy, ce dernier confiant qu'il situait la qualité de ses 2011 dégustés ici, au top de ce qu'il a proposé jusqu'à ce jour!... Option zéro soufre qui plus est, pour deux vins taillés pour la garde!... Allons, chers amateurs des cuvées leroyesques, cesser de vider vos flacons avant même qu'ils n'aient pris la température de votre cave!... Cochon qui s'en dédit!... Justement, les cerbères du foyer de braise en avaient terminé avec la cuisson des cochons. Il ne nous restait plus qu'à passer à table pour évoquer souvenirs de dégustations plus ou moins récentes et projets de voyages, une occupation fort sympathique, est-il besoin de le préciser?...

La Paulée de l'Anjou noir, deuxième du nom, avait vécu. Rendez-vous en 2014 et d'ici là, sur d'autres terrains de jeu et de promotion, n'en doutons pas.


Clos des Cimes, Elodie Aubert et Raphaël Gonzalès

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Le col de Propiac, 526 mètres. Pas sur les tablettes hors catégorie du Tour de France cette année, malgré son passage dans la région. En venant du village, après quelques lacets, les cyclotouristes, même s'ils ne sont pas en passe de franchir le Galibier ou le Tourmalet, auront tendance à se laisser glisser dans la descente vers Mollans, Vaison ou Faucon, synonyme de récupération après l'effort, sous la chaleur estivale. Pourtant, ils pourraient opter pour ce petit chemin à droite, qui conduit au Clos des Cimes, histoire d'atteindre le sommet des vignes et un domaine hors du commun.

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Plus qu'un domaine viticole, les visiteurs découvrent là un ensemble où la polyculture, même partielle, n'est pas une résurgence du passé, mais plutôt une sorte d'idéal s'appuyant sur un patrimoine séculaire. La famille d'Elodie Aubert est une des plus anciennes du vieux village de Mérindol les Oliviers. Sur ce domaine familial, la grand-mère d'Elodie dû faire preuve d'imagination et d'abnégation après le grand gel de 1956, dramatique au point de détruire l'essentiel des cultures présentes ici, du fait notamment de l'altitude relativement élevée (entre 520 et 650 mètres). On y trouvait alors amandiers, oliviers, abricotiers, cerisiers, tilleuls, petites céréales, élevage de brebis et de chèvres, mais aussi un peu de vigne. C'est pour cette dernière que la grand-mère opta finalement en grande partie, sur les parcelles de cet espèce de cirque d'altitude, sous la tour de défense protectrice du vieux château de Mérindol, datant du Xè et du XIIè siècle. Depuis, la plus récente génération a décidé de mener les vins du domaine au sommet, de continuer à soigner les abricotiers (souvent des orangés de Provence) et, depuis peu, de livrer une partie de cet espace naturel à un petit troupeau d'une vingtaine de brebis. La vie quoi, avec vue panoramique sur le Ventoux, les Baronnies et toutes les collines du secteur, pour un territoire que l'on se réjouit de découvrir si actif et vivant, alors que, souvent, on n'en découvre d'autres du même acabit, livrés aux friches et ancrés aux souvenirs des plus anciens.

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Il faut bien sur découvrir tout cet espace et Elodie ne tarde pas à nous convier pour une petite visite de cette sorte de cratère planté d'arbres fruitiers et de vieux grenache. Son conjoint, Raphaël Gonzalès, urbain angevin de naissance, ne serait pas en reste pour nous guider, mais il est souvent sur les routes, parcourant le pays du sud au nord et d'est en ouest, afin de rencontrer amateurs et cavistes, sur tout ce que la France, mais aussi la Belgique et autres contrées voisines, comptent de salons en tous genres. Lors de notre passage et malgré une météo locale des plus agréables, il s'était jeté sur les routes pour coloniser le Nord et le Pas-de-Calais, alors touchés par une bruine réfrigérante, que l'on qualifierait de typique, si on ne craignait de subir les foudres ch'tis. 

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On peut tout d'abord admirer dans ce paysage, l'ancienne demeure familiale, ainsi que le château sur un piton calcaire. Le tout appartenait naguère au grand-père d'Elodie et fut vendu dans les années soixante. Depuis, château et donjon ont été rachetés par un haut-alpin, directeur en retraite d'une station de sports d'hiver, qui dit-on, a restauré l'ensemble de façon absolument remarquable. Pour un peu, là encore, comme dans d'autres lieux, notre imagination nous permettrait d'entendre le pas des chevaux sur le pont levis et les preux chevaliers réclamer de ce vin de grenache, pour rincer la bouche de la poussière blanche des chemins!...

Et aux pieds de l'ensemble, pas moins de neuf hectares de vignes et trois d'abricotiers. Elodie et Raphaël se sont rencontrés en Suisse, faisant partie de la même promotion de l'Ecole d'Ingénieurs de Changins. Au terme de ses études, en 2006, Elodie revient dans ce qu'elle admet être "son petit paradis terrestre", après quelques expériences lointaines et parfois solides, humainement et viticulturellement, comme auprès de René Barbier, au Clos Mogador, en Priorat. Un aspect des choses que la Fée des Vignes essaie de restituer aujourd'hui avec ses stagiaires, le jeune passionné Théo (que l'on pourrait bien revoir un jour dans ses propres vignes) et Isabelle la Catalane, qui fugue souvent pour revenir dans cet éden, notamment en ce moment, à l'heure de l'épamprage.

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A son retour, Elodie retrouve des vignes dont les fruits sont destinés à la cave coopérative locale. Lorsque Raphaël la rejoint, l'option des vins de haute qualité est prise pour de bon, avec tout ce que cela implique de rigueur et de travail supplémentaire. Mais, ces grenache, qui en sont aujourd'hui à leur 58è feuille, ont toutes les qualités, sur des sols multiples et variés, le plus souvent argilo-calcaires et caillouteux, pour produire de beaux nectars. Selon la vigneronne des cimes, ces vieilles vignes sont "autonomes". Elles ne produisent guère plus de 10 à 12 hl/ha, mais elles n'ont jamais une grappe de trop, comme si elles s'autorégulaient.

La propriété n'est pas très étendue, mais elle tend à devenir une sorte de conservatoire des cépages, avec des vignes souvent complantées. On y trouve notamment deux variétés de cinsault, que les plus anciens rhodaniens connaissent bien, mais aussi de vieux ugni blancs, pour lesquels une sélection massale s'impose, malgré ce que cela implique de difficultés administratives. Dans la partie la plus haute du domaine, on trouve aussi une micro parcelle où des cépages valaisans sont aussi présents, à titre expérimental, mais les années de formation helvètes ont laissé des traces. Seul problème : cette petite arvine et ce cornalin semblent être particulièrement appréciés des sangliers du secteur... Heureusement, le chasselas, associé au grenache blanc et à l'ugni blanc dans la cuvée Les Petits Sylphes, ne subit pas le même sort.

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Comme on peut l'imaginer aisément, la viticulture bio, impliquant une réduction à son strict minimum du nombre de traitements, est favorisée dans un tel site. En donner le détail doit laisser les vignerons d'autres régions quelque peu rêveurs... Lors de notre visite, fin juin, aucun passage n'avait encore été nécessaire!... Un soufre mouillable était seulement programmé, juste avant la fermeture de la grappe. Le plus souvent, un à deux traitements seulement sont nécessaires. Certaines années, comme il y a deux ans, une pression mildiou se fait sentir, mais le dernier essai, dans de telles circonstances, avec une pulvérisation de tisane de prêle, orties et écorce de chêne, a montré une bonne efficacité. A contrario, les années au cours desquelles l'oïdium est présent, sont les plus craintes ici. Parmi les préoccupations du moment, le bilan carbone. Il s'agit de minimiser l'utilisation du tracteur sur l'exploitation, mais d'autres aspects, comme certaines expéditions lointaines et quelques récents succès à l'export (Canada, Belgique, Luxembourg, Espagne et peut-être bientôt Etats-Unis), ne sont pas sans poser quelques soucis de cohérence au couple de vignerons du Clos des Cimes.

En terme de production, le rapprochement avec l'AOC Côtes-du-Rhône, en vigueur ici, devient de plus en plus relatif. Blancs et rosé sont déjà hors appellation et Elodie s'interroge de plus en plus quant aux rouges... Les premiers subissent des vinifcations somme toute classiques, mais dans un mode plutôt ambitieux, conduisant à la fourniture de vins de caractère et aucun n'est pris à la légère. Néanmoins, leur naturel nous revient au galop. Le premier blanc, L'Elfe Doré 2012, est un joli assemblage de grenache blanc et d'ugni blanc vinifiés et élevés de trois à six mois en cuve. Le second, Les Petits Sylphes 2012 (grenache, ugni et chasselas), vinifié et élevé en barriques pendant une durée équivalente, est une très belle alternative pour une goûteuse cuisine de poissons et crustacés. Le rosé, Petite Fugue 2012, 100% syrah, qui a suivi le même parcours que le second blanc, a lui aussi un très beau potentiel gastronomique.

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Trois rouges complètent la gamme : La Fée des Vignes 2011 est un assemblage de 60% de grenache, 30% de cinsault et d'un peu de syrah, le tout suivant une vinification traditionnelle. Un côté très sud et une bouche joliment poivrée, épicée. Le second, La Clef des Champs 2011 (grenache, syrah et un peu de carignan) est dans un registre plus puissant. Vinifié en barriques ouvertes et élevé pendant dix-huit mois. Le troisième est encore plus intense et complexe. Le Clos des Cimes 2007 est composé sur les mêmes bases, mais l'élevage s'est prolongé pendant trente-sept mois, en mode semi-oxydatif. On passe résolument dans un autre registre, avec, par exemple, un gâteau au chocolat comme associé. Pour finir, un Clos des Cimes 2010, Sélection du Chateau de Germigney. Guère plus de trois cents bouteilles d'un assemblage grenache-syrah sur la puissance, mais avec une finesse gourmande et droite.

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On est assez surpris, lors d'un passage au domaine, de la jeunesse de l'ensemble et de la détermination de ce couple de vignerons, en vue de la production de grands vins "nature". Certes, la nature environnante, justement, peut les aider à franchir de nouvelles étapes et il ne s'agit pas de s'endormir en chemin. La prochaine échéance qui se profile, c'est la construction d'une maison-bergerie, avec si possible une cave plus fonctionnelle, sur le flanc nord de la montagne, près d'une petite bergerie en ruine, avec vue imprenable sur... le futur!... On devine que d'autres projets peuvent voir le jour, avec ses esprits volontaires et opiniâtres, qui n'auront sans doute pas besoin de l'approbation d'une multitude de personnes.

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Ce qui est agréable, c'est qu'il est facile d'en parler, en toute simplicité, en dégustant une succulente tapenade maison, préparée de la main même de l'aieule, en appréciant un jambon de pays, dont le goût se grave dans votre mémoire ou en se régalant, avant de partir, d'un nectar d'abricots comme on en voit si peu. "Fabrication artisanale", c'est écrit sur l'étiquette, mais à ce niveau de qualité, on se dit qu'il n'y a pas un monde finalement, entre l'artisanat et la dimension artistique, que prennent parfois certaines productions agricoles et viticoles. Il est des rencontres qu'on aime faire, parce qu'elles vous laissent croire, certains jours, que quelques pas de plus sont possibles, alors que vos yeux gardent sans cesse un oeil dans le rétroviseur. Étonnez-vous, en gravissant les cimes!...

Vincent Quirac, Clos 19 bis : quand t'es dans le désert...

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... depuis trop longtemps!... Il était une fois un Basque qui arpentait le Sahara, comme guide au pays touareg, pour des cohortes "d'aventuriers" post-modernes, venus des grandes métropoles européennes, se confronter au grand frisson des nuits passées à la belle étoile, entre deux dunes du Grand Erg. Après de nombreuses années passées au rythme de la caravane (ou du 4x4), il éprouve le besoin de voir sa petite famille grandir et de poser son sac à viande. Mais comment faire?... Nous sommes en 2001. Des avions s'explosent dans des fenêtres nord-américaines. Les agences spécialisées pour les destinations sahariennes en connaissent le contre-coup. Il y a, du jour au lendemain, moins d'aventures sur cette terre. Vincent Quirac se met à la comptabilité de l'entreprise qui lui réserve un poste, au vu de son ancienneté. Mais, avant même d'avoir sorti les livres de comptes des étagères du siège, il comprend qu'une reconversion sans le grand air est absolument impossible.

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Cap sur Bordeaux donc. Il ne connaît rien au vin, mais, se fiant à sa bonne étoile, pense qu'une porte s'ouvre là sur son futur. Après une formation qui lui apporte l'essentiel, il travaille pendant quatre ans dans divers endroits. La première année, il la passe chez un ami d'enfance, Patrice Lescarret, au Domaine Causse Marines à Gaillac. "A seize ou dix-sept ans, on draguait les mêmes filles en allant dans les concerts!..." Après ces premières années et quelques souvenirs plus ou moins bons à St Emilion et Cadillac, il décide de se lancer, à la condition que son ami d'enfance le suive au cours de ses premiers pas. "Il m'a aidé de façon extraordinaire... et même jusqu'à l'an dernier, quand l'urgence et les difficultés du millésime se sont présentées."

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Pour trouver quelques vignes, il passe une petite annonce dans une revue viticole. Très vite, il reçoit un appel lui proposant quelques arpents dans un bon coin. Il s'agit de 80 ares de rouges (25% de cabernet sauvignon, 25% de cabernet franc et 50% de merlot) et de 20 ares de blancs, qu'il destine à la production d'un Graves Supérieures, du côté d'Illats. Les sols sont variés, avec une zone plus sableuse et une autre plus argileuse. Quelques graves apparaissent sur, semble-t-il, un socle calcaire intéressant. Ces vignes se portent bien, mais elles ont une configuration peu orthodoxe. Plantées à trois mètres, ce qui est désormais interdit, elles vont lui permettre de planter des rangs supplémentaires.

Le tout est labellisé bio depuis le millésime 2012. Il apprécie cette année d'avoir eu peu de traitements à faire du fait de la météo, puisque le printemps pluvieux et frais a enchaîné sur un bon anticyclone. Il ne goûte guère en effet les traitements à dos et va s'équiper pour avoir moins de travaux pénibles, sans compter le travail du sol qu'il effectue au moyen d'un motoculteur.

Du côté de Sauternes (un vin que le vigneron de Pujols sur Ciron n'apprécie pas outre mesure, sauf quand il a du répondant acide, comme avec les chenins de Loire, dont il est fan), la pression immobilière n'est pas un vain mot. La parcelle de 58 ares de vieilles vignes dont il dispose est devenue constructible et il devra peut-être l'abandonner avant longtemps. Malgré le résultat obtenu avec le 2010, il ne s'affole pas plus que cela (toujours sa bonne étoile!). D'ailleurs, il a depuis quelques temps une autre piste à Preignac, au coeur du village, à quelques centaines de mètres de l'église. Une parcelle entourée d'un haut mur, près d'une maison appartenant à une personne vivant le plus souvent en Andalousie, peu exigeante en matière de fermage... Et puis, sa parcelle actuelle n'est pas des plus simples à gérer. Entourée d'arbres, un certain nombre de rangs sont dédiés à des oiseaux, voire des lapins percepteurs, qui prélèvent leur dîme.

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De plus, vue son exposition, l'ombre de l'après-midi complique la maturité de l'extrémité de quelques rangs. Résultat : guère plus de 7 à 8 hl/ha!... Et voilà que depuis quelques temps, une plante invasive probablement asiatique, venue d'un proche jardin, dont une haie se développe dans un coin de la dite parcelle, prend ses aises et essaime dans les rangs!... Un fléau qui semble se plaire dans le sol sableux (sur un sous-sol de coquillages fragmentés, selon certaines sources et où l'on trouve aussi des galets assez typiques de ceux d'un ancien lit de rivière) et qu'il va falloir combattre très vite. Pourtant, à l'exception de 2012, ces quelques arpents ont eu, jusque là, la capacitéà produire de beaux raisins largement botrytisés, donnant de jolis jus. Il faut dire que la cueillette et le pressurage tiennent du travail d'orfèvre : cinq caisses ramassées chaque matin, utilisation d'un pressoir à jus de pommes permettant d'obtenir cinquante litres par jour, rebêchage manuel du marc pour une seconde pressée très douce, pas de rafles écrasées. Après débourbage, fermentation en barriques (qui furent neuves en 2010), puis "élevage" en cuve inox, à partir de janvier ou février pour un an. Au final, un Sauternes ciselé, tel le 2010, issu à 90% de sémillon et 10% de sauvignon et produit d'une fin d'été cinq étoiles, avec beaucoup de soleil de la mi-août aux vendanges, des nuits fraîches et beaucoup de botrytis cinerea.

Si Vincent Quirac qualifie ses vins de "naturels", il admet volontiers que l'ajout de SO2 qu'il pratique est légèrement supérieur à la "norme des vins naturels", mais qu'il la situe à ce niveau, du fait de sa courte expérience (six millésimes), tout en restant largement en dessous des doses admises pour les vins conventionnels. Il s'amuse au passage d'ailleurs, des railleries d'Alain Déjean qui, se moquant gentiment, le surnomme "le chimiste", malgré ces quantités très raisonnables!...

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Son Graves rouge est donc issu à 50% environ de merlot, vinifié pour partie en macération semi-carbonique. Les deux cabernets composant le reste de l'assemblage et passant par des fermentations classiques et vinifications traditionnelles. Le volume est là plus important, puisqu'il est question, en moyenne de quatre mille bouteilles, auxquelles il faut donc ajouter six cents flacons de Sauternes (50 et 75 cl) et guère plus de trois cents de Graves Supérieures, en moelleux. Pour ce dernier, il s'agit jusqu'à maintenant d'une production variable selon le millésime et passant allègrement de 80 à 160 gr de sucres résiduels, au grand dam de certains cavistes!... Mais, il est libre, Vincent!...

Lorsqu'on se lance dans une telle aventure, il vient à l'esprit de tout un chacun, en premier lieu, la difficulté liée à la vente des bouteilles disponibles. Il faut se créer une dynamique commerciale. Ce qui ne manqua pas d'interpeller Patrice Lescarret, qui promettait à son ami, quelques belles et nombreuses matinées sur les marchés de la région, à l'image des débuts de Didier Michaud, avec Château Planquette. Mais, là encore, toujours la bonne étoile!... Il se trouve qu'un de ses voisins les plus proches à Bordeaux était Fabrice Moisan, corrézien de Tulle et caviste passionné (Le Verretigo, puis l'Univerre), connu pour sa carrière à la SNCF, mais surtout pour les somptueuses cartes des vins des établissements qu'il a gérés, avec un mix de grands noms de toutes origines et quelques inconnus rencontrés ici ou là. Lorsque ce dernier apprend que le vertueux et célèbre vigneron de Gaillac intervient dans la gestation de ce tout nouveau Clos 19 Bis, il dresse l'oreille et plus encore, les papilles. Résultat, une diffusion immédiate vers quelques grandes tables et cavistes, qui ne s'est jamais démentie depuis.

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Même s'il se considère comme un débutant au stade de la découverte, Vincent Quirac a déjà beaucoup avancé en quelques années. Désormais, il envisage d'augmenter un peu la surface de vignes disponibles, en essayant de dégoter du cabernet franc, son cépage rouge de prédilection. Sans doute quelques aménagements sont à prévoir également au niveau de l'ancienne salle de bal du village de Pujols sur Ciron, qui lui sert de chai actuellement, au numéro 19 bis de la rue. Il va donc falloir qu'il fasse de l'oeil à la constellation qui veille sur lui!... Tiens, à propos, en avait-il choisi une, lorsqu'il passait la nuit sous les étoiles, dans le désert?...

Frédéric Meffre et Pablo Höcht, deux compères en Vaucluse

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Mistral gagnant du côté du Plan de Dieu!... Voici deux représentants de la nouvelle génération de vignerons du Rhône Sud, qui font souffler un vent nouveau sur la plaine et les coteaux, du côté de Sablet et Séguret. Leur histoire respective va s'écrire petit à petit. Pas forcément avec les mêmes archives, mais sûrement avec des sensibilités voisines. Pour le premier, il s'agit de donner un plein sens à sa vie de vigneron, en produisant du raisin et en accomplissant entièrement le cycle de la vigne et du vin. Pour le second, il s'agira plutôt de construire, sur une base de passion totale et sur des envies de partages. L'un fait appel aux fées de la fontaine, issues d'une légende locale, l'autre s'amuse presque déjà, quand on l'assure que c'est un crève-coeur d'apprendre qu'aucun vin n'est disponible au domaine!... Frédéric et Pablo. Pablo et Frédéric, attention aux rafales!... Ces deux-là sont partis pour revisiter la production de cette partie du Vaucluse. Et cela devrait se faire dans la bonne humeur. Mais, ne vous y trompez pas, la part de sensibilité qui les anime, associée à une forte détermination, les guident sur des chemins que les amateurs feraient bien de ne pas ignorer. Y'a du talent dans ce paysage baigné de soleil et de vent!...

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~ Frédéric Meffre ~ Domaine Fontaine des Fées ~

Il représente la quatrième génération sur cette exploitation familiale, dont les installations sont situées au bord de la route de Vaison la Romaine. En fait, ni ses parents, ni ses grands-parents n'ont jamais vinifié leur raisin en cave particulière. La vendange coopérative, c'est du solide, dans le pays!... Mais, après ses années de formation, Frédéric Meffrese dit que tout cela n'a qu'un temps. N'en déplaise au landerneau local!... Il débute en 2010 sur une petite partie de l'exploitation et produit quelques cuvées, façon vins de garage. L'année suivante, son ami Pablo, qui travaille lui à Gigondas, au Château de St Cosme, décide de se lancer à son tour, en cherchant quelques parcelles disponibles. Dès 2011, ils achètent du matériel en commun, y compris la cuverie béton (53 et 66 hl!) achetée dans le Beaujolais. Pas du genre à se laisser déborder par un problème de transport!... Malgré leurs moyens limités, ils aménagent les bâtiments d'exploitation et les transforment en cave de vinification. Place à l'imagination, qui côtoie chaque jour le sens du bricolage, voire de l'innovation.

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Frédéric s'est installé sur une petite dizaine d'hectares, issus du domaine familial en comptant dix-huit, mais sept seulement sont actuellement en production, du fait des 2,5 ha de plantes, ce qui est déjà bien pour découvrir et comprendre les terroirs. Non qu'il ignore tout de ces parcelles achetées par le grand père dans les années 60, mais leur conversion en bio, depuis 2009, apporte matière à réflexion et adaptation. Son père disposait voilà peu de 27 ha, dont les raisins étaient destinés à la cave de Roaix-Séguret. C'est encore le cas pour huit ou neuf hectares aujourd'hui. A plus ou moins long terme, le vigneron s'est fixé comme objectif douze ou quatorze hectares maximum, afin de vinifier l'ensemble de manière satisfaisante, avec des vendanges manuelles intégrales. Parmi les aspects d'une expérience acquise auprès de son père, les souvenirs pénibles de traitement sous les rangs, même si le travail du sol faisait partie des choix en vigueur et une forme de sécurité qu'apporte la dispersion des parcelles (plaine et coteau), vis-à-vis des accidents climatiques tant redoutés, mais aussi pour le travail dans les vignes et l'étalement des vendanges, du fait des écarts de maturité. Notons également qu'il dispose de plus de cinq hectares sur Villedieu, non loin de là (et dont la cave coopérative est labellisée bio, eh oui!). Il y a planté 1,5 ha de mourvèdre issu d'une belle sélection massale, complétant un gros îlot de vignes de près de quatre hectares, où l'on trouve aussi une toute jeune plantation de syrah (2012), en fait, une sélection de petite serine venant de Cornas, grâce à un ami pépiniériste.

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Découverte, en compagnie de Frédéric, de ce qu'on peut considérer un peu comme sa vigne fétiche. Nous sommes à l'endroit où les communes de Sablet (où se trouve la parcelle), Séguret et Gigondas se rencontrent. La parcelle domine la vallée du Trignon et le secteur s'appelle St Joseph. Il est le seul vigneron sur ce coteau atypique exposé est, qui regarde le St Amand et son vis-à-vis en AOC Gigondas, appartenant au Domaine Pierre Amadieu, une grosse écurie locale. Le village de Suzette, au coeur des Dentelles, n'est qu'à quelques encâblures. Non loin de là, sur cette rive de la rivière, se situe une fontaine où, selon la légende, les nonnes d'un monastère voisin venaient faire leur ablutions, parfois dans le plus simple appareil. Un berger raconta un jour au village qu'il y avait vu des fées. Ce ne pouvait être que la Fontaine des Fées, nom que le vigneron a donc donnéà son domaine, pour le placer sous de bons augures.

Sur ce coteau à dominante argilo-calcaire, il y a là des vieilles vignes de grenache de près de 70 ans, plus une partie âgée de 35 ans, pour un total d'environ un hectare. Cette remarquable parcelle est complétée de près d'un hectare de quatre clones différents de syrah, plantée en 2009, en gobelet relevé (tailléà trois porteurs). Notez que les plus récentes plantations sont toutes en gobelet sur échalas. En matière tant de conduite de la vigne que de vinification, Frédéric veut construire son expérience. Il prendra donc le temps de quelques essais, comme revenir sur l'idée de la nécessité de grandes surfaces folières, qui peuvent réclamer beaucoup d'eau. Il est assez admiratif des vins de Rayas et du Château des Tours, où les gobelets sont pourtant écimés à ras, pour leur accessibilité. Où est vraiment la vérité?...

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Il faut également noter que le secteur peut apporter de la difficulté, jusqu'au moment opportun pour vendanger. En 2012, il a vendangé là le 8 octobre, ce qui peut comporter des risques, du fait des pluies automnales certaines années. L'altitude moyenne - 350 mètres - y est certes pour quelque chose, mais l'ombre, présente dès 18h30 ou 19h en été, apporte un critère supplémentaire, sans oublier, depuis deux ou trois ans, les dégâts dus aux sangliers. Cependant, mis à part ce dernier point, il y a là matière à trouver une certaine fraîcheur dans les jus issus de ce coteau, d'autant que Frédéric Meffre aime garder les rafles (pas en 2011), même s'il sait qu'un bonne conjonction de tous ces éléments n'est pas facile à obtenir et à maîtriser. On peut également penser que certains cépages blancs pourraient trouver leur place ici-même, ou sur une partie des quatre hectares dont il dispose sur ce coteau de Sablet.

Autour de la maison de ses parents, dans la plaine, on trouve 3,5 ha plantés surtout de grenache et de syrah, cette dernière étant, aux yeux du vigneron, peu adaptée à ce secteur, puisqu'on y constate une certaine mortalité dès l'âge de 25 ans. Ce sont les mêmes terrasses alluviales de l'Ouvèze, aux sols "vainés", selon une expression locale, que pour une bonne partie du Domaine Jean David, situéà 1,5 km à vol d'oiseau. Non loin de là, sur Sablet, il dispose aussi d'une petite parcelle de carignan. A terme, il espère pouvoir planter du cinsault et de la counoise, malgré le décret d'AOC quelque peu limitatif, auquel il reste cependant attaché. La mésaventure de Jérôme Bressy, à Rasteau, sorti de l'AOC locale parce qu'il avait 17% de cépages divers (picardan, counoise, vaccarèse, terret noir...) l'a refroidi quelque peu. Pour ce qui est des blancs, il opte plus facilement pour les terroirs plus frais de Villedieu, avec notamment des plantations de marsanne et viognier sur les coteaux.

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Frédéric Meffre se définit donc comme un tenant de la nouvelle génération, souhaitant sortir de la coopération et valoriser son travail. D'autre part, s'il porte un nom bien connu dans la région (Gabriel Meffre était un lointain cousin de son grand père), il sait à quel point il doit diversifier sa clientèle, basée pour le moment sur une vente directe aux particuliers et à quelques restaurants du coin.

Petit tour d'horizon des cuvées disponibles, en commençant, par le Côtes-du-Rhône blanc 2012. Les vignes sont sur la plaine de Séguret et c'est là le premier vin (avec le rosé) labellisé bio, puisque obtenu après trois années de conversion. C'est pour le moment une production assez confidentielle, puisqu'il n'en existe que trois barriques, issues d'une parcelle d'une vingtaine d'ares. Il y a là 50% de grenache blanc, plus 40% de viognier et un soupçon de piquepoul. Les premiers retours sont encourageants et le vigneron va sans doute prêter une attention particulière aux cépages blancs plantés en 2011 (50 ares de marsanne d'une belle sélection massale et de viognier sur un coteau plein nord et un sol de galets roulés et d'argile) et en 2012 (50 ares de bourboulenc, de clairette et de grenache blanc, sur la plaine et des graviers drainants), sans oublier la petite parcelle de vermentino tout près de la cave, en Vin de Pays. La vendange des blancs se fait en caissettes et passe une petite journée en chambre froide. Les fermentations se déroulent en cuves inox, avec là, un refroidissement très artisanal, au moyen de bag-in-box remplis d'eau et congelés!... Quand on vous dit qu'il faut parfois de l'imagination, dans ce métier!... La fin des fermentations se fait en barriques (fûts venant du Château St Cosme) dans le sous-sol de la maison de ses parents.

Le Côtes-du-Rhône rosé 2012 est issu de 60% de syrah et de 40% de grenache. Pour les deux cépages, la moitié provient d'une saignée et la seconde partie d'un pressurage direct. Une combinaison qui fonctionne bien, de toute évidence, avec une définition sur les petits fruits rouges (cassis, fraise des bois...), assez flatteur, mais franc. En 2011, le roséétait 100% syrah, un choix qui finalement plaît aussi bien à Frédéric. Du côté des rouges, trois vins sont proposés : un Côtes-du-Rhône 2011, assemblage de raisins des trois communes, Villedieu, Sablet et Séguret. 50% syrah éraflée, 30% de grenache et 20% de carignan. Ces deux derniers vendangés en même temps et passant par une semi-carbonique. A noter que tous les rouges sont en levure indigène, ce qui devrait se généraliser très vite pour l'ensemble. A suivre, un Séguret 2011, dont la vendange est pratiquement toute éraflée. 60% grenache et 40% syrah des vignes de la plaine, autour de la maison. Seules les presses passent par un petit élevage dans des barriques de plusieurs vins, avant assemblage avec le vin de goutte. Le Sablet 2011, quant à lui, est issu des parcelles en coteau, du secteur de St Joseph. 70% grenache (vignes de 70 et 35 ans) et 30% syrah (jeunes et vieilles vignes), le tout vinifié séparément puis assemblé. 50% est élevé en barriques de quatre ou cinq vins là encore, pendant un an et 50% reste en cuve. La mise date de février dernier. Toujours dans cette logique d'expérimentations diverses, pour le millésime 2012, les raisins ont été ramassés en même temps et ont co-fermenté. Autre option possible, pourquoi pas un 100% grenache?... Quoiqu'il en soit, cette jolie cuvée gagne en expression épicée notamment, avec une jolie fraîcheur et une finale légèrement acidulée, qui propose des tannins fondus et une bonne persistance.

Frédéric Meffre n'est pas de ceux qui font étalage de leurs certitudes, ce qui peut paraître logique, trois années, c'est très peu. Il prend aussi conscience, cependant, de critères largement valorisant. Ainsi, sur Séguret et Sablet, très peu de domaines disposent à la fois de parcelles en plaine et en coteau. La question peut donc se poser, de faire le choix d'assemblages de secteurs différents ou de mettre rigoureusement en valeur des vinifcations parcellaires. On peut penser que le vigneron va multiplier les essais divers, tout en ne se perdant pas en route, en transformant son domaine en laboratoire. Soyez certains que les avis des amateurs de passage seront les bienvenus, mais le potentiel de cette propriété et la passion qui l'anime mettent déjà l'ensemble à l'abri des fortes rafales de mistral, inévitable si souvent dans la région.

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~ Pablo Höcht ~ Domaine de Crève Coeur ~

On ne sait trop si les débuts de Pablo remontent à 2010 ou 2011. En fait, on n'a pas le sentiment que cela soit d'une très grande importance pour le vigneron. N'y voyez surtout pas de la désinvolture de sa part, car son côté volontiers rieur cache mal une forme de rigueur et de précision, qui ont peut-être pour origine sa formation scientifique d'ingénieur chimiste, suivie à Strasbourg, avec l'arrière-pensée de se lancer, à priori, dans la recherche. A moins qu'il ne se nourrisse quelque peu de la dualité supposée de l'origine de ses parents, avec un père allemand, peintre de son état et une mère française d'origine italienne.

Que faut-il pour passer de la chimie à l'oenologie? Comme chacun sait, il n'y a finalement pas un monde entre les deux matières. La maison parentale, Crève Coeur, située juste derrière le château de Séguret est agrémentée d'une vigne de 5 ares, avec laquelle on fait, tant bien que mal, un peu de vin chaque année. Il y a même une micro-cave sous l'atelier de l'artiste. C'est sans doute, dans ces moments-là que Pablo Höcht se dit qu'il serait intéressant d'en savoir plus, sur ce mystère de la vigne et du vin. Qu'à cela ne tienne, il reprend ses études en filant à Montpellier, jusqu'au diplôme d'oenologue.

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A la sortie de la fac', le néo-vigneron doit façonner son expérience. Il trouve sa place au sein du Domaine de St Cosme, à Gigondas. Dans la même dynamique que son ami Frédéric Meffre, il se lance en 2010 et cherche quelques parcelles. Il en trouve une de deux hectares sur le Plan de Dieu, qu'il convertit aussitôt à l'agriculture biologique et même à la biodynamie, qu'il pratique chez son employeur. Il y a là de vieux grenache plantés en 1955 et du mourvèdre, sur une terre rouge assez sableuse et des galets ronds plutôt typiques de certaines parties de ces terrasses alluviales de l'Ouvèze. Désormais, il dispose de près cinq hectares, avec une parcelle en fermage de plus de deux hectares sur Séguret, vignes appartenant au père d'un copain parti à la retraite et vendant des santons près de l'église du village.

Après la production de 4000 bouteilles en 2010, il est passéà 14000 en 2011. Le grand saut!... En fait, malgré les années de conversion des parcelles n'ayant connu qu'une approche très conventionnelle, il a maintenu des rendements se situant entre 20 et 25 hl/ha, ce qui dénote d'une certaine maîtrise, qui n'est pas sans étonner ses voisins. Pour le vigneron, l'objectif serait de disposer de huit ou dix hectares, pour à la fois en vivre et faire le maximum tout seul. Ainsi, fin 2014, il est possible qu'il prenne en fermage une partie des parcelles de Jean-Claude Leyraud, 2,5 ha à Rasteau et peut-être 2,5 ha en Côtes-du-Rhone.

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Son premier vin, le Côtes-du-Rhône rosé 2012, ou le Rosé du Coucou, est à la fois un clin d'oeil à sa toute première année - "Au début, j'allais nicher de partout!..." réalisant certaines phases successives dans divers endroits - mais aussi l'illustration de ce qui compose un peu son jardin secret, avec la représentation sur l'étiquette de la Pachamama, la Terre-Mère, symbole de la fertilité pour les populations andines. D'ailleurs, dès qu'il peut, il se paie le luxe de quelques escapades en Amérique du Sud. Ce rosé est composé de 60% de grenache et 40% de cinsault, en pressurage direct dans un vieux Vaslin, d'où la couleur assez soutenue. Les parcelles sont situées sur Sablet et Séguret, dans des endroits assez ombragés et frais, ce qui les destine parfaitement à ce type de vin. Et là, il suffit d'attendre la fin de la journée, lorsque la nuit tombe. Glissez-vous à table, sous le tilleul. Servez un peu de melon de pays, quelques tranches de pata negra, à peine de fleur de sel. Mettez un disque de Paolo Conte ou, pourquoi pas Porque te vas. Il ne vous reste plus qu'àécouter le mistral... Et voyager avec lui...

Le premier rouge, un Côtes-du-Rhône 2011, vient de la plaine de Séguret. C'est un 100% grenache, issu de vignes de cinquante ou soixante ans. A partir du millésime 2012, il s'agira pour l'essentiel d'un Séguret, puisque Pablo a procédéà un surgreffage de mourvèdre sur une partie des vignes, afin de satisfaire aux exigences de l'appellation. Le tout passe en cuves béton et les trois quarts de la vendange ne sont pas éraflés. Une tendance quasi générale pour le domaine, sauf pour ce qui est de certaines parcelles bien ciblées par le vigneron. A suivre, le Sablet 2011 (80% grenache et 20% mourvèdre) vient du secteur du Plan de Dieu. Fermentation en cuves béton également et élevé en barriques pendant douze mois, dans le micro-caveau. Ces fûts viennent de St Cosme et sont de belles origines (Taransaud et Dominique Laurent). Ils font la démonstration de l'importance d'un élevage dans des contenants de qualité. A ce stade, le vin est puissant, mais a gardé un croquant remarquable et friand. Du grand art!...

Attention!... Une bonne partie de la production de Crève Coeur est déjà distribuée à l'export. Il va falloir vite jouer des coudes pour trouver les cuvées du domaine, même si Pablo s'attache depuis encore peu de temps à développer soigneusement la distribution de ses vins, dans toutes les directions. D'autant que 2012 (que nous n'avons pas goûté) s'annonce plein de fruit et plus léger que 2011, avec des niveaux d'alcool à 14 ou 14,5° (quand même, mais nous sommes en Rhône... austral!...). Pour le dernier millésime, les vendanges se sont déroulées dès le début septembre, le vigneron craignant les degrés élevés qu'atteint parfois le grenache, cépage largement majoritaire pour le moment au domaine. Vous aurez aussi noté les étiquettes très artistiques choisies par Pablo Höcht. En fait, il s'agit de dessins réalisés par son père (également l'auteur de l'affiche de la Fête d'hUe VIN, à Séguret) et souhaite qu'ils soient différents chaque année. Une agréable perspective pour les collectionneurs, voire les salles de vente.

On se réjouit de deux rencontres comme celles-là!... Parce que la viticulture rhodanienne, qui possède quelques étiquettes parmi les plus grandes stars actuelles, nous laisse entrevoir d'autres sensibilités chez les vignerons de la région. Quelques-uns des plus jeunes n'ignorent rien du passé du Rhône viticole, mais ils vont sans doute marquer leur territoire, parce qu'ils sont passionnés et qu'ils aiment le vin. Et qu'en plus, ils ont des idées!... On peut ainsi citer également Olivier Tropet, au Domaine Pique-Basse, à Roaix, qui s'est installé au début des années 2000, dans des conditions proches de celles de Frédéric Meffre, mais aussi Clément Sini (salariéà ce jour de Marcel Richaud, à Cairanne), avec Les Fumades, à Mondragon et deux ou trois parcelles au-dessus de Bollène, souvent cité parmi les vignerons d'avenir et de talent. Décidément, ça bouge sur les rives du Rhône!... 

Etape et casse-croûte à La Roche Buissière

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Un petit creux sur votre route, du côté de Vaison la Romaine?... En traversant le village de Faucon et en ralentissant du fait des différents dispositifs routiers, mais aussi des virages, vous ne pouvez pas manquer le Domaine de La Roche Buissière, d'Antoine et Laurence Joly. Nous sommes juste à la limite du Vaucluse et de la Drôme. Des Côtes-du-Rhône et des Baronnies. Quelque part entre Provence et Alpes. Au couple, on peut ajouter un autre acteur essentiel : Pierre, le père d'Antoine, un des précurseurs du bio dans la région, qui se bat, auprès de son fils et de sa belle-fille, contre l'arbitraire et les décisions de justice.

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A l'origine, les grands-parents d'Antoine étaient apiculteurs. On ne sait quelle abeille avait piqué Pierre, mais celui-ci était à Paris, en mai 1968, au coeur des évènements du printemps, qui ne manquèrent pas de donner quelques idées à certains participants. Il regagne le village familial au milieu des années 70, pour un retour à la terre, option polyculture. Il plante quelques parcelles de vigne, soigne de vénérables oliviers et diversifie ses orientations culturales, sans oublier les abeilles et le miel.

Le label bio acquis depuis les années 80, Antoine et Laurence reprennent le domaine en 1999, année de leur premières vendanges, en vue d'une sortie progressive de la cave coopérative de La Vigneronne, à Villedieu. Depuis 2003, tout est désormais vinifié au domaine. Aujourd'hui, pas moins de 17 ha en Vin de Pays des Coteaux des Baronnies et en Côtes-du-Rhône, le tout composé de grenache, syrah, cinsault et mourvèdre, sur les communes de Faucon et Mérindol les Oliviers, ainsi que dans les Baronnies, à 400 mètres d'altitude.

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Si le caveau, au coeur du village, est ouvert depuis 2000, les premiers gros investissements destinés à l'aménagement des installations datent de 2001. Une modernisation qui se voulait incontournable, tant le vigneron voulait opter pour une grande qualité de la vendange et l'exigence de vinifications naturelles. Depuis 2004-2005, la production (600 à 650 hl et, selon les millésimes, de 25 à 35 hl/ha) répond à une orientation "zéro soufre"!... Il faut dire qu'à la dégustation, ce choix semble tirer vers le haut, les vins d'une gamme bien étagée, avec quelques cuvées tout à fait gourmandes, qui deviennent des références en la matière.

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Les visites se succédant lors de notre séjour, un détour par les vignes fut remis à une autre occasion. Mais, nous allions donc pouvoir profiter de la table proposée depuis quelques temps, à savoir le bar à vins, dont la terrasse domine le vignoble. Nous faisons fi du fort mistral, qui menace de mettre à mal la protection transparente et, munis d'une petite laine, nous nous installons pour admirer le paysage lumineux propre à la région, avec ce type de météo.

Première surprise, la présence de poisson sur l'ardoise du jour. En fait, Laurence nous explique qu'ils ont mis au point, avec un copain breton, ne livraison hebdomadaire de produits de la mer océane, venant en droite ligne de Roscoff. Sinon, c'est volontiers tapas, assiettes fraîcheur ou charcuteries de qualité. Et une tapenade tip-top avec le Côtes-du-Rhône rosé du domaine, façon pressurage direct des quatre cépages!... Après avoir apprécié notre plat du jour (option viande) et notre salade composée, nous passons un peu de temps avec Laurence et Antoine, pour passer en revue l'essentiel des cuvées disponibles.

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Avec Flonflons (AOP Côtes-du-Rhône) et Petit Jo 2012 (Vin de France), chacun trouvera un vin de soif à son goût, selon que l'on préfère une dominante de syrah ou de grenache. Petite Jeanne (Côtes-du-Rhône) et Prémices (100% grenache pour celui-ci)  ont des orientations résolument vin de soif et de fruit, que l'on peut apprécier légèrement frais. C'est aussi selon les goûts pour les deux hauts de gamme, destinés à quelques années de garde : Le Claux 2010, très Rhône, tonique et droit, avec 90% de grenache et le reste de syrah et Gaïa 2010, avec une large majorité de syrah issue de vignes en coteaux et du grenache pour compléter, à la fois solide et élégant. Ces deux derniers sont en AOP Côtes-du-Rhône.

Indiscutablement, La Roche Buissière a de beaux atouts et les vins proposés ne manquent pas de séduire les visiteurs de passage, mais aussi de plus en plus d'amateurs, un peu partout. Des vins dont le fruité très propre et le naturel s'impose à tous. Des cuvées qui portent la lumière et le vent de la région. Des bouteilles à partager avec quelques amis, autour d'une table, sur une terrasse ombragée, parce que le vin, c'est aussi cela : un rendez-vous avec le plaisir.

Gérald Oustric, Le Mazel, à Valvignères (07)

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Valvignères, un petit village viticole du Sud-Ardèche. Un endroit où la production de canons n'est pas le seul combat. D'autres sont sans doute à venir, mais le clan, la tribu des Azzonoustrics est prête, non seulement à nous régaler, mais aussi à démontrer qu'il ne peut y avoir de gaz (de schiste) dans le vin. A la rigueur l'inverse, mais pour remplacer l'eau!... Une première échéance est passée, mais l'actualité récente nous montre que la vie et les menaces de mort ne sont qu'un éternel recommencement. Et il faudra être sans doute nombreux à les soutenir, si ces dernières ressurgissent, au nom de l'on ne sait quel avenir et/ou indépendance énergétique. No passaran!...

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Mais, il n'y a pas que les banderoles de la colère à Valvignères. Avec Gérald Oustric, sorte de pilier de la Vallis Vinaria, il est parfois question de botanique ou d'entomologie, voire de poésie active : "Les cigales sont plus farouches cette année, elles n'entrent pas dans le tracteur." Il est question aussi de vignes et de vins, parce que le natif du village même - il a vu le jour au premier étage de La Tour Cassée, devenue un rendez-vous incontournable des amateurs de cuisine libre et de vins naturels - connaît bien le sujet de la viticulture locale, avec ses trente années passées à vinifier et à promouvoir les vins pur fruit, pur jus.

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Gérald Oustric a donc succédéà ses père et grand-père en 1983. pendant les quinze premières années, il travaille pour la cave coopérative, avec au maximum une trentaine d'hectares. "C'était le temps béni où nous pouvions prendre des vacances au mois d'août!" En 1998, il exprime le voeu de sortir une partie des vignes pour créer une cave particulière, mais les négociations se passent mal. Il va donc créer un GAEC (Groupement Agricole d'Exploitation en Commun) avec sa soeur Jocelyne et créer Le Mazel, du nom du lieu-dit où se situe une grande partie des vignes, sur la route d'Alba la Romaine.

Jusqu'en 2007, il va travailler chaque jour ou presque (et oublier le temps de vacances!) sur ces trente hectares, tout en oeuvrant pour la dimension collective des vignerons de ce petit coin de l'Ardèche, où on compte aujourd'hui pas moins de 600 hectares de vignes, ce qui en fait la deuxième commune après Alba, pour les surfaces exploitées hors appellation. Il faut noter que ce secteur de Valvignères était très largement planté de cépages hybrides, voilà moins d'un demi siècle et que le village, contrairement à beaucoup d'autres, tarda àévoluer vers les cépages dits nobles, au point que des manifestations eurent lieu, afin que soient conservés les fameux hybrides. Mais, les primes de plantation eurent raison de ceux-ci, en même temps que l'arrivée de maladies sur ces vignes supposées résistantes et par là même, la baisse des rendements, ne pouvant que les condamner aux yeux des coopérateurs, appréciant souvent de battre des records de production. Les tensions finirent par s'appaiser et ceux qui, comme ses aïeux, avaient planté grenache et syrah dès 1956, eurent gain de cause.

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Après une dizaine d'années de dur labeur sur une trentaine d'hectares, Gérald Oustric voit arriver pour les vendanges, quelques jeunes prêts à se lancer dans l'aventure. Il y voit sans doute l'occasion de réduire la toile ou de dégraisser le mammouth, selon une formule bien connue et le tout en douceur. D'autant que certaines parcelles sont relativement lointaines du coeur du domaine et qu'une bonne partie (20 ha environ) est d'un seul tenant.

En 2007, il cède donc quatre à cinq hectares à Andréa Calek, du côté de St Philippe, où le jeune vigneron tchèque va faire ses armes, avec le talent qu'on lui connaît et reconnaît désormais. En 2009, c'est au tour de Sylvain Bock "d'hériter" de quelques arpents, dont le grenache blanc et de se lancer dans l'aventure avec sa propre sensibilité, comme c'est d'ailleurs le cas pour tous les membres de la tribu locale. Ce n'est d'ailleurs pas la moindre des réussites pour les "mentors" Oustric et Azzoni, que d'avoir mis sur les rails ces quelques talents, en constatant désormais autant d'expressions diversifiées, dans le registre des vins nature. Notons que Gérald a souvent dit, ces dernières années, qu'il ne voulait conserver qu'une quinzaine d'hectares et donc qu'il y avait la place pour un troisième larron souhaitant s'installer, mais finalement, il devrait rester sur les 19 ou 20 hectares dont il dispose désormais, "sauf pour dépanner quelques temps".

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La matinée est belle pour circuler à pieds dans les vignes. On découvre les grenache notamment, qui souffrent d'une coulure pour le moins présente cette année, ce qui n'est pas sans inquiéter le vigneron. C'est un peu une préoccupation générale d'ailleurs, sur les deux rives du Rhône sud, vu la proportion de ce cépage dans la plupart des domaines. Nous passons aussi en revue viognier, chardonnay et syrah. Pour chacun de ces cépages, Gérald nous explique ses choix en matière de conduite des vignes (presque toutes palissées) et de taille (parfois cordon de royat double), après bien des années d'observation. Nous remarquons aussi l'enherbement un rang sur deux, conséquence du très difficultueux millésime 2008, au cours duquel, une grosse attaque de mildiou anéantit grenache et carignan. Les sols travaillés intégralement à cette époque et de plus gorgés d'eau par des pluies régulières, interdirent tout passage du tracteur, avec les effets qu'on imagine.

Mais, les mésaventures liées aux méfaits du climat ne sont pas rares. Ainsi, le gel d'hiver, début 2013, n'est pas sans conséquences également : des températures assez élevées en décembre ont sans doute déclanché une poussée de sève, mais lorsque le froid survint en février (-15° pendant plusieurs jours), de nombreux ceps ne résistèrent pas. Par chance, la situation ne s'est pas compliquée (jusqu'au début de l'été) du fait des averses de grêle, comme dans d'autres régions. Un phénomène qui laisse parfois les vignerons perplexes, tant certains d'entre eux semblent exposés régulièrement, chaque année ou presque et d'autres plutôt "protégés". Ainsi, Gérald Oustric rappelle qu'il y a deux décennies, la grêle faisait souvent du dégât, alors que le quartier d'Intras, sur la commune de Gras, à trois kilomètres à vol d'oiseau, n'était jamais affecté par ces nuées ravageuses. Le souvenir même lointain d'une violente averse, en plein épamprage, semble avoir laissé quelques traces amères dans sa mémoire. Or, aujourd'hui, chacun remarque que la situation s'est inversée. Pourquoi? Quelles raisons ont pu modifier à ce point les effets du phénomène? On observe l'implantation de lignes à haute tension dans le voisinage, ou encore de grosses coupes de bois sur le haut du coteau... La raison est peut-être ailleurs et une analyse purement scientifique n'est pas aisée et sans doute jugée inopportune, mais les vignerons de la vallée ne souffrent désormais seulement que d'averses rarement virulentes.

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En ce moment, le vigneron du Mazel aime àévoquer ses nouvelles plantations. Non pas des cépages comme le portan (croisement du grenache noir et du portugais bleu, prévu à l'origine pour remplacer le grenache!...) ou le caladoc (croisement du grenache noir et du cot ou malbec), fruits des recherches de l'INRA et pas non plus du pinot noir ou du gewurztraminer, que l'on voit poindre sur les coteaux voisins, à l'initiative des coopérateurs à la recherche de nouveaux débouchés, mais des arbres fruitiers de toutes sortes, ainsi que des chênes truffiers. Il s'agit là sans doute de tenter de cultiver une plus large biodiversité et peut-être d'encourager une certaine forme de polyculture, formule vers laquelle les plus récentes générations de vignerons pourraient s'orienter avant longtemps.

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Tous les visiteurs du Mazel ont pu découvrir les installations construites dans le coteau et leur grande fonctionnalité. Certes, elles peuvent paraître un peu démesurées, mais elles furent conçues à l'origine pour une trentaine d'hectares. Elles permettent d'utiliser la gravité lors de chaque phase de la vinification, jusqu'à la mise. Bien sur, les trente-cinq cuves inox, les trois foudres en bois et les huit cuves en béton (pour certaines vinifications) impressionnent, mais elles offrent désormais une grande souplesse au vigneron, dans son approche exigeante de la production de vins naturels, rigoureusement sans soufre.

Un choix qui date de son installation en GAEC, dès 1998, grâce à une rencontre essentielle et déterminante avec Jacques Néauport, très connu à l'époque dans le monde des vins dits nature, intervenu pendant dix ans, lors des vinifications. C'est à cette époque que percent les Marcel Lapierre et Pierre Overnoy, par exemple et que d'autres se lancent, tels les Thierry Puzelat, J-F Nicq (à la cave d'Estézargues), Eric Callcut et autre Jean Maupertuis, avec Stéphane Majeune, au Domaine de Peyra. D'autres, comme Gilles Azzoni, allaient suivre aussi ce chemin non dépourvu d'embûches. Lors de cette période, Gérald Oustric va asseoir son expérience et définir les grandes lignes de la méthode, qui fait de lui désormais, un référent indiscutable en matière de vins naturels, que d'aucuns jugent parfois extrêmes, surtout parce qu'ils craignent les chemins tortueux et très exigeants, tout au long de leur production.

Les grandes lignes tiennent en un passage en fûts pour tous les vins. Des barriques de plusieurs vins, mais de très bons tonneliers, pendant environ un an en moyenne pour les rouges, deux ans pour les blancs. Pour toutes les cuvées, à peu près le même cycle : fermentation en cuve (se terminant parfois dans les fûts), élevage en bois et retour en cuve inox pendant au moins un mois avant la mise, afin d'obtenir une homogénéité optimale. Lors de toutes ces phases, jamais de soufre, qui ne fut utilisé naguère que pour quelques ventes au Danemark, à la demande de l'ancien importateur dans ce pays. C'est le gaz carbonique, présent naturellement, qui fait office de protection des jus pendant tout ce temps.

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Malgré la chaleur ambiante, nous découvrons une série des vins prochainement disponibles, d'une remarquable fraîcheur et d'une grande spontanéité. Le viognier 2010 (cuvée Mias), avec quatre ou cinq grammes de résiduel, rivalise de séduction avec le chardonnay 2010 (cuvée Les Lèches?), tonique à souhait, malgré quelques sucres supplémentaires. A suivre, le portan 2011 (cuvée C'est Im-Portant) se fait espiègle et d'un joli volume agréable et flatteur. Celui-ci a passé un peu moins de temps en fûts que les autres rouges. La syrah 2011 (cuvée Larmande), mise en bouteilles prévue ce mois d'août, est pleine d'un fruit gourmand et dotée d'une belle dynamique. Enfin, le carignan 2011 (cuvée Raoul, absente depuis 2005) est d'une remarquable élégance et d'une finesse pleine et voluptueuse. On note que, depuis dix ans, les assemblages en rouge sont rares, ceci étant dû aux circonstances et à certaines difficultés à la vigne, plutôt que par goût du vigneron. En effet, les volumes de carignan étant plutôt rares, ils prennent parfois d'autres directions. Le grenache se révèle, quant à lui, assez irrégulier, du fait notamment du phénomène de coulure, devenant quelque peu récurent et la syrah atteignant, a contrario, des volumes assez réguliers de 40 ou 45 hl chaque année.

Comme on peut le constater, Gérald Oustric semble avoir trouver, en quelque sorte, sa vitesse de croisière. Restant attentif à ce que l'Ardèche peut donner de sincère et de bon, mais pas uniquement pour ce qui est des vins. C'est un référent en la matière, mais c'est aussi une sentinelle pour la qualité des produits. La conversation déborde aisément vers les produits "bio" en général, dont on dit volontiers que leur consommation ne cesse de se développer, alors que le constat le rend pour le moins circonspect. Ainsi, il ne manque pas de rappeler que si la cave coopérative de Bourg-St Andéol est désormais passée en bio à 100%, elle pèse relativement peu au sein de l'UVICA, union regroupant les coopératives ardèchoises, qui n'ignore pas que la consommation de vin bio ne dépasse guère 10% du volume. La cave bio sert un peu d'alibi dans l'affaire, permet de développer une certaine communication, mais ne sera rejointe par d'autres que si le jeu en vaut la chandelle. Dire qu'il y a une véritable volonté politique derrière tout ça reste à démontrer. On peut appeler cela de la prospective maitrisée. Pour ce qui est des choix orientés par des motivations touchant à l'impact sur l'environnement, c'est une autre histoire!...

L'autre exemple que le vigneron de Valvignères connaît bien, c'est l'association qui a permis d'ouvrir un magasin réunissant des producteurs bio, à Aubenas. Très vite, on se rend compte qu'à différents niveaux, il est très difficile de trouver des produits de maraîchage ou de la charcuterie, par exemple, si bien que pour satisfaire la demande, il faut s'approvisionner en Italie!... Seule orientation possible, l'attribution d'aides pour que des producteurs de cochon passent en bio!... Une situation qui chagrine pour le moins le militant qu'est resté Gérald Oustric. Certes, il ne désespère pas de constater une franche évolution des habitudes de consommation, mais s'il mesure aisément les enjeux, il n'ignore pas tout ce qui contrarie les avancées, qui ne restent que des sauts de puces. Heureusement, la tribu vigneronne et ardèchoise continue de s'élargir, comme nous le verrons prochainement. Ce qui ne peut que réjouir les amateurs de vins vivants, prêts à militer en faveur d'un avenir cohérent et... goûteux!...  

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