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Channel: La Pipette aux quatre vins
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La Baule Les Vins

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LiLi drop - sur ma mob

Après le boulot, j'ai sauté sur ma mon MOB!... Ca me rappelle mes jeunes années, lorsque, l'été venu, je filais sur la côte, du côté de St Gilles-Croix de Vie (ben, ce n'était pas tout à fait La Baule!...) histoire de passer le week-end avec les copains, prendre quelques coups de soleil, conter fleurette aux Parisiennes en villégiature et descendre quelques bières, ou trois-quatre verres de Muscadet avec des berniques poêlées!...

C'est un peu ce qu'une vingtaine de vignerons du Pays Nantais a fait en ce samedi de fin d'avril, où il n'était pas forcément opportun de se découvrir d'un fil (dommage pour la "plus belle plage d'Europe"), mais plutôt de passer le t-shirt sur la chemise.

007MOB pour Melon of Bourgogne, une première pour l'association des Vignes de Nantes, avec le soutien du Garage à Vins, caviste au Pouliguen. Ce n'était donc pas La Baule Les Pins, mais bien La Baule Les Vins!...

La formule est de Jo Landron et résume bien la situation : "En fait, du top ten du Muscadet, ici on est vingt!..." C'était une façon humoristique de répondre à certains visiteurs baulois, qui finalement, connaissent assez peu leur vignoble régional et souhaitaient savoir mieux à qui ils avaient à faire ce jour, dans leur Palais des Congrès, avant de tremper leurs lèvres dans le melon de qualité.

Vingt vignerons donc, qui composent un groupe ouvert. Quelques noms bien connus, d'autres moins, des bios, des pas bios, des "natures" et de rares absents dans ce club qui a pour but principal de promouvoir ce qui se fait de bon et tirer vers le haut toute une région. Jo Landron aime à rappeler au passage qu'il est temps que la viticulture nantaise valorise ses cuvées de grande qualité. Pas de complexes!... Après tout, lors de dégustations à l'aveugle, il arrive qu'un vin de la région fasse la nique à d'autres vins d'appellations dites prestigieuses!... De plus, tous ceux qui dégustent les parcellaires issues des villages nantais le savent bien : les muscadets sont multiples!... Dans un même domaine, on peut désormais apprécier des vins foncièrement différents, exprimant toutes les facettes des terroirs du Pays Nantais.

Après une découverte des vins de Joël Bouvet, installé au Domaine des Rebourgères, à Maisdon sur Sèvre, petit tour auprès de Vincent Caillé, qui présentait une jolie série, de son Gros-Plant à Opus n°7, en passant par son Monnières-St Fiacre 2010, bien en place désormais et sa cuvée vedette, Je t'aime mais j'ai soif, une cuvée pur plaisir, mais pas que!... Un plaisir qui pourrait bien être renouvelé le samedi 20 juin prochain, à la Librairie Agora, à La Roche sur Yon, à l'occasion de la journée dédicace-dégustation de Tronches de vin n°2!...

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Ensuite, retour sur les cuvées disponibles de Julien Braud, un autre monnièrois, histoire aussi de fixer un prochain rendez-vous au domaine et apprécier sa cuvée de printemps 2014, qui vient d'obtenir, lit-on, une médaille d'or au concours des vins de Monnières, au nez et à la barbe de l'élite locale!... Dont certains membres ne manquèrent pas, à l'issu du scrutin, de s'enquérir de la méthode. Une sorte d'ouverture, à l'image de ce salon, que Julien apprécie, car, comme d'autres tenants de la nouvelle génération, il ne se voit pas intégrer définitivement une quelconque chapelle restrictive.

Jérôme Bretaudeau, de Gétigné, multiplie toujours les expériences au niveau des élevages. Après les cuves ovoïdes, voici l'heure des amphores venues de Toscane. Un joli gamay à déguster et bien d'autres cuvées à apprécier au domaine avant longtemps. D'autres pistes à suivre avec Marion Pescheux, la compagne de Manu Landron. Le couple ne cache pas, parfois, son inquiétude à propos des retards qui s'accumulent et des tâches qu'il faut remettre au lendemain. Et puis, en ce samedi, avec les petites pluies des dernières heures, certains se verraient mieux dans les vignes, après ce mois d'avril sec... Mais, un salon sert aussi à cela : à l'heure de la pause casse-croûte, les vignerons évoquent la saison en cours et ceux qui craignaient d'être en retard, se rendent comptent rapidement que tous les domaines, ou presque, sont dans la même situation.

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De son côté, Marc Pesnot, que d'aucuns surnomment l'OVNI du Muscadet, gère la crise. Dans le sens, où il n'a plus rien de disponible au domaine!... Côté vins, les 2014 sont toujours en cuves. Si la Folle Blanche est proche de la mise, les autres vins comptent encore des sucres, mais ne manquent pas de charme. L'expression aromatique semble préjuger d'un bel avenir!...

Jo Landron, en partance le lendemain même pour Barcelone, propose aussi une belle série, en s'attachant à faire découvrir ses terroirs différents à des habitantes de La Baule, qui ne manquent pas de signaler au vigneron de La Faye Fouassière, qu'elles connaissent bien son village, mais à travers les vins d'un vigneron du cru et ce, depuis trois générations!... Dans le Muscadet, il faut aussi savoir se battre contre l'immuable!... En attendant, Amphibolite 2014 est doté d'un beau potentiel, même si quelque peu serrée à ce stade. Elle devrait faire des heureux avant longtemps!...

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Après avoir apprécié trois cuvées du Domaine de l'Ecu, en l'absence de Fred Niger, ayant déjà franchi les Pyérénées, pour cause de Renaissance en Catalogne dès lundi et pour finir, retour sur les cuvées de Rémi Sédès, qui a ramené au pré, à St Herblon, en Coteaux d'Ancenis, Tocade et Céleste, ses deux juments, dont l'aînée, Tocade, a pu participer au travail des sols. Enfin, découverte d'un des voisins de Rémi, qui a pu, lui aussi, se lancer grâce àJacques Carroget, mais demeurant à Montrelais : Mathieu L'Hotelier, briochin d'origine, qui fait un peu office de pirate du MOB, puisque, sur ses deux hectares, il ne dispose pas, à ce jour, de melon de Bourgogne!... Du chenin côté blanc, du gamay associéà du grolleau et même un soupçon de 54/55 pour le rouge et des cuvées très nature, mais tout à fait plaisantes!... D'ailleurs, le chenin 2014 allait s'entendre à merveille, le soir même, avec une poêlée de patagos à la crème, chorizo cular et toasts grillés à la sobresada, le tout accompagné d'un riz safrané. Olé!... Mais, ne vous y trompez pas, le MOB ne tenait pourtant pas vraiment de l'auberge espagnole!...


Sébastien Barrier : Savoir enfin qui nous buvons!...

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Vendredi 1er mai, deux heures du mat', j'ai pas d'frissons, j'cherche mes lunettes et j'monte le son. Je viens de remettre Transformer, un classique de Lou Reed, que je me passe en boucle, en ce moment, dans la voiture. Il tombe des trombes d'eau depuis plus de douze heures sur la Vendée et Les Sables d'Olonne. La Chaume, devrais-je préciser!... Le muguet va être rincé!... C'est Yvo, la dépression atlantique du jour qui nous amène la pluie absente depuis le début avril, ou presque.

11168037_10206494784466357_1462779331521923425_nJe sors de la salle des fêtes avec mon verre de Chinon 2008 de Jérôme Lenoirà la main, l'ultime vin de la soirée ligérienne proposée par Sébastien Barrier, Marathon Man du vin naturel (avec un faux air de Yannick Noah sur la photo de son mur de Facebook!), qui vient de mettre un bouchon final à cette fresque humaniste sans pareil. Les villes l'accueilllant, parlent souvent d'un spectacle de trois heures trente, voire quatre heures, lorsqu'on les interroge sur la durée. En fait, c'est plutôt six heures trente, parfois sept heures. "Il m'arrive de perdre quelques spectateurs en cours de route..."

Sous l'abri, à l'entrée de la salle, un de ces spectateurs semble dans l'embarras. "Vous avez votre voiture à proximité?... J'ai laissé la mienne de l'autre côté du chenal, mais après minuit, il n'y a plus de passeur!..." Il est à peine moins inquiet que celui qui retrouve sa berline sur un quai à marée haute et je vole donc au secours de ce Sablais mal renseigné sur l'horaire, peu disposéà faire une bonne heure de marche à pied, afin de passer sur l'autre rive et retrouver son véhicule, surtout avec la météo de la nuit!... Remarquez, comme formule de dégrisement, c'est pas forcément mal. En fait, ce qu'il manque aux Sables, ce sont des stations de Vélib' ou d'Autolib'!...

Quelque huit heures plus tôt, le temps de passer àLa Cave se rebiffe, chère àLaurent Taupin, sur le Remblai, j'ai déjà pris une bonne douche en parcourant quelques dizaines de mètres, du parking au 45 de la Promenade Clemenceau. Mais, l'un des rares exemplaires restant disponible de Tronches de vin n°1, arrivé de Lorraine depuis peu, a désormais vue sur mer.

11175056_10206494567460932_1405624918461806049_nSébastien Barrier, c'était aussi naguère Ronan Tablantec, que les amateurs de vins naturels ont pu croiser lors de Vini Circus, version Antony Cointre, du côté de Dingé ou Hédé. Avec lui, c'est une marée haute de mots, une grande crue pour quelques grands crus qu'on adore et que nombre de personnes dans l'assistance découvrent, pour la plupart.

Des mots qui courent dans les vignes, de la taille aux vendanges, à moins que ce ne soit l'inverse. Et puis à la cave bien sûr. Parfois des cris pour se souvenir du temps d'avant 2005, année au cours de laquelle il a découvert ces vins dont on s'enivre parfois et qui ne laissent que les traces de souffrance de certaines cuites du passé. Pour Ronan-Sébastien, c'est du vécu, de l'ethno sur pièces (de 400 litres). On devine cette envie d'avouer qu'un jour, tout a basculé. De ces breuvages qu'il ingurgitait et qui lui faisaient mal au-delà de la dose admise par son organisme, à tous ceux qui ont sa préférence désormais. Pour un peu, il revêtirait la livrée d'un missionnaire ayant pêché, sur des territoires non-encore cartographiés. Entendez là, par de bonnes cartes des vins!...

L'intro en elle-même dure deux bonnes heures, avant d'apprécier un premier pét' nat' rosé de Pascal Potaire et Moses Gadouche!... Il faut dire que Sébastien-Ronan digresse à son aise, tout en rassurant son auditoire : "Après, tout va s'accélerer..." Il faut dire que la mise en place est aux dimensions, au format de la vallée de la Loire. "Nul n'est sensé ignorer la Loire". Il ne pouvait manquer de rappeler ce célèbre aphorisme (et en même temps devise de la Dive) de Sylvie Augereau.

Lorsqu'il devine que son public le lâche pour quelques secondes, il revient sur lui-même, ses origines, son parcours et les hasards de la vie, sans oublier d'illustrer ses rencontres avec les divers services culturels municipaux, qu'il a l'occasion de croiser. "Vous vous en foutez aux Sables, vous avez le Vendée-Globe!... Mais, il vaudrait mieux, peut-être, faire moins de com' et retaper le plafond de la salle des fêtes!..." C'est dit.

10410160_10206495491444031_7648699287339795296_nPuis, il plonge dans l'histoire, par l'entremise de ses années mancelles, celles de son enfance, glissant au passage sur la découverte, en 2009, d'un cimetière de Chouans, au coeur du Mans, à l'occasion du chantier du nouvel Espace culturel, Place des Jacobins. Pas certain que les Sablais n'y soient sensibles outre mesure, nous étions plutôt ici, en 1793, en terre bleue. Peut-être pour rappeler aussi que le vivre ensemble et notre proximité façon XXIè siècle, se nourrissent de tout ce qui se trouve dans nos gènes, la grande et la petite histoire.

Il parle aussi volontiers de ses escales bretonnes, Douarnenez, Brest et Lorient. Puis, soudain, un chat bicolore, blanc et roux, surgit dans le décor. C'est le sien. Ils se sont croisés et simultanément adoptés du côté de Calais, un soir de gala, il y a à peine quelques mois. C'est We-We (prononcer à l'anglaise). En fait, c'est un chat-chien, il revient toujours. La veille, il s'est carapaté pendant le spectacle, afin d'explorer la tortuosité des rues chaumoises. C'est pour cela qu'il s'inquiète, de temps à autres, de sa présence dans la salle. "Avec le temps qu'il fait, j'aimerais éviter de partir à la découverte des rues mal famées de La Chaume, jusqu'au bout de la nuit!..."

Et puis, l'on découvre à quel point il éprouve de la tendresse pour les autres personnages de la pièce : les vigneronnes et vignerons. Ceux qu'il a pu découvrir en une seule soirée, lors d'un Vini Circus. Marc"comment qu's'apelle"Pesnot et sa Bohème, sorte d'ONVI du Muscadet, puis Noëlla Morantin, son chardonnay du jour et ses tailleurs - "vous verriez comme ça lui va bien, le tailleur!" - Agnès et René Mosse, dont la cuvée des Bonnes blanches 2013 exprime, à ce stade, la vigueur du chenin de St Lambert du Lattay, rive gauche du Layon. Avec Thierry Puzelat, on devine une amitié singulière et particulière. Et sans doute, des souvenirs de nuits arrosées et habitées de personnages qui errent dans un autre espace-temps, fréquentant aussi les coffres de voiture!... Des nuits finalement plus belles que nombre de nos jours...

11169903_10206498095589133_7919357445342746944_nPuis survient le trou cochinchinois. On s'attend à devoir ingurgiter un alcool de riz venant en droite ligne de Saïgon!... Comme à d'autres moments, intermèdes musicaux pour l'andouille et les rillons, Sébastien Barrier saisit alors sa guitare et nous entraîne dans une séquence hallucinée en criant les mots, sans doute les maux, du Journal d'un morphinomane, texte sur la dépendance (et la descente aux enfers) écrit par un médecin français dans l'Indochine de la fin du XIXè siècle. Sans doute, faut-il y voir un parallèle avec d'autres dépendances addictives, comme celle de l'alcool... Une version hors du commun, quelque peu suffocante, pour illustrer le théorème moderne : l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, sachez consommer avec modération...

On est presque soulagé lorsqu'on remet les pieds en Coteaux d'Ancenis, chez Agnès et Jacques Carroget, dans un monde vigneron et paysan, que tant de "producteurs" ont abandonné. Leur cuvée d'un soir nous permet aussi de goûter au diaporama final, où surgissent une à une, les images de rencontres inoubliables, voire essentielles. Comme une vie qui défile à cent à l'heure. Nostalgie de l'enfance, amours plurielles d'un "célibataire polygame consentant", qui pour un peu, userait et abuserait de Pièges à fille, une des cuvées de Pascal et Moses, si les traces laissées par les ruptures ne généraient tant de cicatrices douloureuses.

Il ne vous reste que peu d'occasions de croiser Sébastien Barrier, pour Savoir enfin qui nous buvons d'ici la mi-juin. Au 104, à Paris, à Boulazac, en Dordogne et à St Avé, juste à côté de Vannes (56). Il sera lors sur la route qui le ramène à Locmiquélic, aimable petit port de Bretagne Sud, lieu de ressourcement que ne renierait pas Ronan Tablantec.

Vendredi 1er mai, deux heures et demi du mat'. Mon passager de la pluie et de la nuit n'en revient pas d'avoir autant de vins à découvrir encore, lui qui fait partie d'une association amicale et locale visitant le vignoble de temps à autres, comme lors de cette escapade à Cornas qui se profile. Il avoue avoir été scotché par La Bohème de Marc Pesnot et promet de se mettre à la recherche de tels vins ("plus connus à New York et Tokyo que chez eux!) avant longtemps. J'en profite pour lui conseiller la lecture de Tronches de vin n°2, en lui annonçant au passage une séance de dédicace-dégustation, à la Librairie Agora de La Roche sur Yon, le samedi 20 juin prochain (avec un ou deux vignerons), sans oublier les cavistes qui comptent, comme l'a précisé Sébastien Barrier plus tôt dans la soirée et même ceux qui ne sont pas encore ouverts... Comme un challenge, définitivement. En attendant, vu le temps prévu pour ce week-end du début mai, vous pouvez aussi vous rendre sur le salon Sous les pavés, la vigne! cher à l'ami Antonin, qui se déroule ces dimanche 3 et lundi 4 mai, à Paris, dans le XXè arrondissement, cher à mon coeur.

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Julie Bernard, vigneronne nature en Vendée!...

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Il est des rendez-vous spontanés, voire instantanés. Et puis d'autres qui se construisent avec le temps. En fait, dès son installation ou presque, Julie Bernard est apparue dans la presse locale et l'environnement médiatique régional. Pensez donc, une jeune vigneronne qui s'installe en bio, au coeur de la Vendée, qui plus est, en dehors des fiefs revendiqués par le syndicat départemental!... Cela ne pouvait que déclencher une certaine forme de curiosité!... Et puis d'autres, comme Ariane et Alain, de Chéri, pense au vin, que l'on peut croiser sur les marchés de la région, m'avaient très tôt suggéré de la rencontrer. Mais, l'histoire de Julie se construit avec le temps. Installée depuis 2012 ("un millésime qui vaut bien cinq années d'expérience!..."), elle va indéniablement franchir un nouveau cap cette année. 2014 sera le premier millésime labellisé bio. Nouvelles étiquettes, nouvelles cuvées, passage en Vin de France, démarche résolument nature en sus!... De quoi secouer le microcosme... et sa clientèle!...

001Parfois, on devient vigneronne comme on claque une porte. Ici, c'est plutôt Michel Roblin, l'ancien propriétaire des Vignobles de l'Atrie, qui en 2012, s'apprêtait à le faire. A l'heure de la retraite et sans successeur-repreneur, il était sur le point d'arracher les 5,5 ha qui composent son domaine. Des parcelles pourtant dotées d'une histoire vieille d'un siècle, mais hors appellation. Il faut dire que, voilàà peine quelques décennies, tous les agriculteurs, éleveurs ou maraîchers de Vendée avaient leurs rangs de vigne, leur permettant de produire le vin de table de la famille. Il y avait bien sur moult hybrides, comme ici du Baco et du 26000 (en fait, très probablement du 26205 Joannès-Seyve, ou chambourcin), voire du 54-55 et le célèbre noah, le vin qui rendait fou!... Mais, cela fit qu'en 1987, la Vendée était le troisième département pour le nombre de déclarants de récolte!...  Il y avait donc une véritable culture de la vigne. D'ailleurs, non loin d'ici, à Beaulieu sous la Roche et à Coëx, il existait encore, voilà quelques années, des petites exploitations vigneronnes.

Lorsqu'on évoque les années 80, on a peine à croire qu'une véritable tradition était en vigueur. Avant Michel Roblin, le précédent propriétaire, Albert Guillet, venait à vélo du Poiré sur Vie, distant d'une petite vingtaine de kilomètres, pour entretenir les vignes et travailler les sols au cheval, avec Amourette et Cadeau, ses compagnons à quatre pattes. Une histoire à laquelle Julie ne peut être que sensible, d'autant que l'épouse d'Albert, aimable nonagénaire, vient toujours, une fois l'an, s'enquérir de l'état des vignes de son défunt mari. D'ailleurs, la vigneronne de l'Atrie envisage de travailler les sols au cheval dès que possible, grâce à l'intervention d'un prestataire installé sur la côte vendéenne.

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Vous l'aurez compris, Julie a un coeur grand comme ça!... Au terme de ses cinq années d'études de lettres classiques à Toulouse, celle qui est originaire du nord de la France, ne se voit guère enseignante. Pour l'instant, elle envisage de fêter son anniversaire avec quelques amis et pour cela, vient à l'Atrie s'approvisionner en vin, en vue des festivités. Elle découvre donc, au passage, l'histoire de Michel et de ses vignes, résolu, le coeur gros, à l'arrachage. Coup de foudre?... Allez savoir!... En guise de cadeau d'anniversaire, elle se dit après tout, pourquoi pas un changement radical de cap?... Elle resigne donc pour une nouvelle tranche d'études et prépare un diplôme de technicienne agricole, option viticulture, à Vallet, dans le Muscadet. Elle côtoie notamment, au cours de cette année de formation, Rémi Sédès, installé depuis, avec ses juments, en Coteaux d'Ancemis. Le monde est petit!...

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Avant même la reprise de la propriété, Julie Bernard effectue donc son stage de parrainage obligatoire in situ. Pratique pour avoir une meilleure connaissance du lieu. Seule condition : elle annonce à l'ancien propriétaire son passage en bio. Ce dernier n'est pas choqué outre mesure, puisque lui-même maraîcher bio depuis quelques années. En fait, il avait opté pour une viticulture en production raisonnée, pour la seule raison qu'il ne pensait pouvoir faire face seul à l'ensemble, en agriculture biologique. Ce stage se passe bien et la transition est assurée.

La vigneronne découvre donc ses parcelles, réparties en trois îlots principaux : l'Atrie tout d'abord, avec deux hectares où schiste dégradé et granite sont présents, avec notamment un secteur de poussière noire, où est planté le cabernet sauvignon (30 ares). Dans ce secteur, on trouve également grolleau gris et noir. De l'autre côté du CD 50, mais sur la même rive de la Boëre, petit affluent du Jaunay, le secteur de la Chavechère, soit 1,5 ha sur des micaschistes, où sont plantés le gamay (un peu de gamay chaudenay aussi) et le chardonnay. Non loin de là, 1,5 ha à la Buzenière (paragneiss) où l'on trouve cabernet franc et sauvignon. Les vignes sont plantées à 2,30 m, mécanisation oblige (même si la vente de la machine à vendanger fut la première décision de Julie!), mais les rouges sont bien implantés vu leur âge (80 ans minimum) et le travail des sols au cheval, en vigueur naguère. Les blancs eux ont une vingtaine d'années. Ils furent plantés pour remplacer les hybrides présents autrefois.

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Lors du passage au domaine, Julie descendait de tracteur, travail des sols oblige, mais quelque peu désappointée et confrontée à une panne de pompe hydraulique. "Avant, je n'imaginais pas à quel point on peut tomber en panne dans l'agriculture!..." N'ayant pas d'autre vigneron à moins de vingt-cinq kilomètres à la ronde, elle peut se trouver rapidement dans l'embarras. Heureusement, elle fait appel à un bon mécanicien non loin de là et ne soufre donc pas trop de la mécanique défaillante.

On pourrait penser qu'elle est également confrontée à un certain isolement, au-delà de sa situation géographique, même avec le reste des vignerons vendéens, ce qui est d'ailleurs un peu le cas ("Thierry Michon, je n'ose pas le déranger..."), mais, du fait de sa formation au coeur du Muscadet et de son option nature, elle s'est... naturellement rapprochée du CAB et du groupe assisté par Nathalie Dallemagne et son "labo itinérant". Cette dernière contribue aussi à mettre régulièrement les vignerons en relations, ce qui permet avant tout de confronter les expériences, point essentiel notamment pour ceux qui ont très peu de vécu dans l'activité viticole.

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Les installations sont, somme toute, assez vétustes et mériteraient un réaménagement qui se fera par nécessité dans quelques millésimes. Un cuvier bas de plafond qui complique les vendanges et quelques grandes cuves qui devront être détruites, afin d'entreproser un petit lot de barriques, pouvant être, à terme, dédiées au chardonnay, notamment. On notera aussi la très jolie roulotte tractée naguère par une ânesse, dans une autre vie ("j'en ai bien eu douze, déjà!"), à faire pâlir un fabriquant de cabanes de chantier et de bungalows de la région.

Peu de vins disponibles à ce jour, si ce n'est quelques 2013 ("pas trop mal après 2012!"), dans l'attente des 2014, qui seront sans doute mis en bouteilles début juin. D'ailleurs, ces jours-ci, nombre de particuliers (90% des ventes environ) prennent contact, tous aussi impatients de découvrir le dernier millésime. En effet, quelques fidèles acheteurs du prédécesseur de Julie sont restés fidèles au domaine, mais ils avaient l'habitude de s'approvisionner dès le début d'année. Or, pour Julie, ce sont les vins qui commandent et aucune mise précoce n'est justement de mise!... Notez au passage, qu'elle pratique des vinifications sans soufre, n'intégrant que 25 mg au moment de la mise, ce qui correspond aux normes de l'AVN, même si elle ne tient pas à s'enfermer, pour l'instant, dans le moindre carcan réglementaire.

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2014, un tournant donc, pour Julie Bernard, avec les nouvelles cuvées et leurs propres étiquettes, dessinées par Isabelle Flourac, dont celle, ci-dessus, du grolleau gris. A en croire les qualités de la version 2013 de cette cuvée, un vin appeléà devenir peut-être une sorte de fer de lance du domaine, avec le grolleau noir. Pas de cuvées d'assemblage pour le moment, si ce n'est pour le rosé (grolleau et cabernet), mais une réflexion est en cours à ce sujet (sauvignon et grolleau gris?). 2014, un bon souvenir avec des vendanges sous le soleil, entre le 15 septembre et le 20 octobre : "Du soleil et une maturité de dingue, jamais vu ça de toute ma carrière!..."

Comme on peut le constater, la vigneronne de l'Atrie pratique volontiers l'humour, avec ce qu'il faut d'auto-dérision. Elle a d'ailleurs beaucoup apprécié le récent one man show de Sébastien Barrierà La Chaume, Savoir enfin qui nous buvons!... On peut être certain, qu'elle aussi sait ce qu'elle veut. Boire bon et juste et inciter les amateurs à faire de même!... Pour cela, si vous passez dans le coin, faites un détour, en prenant la route qui mène de Beaulieu sous la Roche à Maché et venez découvrir la Vendée au naturel!...

Loire, Layon, Loire non stop!...

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Journée bien pleine pour un vin t'et un mai!... Qui, de plus, fait suite à une autre journée occupée par une assemblée générale associative, récréation qui a le bon goût d'être seulement annuelle!... Besoin de souffler, de grand air?... Ça tombe bien, le grand bleu est annoncé dans la région, avec une petite fraîcheur matinale qui vous met tout de suite sur les rails!... Direction Savennières, puis Rablay sur Layon, la soirée s'articulant ensuite entre un passage à Monnières et un joli dîner à Nantes.

10922525_10206617599056645_1868966974086459909_nIl est à peine 9h30 quand je sonne à l'interphone du Domaine Laroche. Tessa répond à quelque appel téléphonique, puis se réjouit franchement de la météo du moment. Temps sec, lumière, vent du nord, sans oublier la végétation, comme on peut le constater en venant par l'autoroute, dont les talus sont couverts de fleurs multicolores, comme s'il s'agissait de parcelles dédiées à des jachères polliniques du plus bel effet. "C'est presque trop beau, on croise les doigts, même si d'autres échéances, comme la période de la fleur, ne sont pas encore passées!..."Tessa Laroche me propose un café ou... une découverte du millésime 2014?... Devinez mon choix?...

Pour ces jus en cours d'élevage, deux tonneliers ont eu la préférence de la vigneronne de La Roche aux Moines : Atelier Centre France et Taransaud. Après, il faut aussi composer avec les chauffes : blonde, moyenne, ainsi qu'avec les barriques neuves, d'un vin ou de deux vins... Un véritable cocktail qui, pour un vigneron, peut aisément virer à la prise de tête, si l'on y prend garde. Il faut s'inscrire dans la durée, se projeter jusqu'au terme de l'élevage, tout en prenant en compte les impressions et sensations ressenties lors des millésimes précédents, d'autant que parfois, un autre tonnelier venait compléter la donne. En l'occurence, 2013 ne se situait pas dans le même registre que 2014. Ici, lorsqu'on voit se succéder dans son verre les différents lots à déguster, il convient aussi d'intégrer que les vins issus du Parc, à l'intérieur du clos, expriment d'autres choses que ceux des Ruettes, à l'extérieur. Pas si simple la vie de "grand cru"!...

002Pour l'heure, j'ai un gros faible pour les jus du Parc séjournant dans les barriques ACF, notamment une chauffe blonde, même si Tessa souligne que les Taransaud apportent une sorte d'ampleur au vin, tout en se souvenant que les premières, un an plus tôt, l'avaient laissée perplexe sur le 2013... Si Taransaud est devenu le numéro un national, pour nombre de vignerons, la dimension familiale d'ACF, un atout apprécié au point que la commercialisation touche désormais plusieurs vignobles français, implique que l'entreprise doit maîtriser son expansion en préservant une qualité unanimement reconnue jusqu'à ce jour. Quoi qu'il en soit, ces 2014 se goûtent joliment, en confirmant une impression déjà ressentie, que le dernier millésime et d'ores et déjà ouvert et parfois doté d'une élégance et d'un charme indéniable.

Pour ce qui est du "Grand Cru Roche-aux-Moines", auquel il convient de conserver les guillemets, par bienséance préservatrice d'éventuelles susceptibilités locales, il faut bien dire qu'il est dans les esprits et parfois dans les conversations. Il semble que la petite douzaine de vignerons du cru a bien conscience qu'il devient au fil du temps incontournable et que ceux qui sont les plus à même de porter le projet, ainsi que le texte à soumettre à l'INAO soient connus et proches de passer à l'acte. Ne reste plus qu'à convaincre de la nécessité d'user d'une hiérarchie qui s'impose d'elle-même, tant les secteurs qualitatifs de Savennières sont connus, pour peu qu'ils soient bien travaillés et respectés. Autant de "crus" qui pourraient intégrer à terme un niveau intermédiaire de "premier cru". Les Clos du Papillon, des Perrières, Saint Yves, Croix Picot, voire Pierre Bécherelle ont sans doute le potentiel voulu, avec peut-être d'autres secteurs. Peut-on croire cependant que cela ne fasse que des heureux?... Ceci est une autre histoire!... "La bise à Richard et tu lui diras que sa parcelle à... est superbe!..." Je reste quelque peu interloqué, mais je devrais en savoir plus avant longtemps, juste le temps de rejoindre Rablay sur Layon.

11212787_10206617913384503_4546377476375975709_n"J'en termine avec tes bouteilles!"Richard Leroy capsule et étiquette quelques flacons de chenin angevin. La photo que je mets alors en ligne sur Facebook connaît immédiatement un franc succès!... Vingt ou trente "like" en à peine quelques heures, même si le cliché n'est pas très net et quelques commentaires qui sont presque des déclarations d'amour!... Heureusement qu'il ne va pas à Cannes, le vigneron de Rablay. En plus, les marches rouges devraient devenir bleues!... Certains cavistes en disposant, évitent de mettre tant Les Rouliers que Les Noëls de Montbenault en évidence, sinon c'est la ruée vers l'or bleu!... C'est un peu comme si vous postez la photo ou la vidéo d'une Ferrari. Instantanément, ceux qui rêvent de s'installer au volant d'un spider porteur du célèbre cheval cabré, expriment leur admiration et leur désir inassouvi. Il ne manquerait plus que Richard ne dessine ces futures étiquettes en les illustrant d'un cheval cabré bleu et sa vie pourrait devenir un enfer!... Déjà qu'avec des messages téléphoniques du genre : "Bonjour, nous sommes Parisiens et de passage dans la région. Nous avons lu et beaucoup aimé Les Ignorants, nous serons chez vous à 15h30 pour goûter... vos rouges!..." Richard Leroy est d'un naturel pondéré, mais il va lui falloir devenir un adepte du stoïcisme le plus absolu. Remarquez, la petite parcelle dont il vient d'accepter la charge sera travaillée au cheval, alors pourquoi pas?... Non, n'insistez pas, je ne vous dirai pas où, j'en ai déjà trop dit!... Je vais être interdit de séjour au 52, Grande Rue!... Mais, une découverte sur site dans les prochains mois est des plus probables. J'en vois déjà qui inscrivent La Pipette aux quatre vins dans leurs favoris!...

En attendant, nous passons en revue quelques lots des Rouliers et de Montbenault 2014, là encore pour constater que les vins sont très accessibles, frais et expressifs. S'ils continuent sur cette voie, gageons que leur séjour en cave, chez nombre d'amateurs, sera des plus brefs. Et ce serait peut-être dommage... La dégustation à suivre d'autres millésimes récents démontre aussi tout l'intérêt de ces vins respectant le millésime et démontrant le potentiel de garde et de séduction des grands chenins secs d'Anjou. Et peut-être un jour une verticale depuis 2003... Des amateurs?... Notez aussi au passage que les volumes disponibles tendent à augmenter (ah, enfin de bonnes nouvelles!), puisque le long travail de replantation des manquants porte ses fruits. Désormais, les vignes des deux crus du domaine produisent quasiment à 100%, ce qui est, aux yeux du vigneron, un objectif incontournable que nombre de ses confrères, notamment les plus jeunes selon lui, oublient trop souvent. "Lorsque tu traites sur deux hectares où il y a 20 ou 30% de manquants, tu le fais en partie dans le vide!... Une forme de rentabilitééconomique est à ce prix."

1908376_10206617997106596_1936750428179047543_nPour les habitants du cru, le chai et la maison de Richard Leroy, c'est un peu portes ouvertes permanentes. Il n'est pas rare qu'au cours de la dégustation, un Rablayen franchisse la porte bleue et se mêle, non sans plaisir, au tasting en cours. Au moment même où je questionne le vigneron sur les nouveautés de la région, c'est Dominique Dufour qui s'annonce. "Tiens, ben voilà peut-être celui qui fait le meilleur Layon du coin!..." Ne cherchez pas le domaine, le néo-vigneron vient juste de réintégrer le village. Natif de ce haut-lieu viticole angevin, Dominique a passé l'essentiel de sa vie à Bordeaux. Il y est désormais revenu pour reprendre quelques arpents d'une vigne située aux Aussigoins, dans le secteur de Montbenault, dont l'essentiel est en fermage et soignée par Kenji et Mai Hodgson. Et donc, en 2014, la production d'un "Layon nature" (pas plus de 5 gr de sulfites ajoutés) et de quelques bouteilles de blanc sec, le tout en quantité extrêmement limitée. Bien sur, une assistance attentive de Richard, mais aussi de Bruno Rochardétait requise et le résultat final est tout à fait intéressant, même si les deux vignerons préconisent, non sans humour, la seule production d'un sec.

Il ne restait plus qu'à partager quelques saucisses, ouvrir d'autres canons et saluer Kenji, en quête de son propriétaire pour quelques travaux à la vigne et l'urgence de rejoindre La Roche sur Yon apparaissait. En effet, il me fallait alors reprendre le volant d'un minibus de Rev Evas'Yon, afin de rejoindre Monnières avec un petit groupe d'amateurs vendéens, sous l'égide de Vigne'Horizons. La vie d'amateur n'est parfois pas si simple qu'il y paraît!...

004Cap sur Monnières donc. Julien Braud nous attend pour un petit tour dans les vignes et une dégustation des cuvées disponibles. Le jeune vigneron qui fête ses vingt neuf ans le lendemain 22 mai n'est pas homme à mettre la charrue devant son duo de chevaux!... D'un naturel calme et pondéré lui aussi, il laisse entrevoir cependant une forte détermination. Malgré les difficultés liées à la météo de l'année, il avait mis sur le marché un premier millésime, 2012 (découvert aux Chants d'avril), sorte de ballon d'essai, mais façon but en or!... A un moment où quelques jolies tables nantaises étaient en quête de nouveautés, son Muscadet rassemblant des jus venant de sols divers (gabbro et gneiss surtout) n'avait pas tardéà soulever l'enthousiasme. Pas du genre à s'enflammer cependant, Julien continuait son travail sur les parcelles, en prolongeant les élevages et ainsi, obtenir le meilleur des crus, comme ce Monnières-St Fiacre 2013, qui ne devrait voir la bouteille qu'en fin d'année 2016.

On pourrait ainsi découvrir le contenu de six ou sept cuves souterraines, mais Julien craint la manipulation d'une même pipette risquant de déclencher des malos intempestives non souhaitées. Un petit aperçu cependant laisse entrevoir la qualité des 2014. Malgré tout, au détour d'un verre, une ombre d'inquiétude surgit sur le visage du vigneron. Une des cuves laisse entrevoir des arômes disgracieux. Oxydation?... Peut-être pas, mais il va falloir surveiller cela très attentivement, sinon, ce serait trente hectos à passer dans le caniveau!... Argh!... Ou comment une perspective favorable et encourageante peut faire basculer un vigneron dans l'angoisse de perdre un gros volume...

005Malgré tout, 2014 se présente bien, avec d'abord cette médaille d'or obtenue voilà quelques semaines, lors du concours des vins de Monnières. Et ce n'est pas être champion de sa rue que d'imposer un style si rapidement, au nez et à la barbe des domaines bien établis et depuis longtemps en viticulture conventionnelle. Julien n'en tire d'ailleurs aucune gloriole particulière et se dit plutôt heureux d'avoir déclencher la curiosité de ses confrères. Peut-être la meilleure façon de convaincre d'une approche bio...

Au passage, sa cuvée de printemps, Les Vignes du Bourg 2014 s'exprime très joliment, avec un joli fruit et une délicatesse n'altérant pas sa capacitéà bien durer, même au-delà des beaux jours à venir. Ensuite, retour sur 2013 et 2012, avec la cuvée domaine, seule proposée pour l'instant, avant l'arrivée sur le marché des 2014 et peut-être quelques parcellaires. En fait, de 2012, il ne reste que des magnums, ce qui peut être une bonne idée, tant la cuvée s'exprime avec distinction en ce moment. A noter aussi un pétillant très réussi, La Bulle de l'Ouest, avec ses quelques grammes de sucres résiduels, contrairement au 2013, au charme indéniable, lorsque l'heure de la tarte aux fraises (ou aux pommes) a sonné.

Le jeune homme de Monnières est définitivement une piste à suivre, même si l'on doit encore se projeter dans l'avenir pour définir les traits d'un domaine certainement incontournable du futur. D'autant qu'il ne manque pas de projets, dont la production d'un rouge issu de pinot noir et peut-être même, plus tard, d'un gamay, pour peu qu'il puisse dédier ce cépage à une lentille de granite qu'il a déjà repérée... Un peu comme dans le Beaujolais, où il a suivi sa formation et travaillé quelques années. Passion et abnégation sont dans les gènes de Julien Braud, n'en doutons pas!...

11351368_10206621434192521_6010076809020197142_n20h, il est temps de franchir de nouveau la Loire. Le centre ville de Nantes est à moins de trente minutes des rives de la Sèvre Nantaise. Parmi les jolies tables de la cité de la Duchesse Anne de Bretagne (Nantes est en Bretagne, vous ne le saviez pas?!...), notre choix s'est porté cette fois sur Pickles, 2 rue du Marais, à quelques pas du Cours des 50 Otages et non loin de l'Hôtel de Ville. Seul problème, les difficultés pour trouver une place pour un véhicule de neuf places!... Cinquante minutes plus tard, grâce à la compréhension de l'équipe du restaurant, le menu du jour peut être lancé pour notre groupe de neuf personnes.

Le Pickles, avec ses quarante couverts, est plutôt dans le genre offrant une "cuisine néo-bistrot", le plus souvent pris d'assaut. Dominic Quirke, sujet britannique, manage l'ensemble, mais c'est lui qui impulse derrière ses fourneaux un style qui se veut audacieux et influencé par la cuisine de quelques chefs prestigieux chez qui il a travaillé, mais aussi par ses rencontres avec quelques jeunes chefs du monde entier. De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace!... Ce pourrait être sa devise, s'il osait paraphraser Danton, mais il préfère peut-être Nelson à Trafalgar ou Wellington à Waterloo, autant de triomphes de l'Union Jack!...

Le choix de Nantes semble être une évidence pour le chef du Pickles, puisqu'il trouve l'ensemble des produits frais recherchés à moins d'une heure de route. Bien secondé par Charlotte Thiercelin, chef de partie passée notamment par La Chabotterie, en Vendée puis l'Auberge des Glazicks, en Finistère et Jean-Baptiste Truchard, responsable de salle et sommelier. Une équipe attentive, un chef qui vient s'enquérir de la perception qu'ont ses clients de la cuisine, en fournissant moult explications.

10502023_10206621579596156_5765178679816706326_n   11238258_10206621536315074_3672651692699680188_n

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De savoureuses entrées, à base de saumon mariné Miso, crème d'ail, yaourt, chèvre, kohlrabi, shiitake pour les uns et de magrets de canard et oignon brûlé, ravioli de pomme de terre, comté vieux, soubise et anchois pour les autres, suivies d'un trio de viandes de cochon noir de Gascogne, houmous de fève, risotto d'orge bio, chorizo ibérique ou d'un poisson succulent associéà de jolis petits légumes, puis des desserts, dont une tarte soufflée au chocolat glace fruit de la passion et mangue résolument bluffante et un tiramisu aux fruits rouges, hibiscus, vanille, meringue Sumac, yaourt verveine citronnelle délicieux. Une cuisine qui décoiffe et qui nous régale, accompagnée pour l'occasion de deux très beaux flacons : Arcane 2010 de Fosse Sèche, de Guillaume et Adrien Pire (qui n'avait rien d'un cidre!... Suivez mon regard!) et Faustine 2011, un rouge du Domaine Abbatucci, composé pour notre plus grand plaisir de sciacarello et d'un peu de nielluccio, comme si la Corse et Napoléon se rappelaient à notre bon souvenir en terre anglaise!...

Au terme d'une journée des plus goûteuses, il ne nous restait donc plus qu'à regagner nos terres vendéennes et La Roche sur Yon, là même où, au centre de la place principale, on peut remarquer aisément une statue équestre de... Napoléon!...

Olivier Durand, maraîcher nature aux Sorinières (44)

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Les légumes bio, finalement, c'est pas sorcier!... Pourtant, dans son enquête estivale - Du beau, du bio, du frais - de juillet 2013, l'hebdomadaire pas seulement télévisuel Télérama consacrait - dans la rubrique Et si on allait dans... les Pays de la Loire - un petit article àOlivier Durand en titrant : "Le sorcier des Sorinières"!... Il faut dire que c'est la cinquième année que le jeune homme pratique son art, du côté des Landes Blanches, mais que celui-ci ne relève d'aucune magie. Peut-être a-t-il quand même un druide celte parmi ses ancêtres, allez savoir!...

010Malgré sa réputation, ne comptez pas sur Olivier pour jouer les stars du maraîchage nantais. Il préfère parler du travail quotidien, de l'exigence permanente, afin d'obtenir des résultats hors du commun. Et puis, ce qui fit la renommée de ses carottes de Chantenay, citées dans l'article de l'hebdomadaire de télévision mentionné ci-dessus, relayée notamment par quelques jolies tables de la région, a quelque peu évolué depuis deux ans. "Travailler avec les restaurateurs, c'est parfois un peu compliqué!... Certains n'ont guère de scrupules, pour se servir de l'image d'un producteur, puis changer de cap. J'ai pris quelques claques dans la région!..."

Indiscutablement, Olivier Durand fonctionne à la confiance. Pour satisfaire quelques chefs souvent exigeants, il dut revoir son organisation, consacrer du temps aux livraisons, pour se retrouver d'un coup face à un silence radio absolu et découvrir au final qu'un cuisinier a aussi son potager ou qu'il augmente sa marge en s'approvisionnant auprès de fournisseurs n'étant que l'antithèse d'un maraîcher bio comme lui.

Bio, il l'est depuis le départ, du fait notamment d'une sorte d'allergie à toute forme de traitements. Il va même au-delà du bio ("un terme quelque peu galvaudé de nos jours!"), puisqu'il ne pratique pas la moindre pulvérisation. "Pas un suif!..." Sa langue a fourché et il s'en amuse. "Je voulais dire pas un cuivre ni un soufre, rien du tout!..." Ce qui est quelque peu pointu dans les Pays de la Loire, notamment sur les tomates.

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A l'instar des adeptes de divers arts martiaux, qui ne manquent pas de se rendre au moins une fois dans leur vie au pays du Soleil Levant, Olivier Durand a passé, avant même de se lancer, une année auprès des maraîchers japonais. Cette immersion en milieu bio et au coeur de la société nipponne ne pouvait que lui montrer l'ampleur de la tâche, lui qui misait dès le départ pour la haute qualité et un niveau d'exigence maximum, gardant comme credo, l'accompagnement du légume. "Cette année au Japon a été très riche et très dure!... Ici, nous avons la chance d'avoir des étés chauds et secs. Là-bas, ils sont chauds et humides. Ça pousse très vite, notamment les mauvaises herbes!..." Un passage en Bolivie, sur les hauts plateaux andins viendra aussi compléter ces stages au-delà des frontières.

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Depuis cinq ans donc, Olivier est installé sur un demi-hectare. La moitié en plein champ et le reste sous serre, ce qui fait de lui un des plus petits maraîchers nantais. Il faut dire que dans cette zone péri-urbaine, trouver d'autres terres pour s'étendre relève de la gageure absolue. Mais, au-delà des difficultés qu'une extension de surface pourrait engendrer, le maraîcher est satisfait de se situer dans un bassin versant bio, avec plusieurs agriculteurs respectueux de l'environnement alentour. Certes, les prairies voisines sont désormais plantées de maïs, mais dans le même esprit. De l'autre côté de la route, une productrice de miel, avec ses ruches et ses abeilles, apporte sa contribution à une bonne pollinisation.

Le véritable potentiel technique de l'ensemble, c'est la serre en verre construite en 1973. Une vieille structure relevant du patrimoine du maraîchage nantais!... Dans la région, toutes les autres ont été détruites. Il faut dire que la logique locale, orientée façon monoculture de la mâche, obéit à des préceptes économiques bien différents, avec notamment la nécessité de produire sur des dizaines d'hectares.

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Dans ce jardin extraordinaire, bon an mal an, ce ne sont pas moins de soixante-dix espèces de légumes qui sont cultivées et quelques trois cents variétés. Mais, on est sans doute en dessous de la vérité. "En fait, j'ai arrêté de compter!..." Et encore, à ces légumes, on n'ajoute que quelques fruits, comme les succulentes fraises des bois, plutôt destinées à sa petite famille, que l'on peut déguster entre une courgette et quelques petits pois, crus bien sur, parce qu'ici, on déguste tout le temps, tant qu'on n'a pas récolté.

En ce moment, nous sommes dans une sorte de période intermédiaire. C'est le début des cultures extérieures, avec les carottes et les pommes de terre nouvelles, juste avant le rush des légumes d'été (courgettes, tomates...). Une des marottes d'Olivier Durand, ce sont justement les tomates, même s'il ne peut donner libre cours à ses envies. En effet, un professionnel doit rester dans le strict cadre des "variétés autorisées" par le catalogue officiel. En fait, ce ne sont que des hybrides modernes, au mépris de la diversité souhaitée par les amateurs. Ces derniers, dans leurs propres potagers, peuvent quant à eux s'inspirer du catalogue de la Ferme de Sainte Marthe, comptant plus d'une centaine de variétés de toutes les couleurs, mais un pro n'a pas le droit de les vendre. Du coup, le maraîcher des Sorinières fait quelques essais de tomates de plein champ ("le Graal pour tout potagiste!"), en essayant de confirmer (ou pas) que ces légumes au grand air, ceux de nos grands pères, sont meilleurs que les "sous serre", qui ne sont cependant pas des "hors sol"!...

012Sous la serre justement, on découvre avec Olivier, toute la passion et le soin qu'il convient d'apporter au travail quotidien. Aucun étiquetage apparent, mais en fait, l'homme de l'art n'en a pas besoin. Il reconnaît les variétés de tomates en sentant les feuilles!... Belle mémoire olfactive, digne des plus célèbres dégustateurs!... Il faut aussi rester attentif à la présence de l'humidité matinale, vecteur du mildiou présent partout. Chaque plant, accroché au toit de la serre, doit alors être secoué, afin que l'eau ne stagne pas. De la même façon, une fois par semaine, ce "secouage" doit aider la pollinisation, lorsqu'il n'y a pas assez d'abeilles ou de bourdons. A cette occasion, on retire méthodiquement la moindre feuille tachée, ce qui s'appelle chasser la peau de souris (les tâches brunes et sèches). Et déguster encore et encore, comme ces succulents petits concombres ou les carottes sucrées. Le thym laisse aussi un beau souvenir olfactif. En fait, c'est le thym de la famille!... Ce qui subsiste dans le potager, c'est une bouillée de thym, que les grands parents d'Olivier ont ramenée, naguère, d'un séjour en montagne, attentivement délocalisée lors des déménagements. On imagine aisément l'apport des plantes aromatiques sauvages, ou naturelles, qu'il nous arrive d'identifier dans les parcelles des vignerons de Calce ou d'ailleurs...

Selon Olivier Durand, de la même façon qu'on obtiendrait dix menus différents en confiant dix paniers de légumes identiques à dix cuisiniers, on peut penser qu'il en va de même pour dix maraîchers, disposant à leur tour de dix mêmes sachets de graines. "En fait, on peut travailler sur l'amertume, sur la force du produit final en jouant sur le stress hydrique et sur l'exposition au soleil. Il faut pratiquer, tester... mais les résultats sont forcément nuancés." Sans oublier le nécessaire travail des sols. "Pour gérer la fertilité de ceux-ci, j'ai fait deux analyses pour le côté scientifique et pour le reste, on travaille une fertilité plus globale, un ensemble d'actions qui va de casser les semelles à l'aide de la grelinette, apporter de la matière organique avec des engrais verts et par un apport de fumier. On intègre au sol un maximum de résidus de culture lorsqu'ils sont propres. Rotation des cultures bien sûr et non travail des sols en extérieur pendant six mois (octobre à mars), pour favoriser la faune et notamment les vers de terre."

013Bien sûr, nous évoquons également la cuisson des légumes. Un vaste débat!... Comment les apprécier en mettant leurs qualités en valeur? Sans oublier l'aspect des accords mets et vins ("je garde un souvenir ému de repas chez Anne de Bretagne, à La Plaine sur Mer, ou chez Septime, à Paris!"). Olivier évoque aussi des rencontres passionnantes, au cours de dégustations croisées, en compagnie de vignerons comme Richard Leroy et Jérôme Bretaudeau ("ce dernier déguste remarquablement les légumes!").

S'il faut citer quelques partenaires, côtés grandes tables, le maraîcher nantais est notamment sensible au travail de Serge Poiron, de La Bonne Auberge, à Clisson. En Région Parisienne, grâce à l'appui d'un agent sur place, la liste des restaurants s'allonge. Il faut dire que les légumes approvisionnant ceux-ci n'ont guère le temps de souffrir de la distance. Ainsi, la cueillette du jour arrive dès le lendemain matin dans les cuisines des chefs. Parmi eux, citons William Ledeuil (Ze Kitchen Galerie), Bertrand Grébaut (Septime), Sven Chartier et Ewem Lemoigne (Saturne) ou encore Atsumi Sota, naguère aux fourneaux de Vivant, en compagnie de Pierre Jancou. Quant à ceux avec qui il ne travaille plus : "Ça fait partie de l'histoire et de l'aventure..."

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Ceci dit, une des meilleures façons de découvrir les légumes d'Olivier Durand, c'est de vous rendre sur place, chaque samedi matin, entre 10h et 12h (venez tôt si possible!), à l'occasion du marché bio qu'il propose au grand public venu de Nantes et des environs, ceci restant l'essentiel des ventes de cette petite entreprise, à taille humaine et pour le moins artisanale. Une occasion aussi de croiser d'autres passionnés de cuisine, de comparer les expériences, d'échanger les recettes (salivez à l'idée d'un navarin d'agneau printanier aux petits légumes!) et certainement, au final, de régaler votre entourage. A l'occasion, il vous sera même possible, le moment venu, de croiser un vigneron de la Drôme Provençale, n'hésitant pas à traverser la France, pour proposer ses abricots, voire, pourquoi pas, quelques cuvées "nature" du Clos des Cimes!... Des cimes, rien de plus naturel, en notre plat pays, pour des légumes au sommet!...

Une recette chamboulée!...

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Premier week-end de juin, grand beau temps à l'Ouest. En cette fin de journée du dimanche nous arrivent des nouvelles de chutes de grêle, plus à l'Est... Pensées pour les vignerons qui guettent le ciel ce soir... Ici, à l'exception de ceux qui étaient contraints de garder le home sweet home, afin d'effectuer quelques menus travaux de peinture, beaucoup ont pris la direction de la mer, voire des îles. C'est le cas de Madame PhR, partie avec un petit groupe d'amis randonneurs du côté de Quiberon et de l'Île de Houat. Qui l'en blâmerait?... Quelques bouchons sur la route du retour?... C'est bête! (bien fait!).

Dans ces cas là, étant par ailleurs occupé, deux jours durant, par des pots de peinture, des rouleaux et des pinceaux, je passe aux fourneaux, histoire d'agrémenter le dîner dominical, pensant au passage à cette randonneuse émérite, ayant du se contenter de barres de céréales, de pâté d'un célèbre mataf, de boisson énergétique, j'en passe et des meilleurs!... (mon oeil!).

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Tout commence donc par le repérage d'une recette sympathique, en l'occurence des truites aux olives en papillote, issue d'une revue de cuisine italienne. Plutôt simple et potentiellement goûteux!... Cependant, le marché ne se déroule pas comme prévu. Vous pouvez toujours courir pour trouver deux truites, un 6 juin à 10h du matin, à La Roche sur Yon!... Chez mon poissonnier habituel, je découvre du bar moucheté portion, qui me semble apte à remplacer le spécimen de salmonidé visé au préalable. Pas de chance, il n'en reste plus qu'un exemplaire lorsque mon tour arrive!... "Pourquoi pas une daurade?..." Allez hop, emballez, c'est pesé!... Vidée, écaillée. "Combien de temps pour une cuisson en papillote?... Vingt minutes!"

Je reste néanmoins sur la recette de départ, qui comprend aussi des olives vertes et de la poitrine fumée, sans oublier le laurier, le persil, les échalotes hachées et le vin blanc, pour l'occasion un Clos Saint André 2011 de Jérémie Mourat, à Mareuil, au coeur de la Vendée.

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C'est l'heure!... Il faut s'y mettre, même si le retour de Madame PhR s'annonce tardif, pour cause de bouchons du dimanche soir. "C'est pas grave, on réveillonnera!" me dit-elle. Elles sont cools ces retraitées!... Je commence par chercher le papier sulfurisé, voire aluminium dans le tiroir habituel... Rupture de stock!... Et je fais quoi moi?... Qu'à cela ne tienne Étienne, nous voilà partis pour une cuisson au four des plus classiques. Va falloir la jouer fine!...

Vingt cinq minutes plus tard, fini le bronzage en cabine pour la daurade. L'interphone tintinnabule (enfin, grésille plutôt) et nous voilà réunis pour un dîner en tête à tête (bronzée pour certaine!). L'équipe de France vient de se prendre une branlée par les Diables Rouges (on entendra chanter les camemberts, on entendra chanter les camemberts! air connu). Finalement, d'une recette, l'autre!... Dans le sport, tous les techniciens vous le diront : il faut savoir dé-pro-gram-mer!...

Vinexpo, Vinexp'Haut, Vinexp'eau 2015!... (1)

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Vinexpo 2015, c'est parti!... Enfin, les "offs" de Vinexpo!... Me voilà en train de parcourir la campagne et les routes de la Gironde et des Landes Girondines pendant trois ou quatre jours, pour la bonne cause!... Avec cette fois un statut d'amateur-blogueur-co-auteur, mais aussi un autre de néo-entrepreneur qui veut dépoussiérer ses rêves... Ça fait beaucoup pour un seul homme, me direz-vous?... Peut-être, mais ce n'est pas parce qu'on s'installe en plus dans une situation de pré-retraité d'Orange qu'on va s'interdire de déguster des vins oranges et se mettre au camping-car et à la pétanque!...

11391772_10206817569895791_4130512233778130315_nSi les festivités officielles ne débutent que le dimanche, avec le salon mondial inauguré cette année par le PR lui-même (le Président de la République bien sur, pas PhR!), nous sommes conviés à la traditionnelle mise en bouche du samedi après-midi, au Château La Tour Blanche, pour le Sweet Wines of the World, histoire de se souvenir où la saveur sucrée (entre autres) se situe dans notre bouche et faire le plein d'énergie, en vue des journées à venir.

En à peine deux heures, il est assez symptomatique de constater à quel point il est parfois difficile "d'encaisser" autant de sucres résiduels à notre époque où la consommation de ces souvent grands vins tend à devenir anecdotique. Ces nectars aux multiples facettes - cette dégustation le démontre aisément - ont souvent disparu de nos menus et la grande restauration ne les conviant que rarement à la fête, les sommeliers s'imaginent désormais transmettre à leurs successeurs un patrimoine de petites merveilles destinées aux recherches archéologiques du futur!... Les smart-phones des millénaires à venir verront peut-être surgir l'annonce de découvertes extraordinaires de cuvées d'Anthologie 1997 ou 2010 dans une caverne troglodytique, quelque part entre Loire et Layon, après que ces cours d'eau aient très patiemment creusé, au fil des siècles, les canyons d'une Vallée des Merveilles, que nos descendants visiteront comme le Grand Canyon de nos jours. Peut-être apercevront-ils la silhouette éphémère, comme un fantôme virtuel, d'un vigneron guidant son cheval, sorte d'indien sur un promontoire guettant les caravanes, ne manquant pas de s'évaporer dans les brumes matinales, dès que sortiront les capteurs d'images du futur.

001Afin d'étalonner mes papilles, dégustation des trois cuvées proposées par Catherine et Philippe Delesvaux. Pas mal pour situer les choses!... Dans l'ordre, Les Clos, puis la Sélection de grains nobles et Anthologie, le tout en version 2010. Trois vins qui démontrent bien la progression dans la gamme, pour un millésime somme toute assez rare, même si le domaine est un habitué des Grains Nobles naturels, au fil des ans, à l'exception des dernières années.

Autre classique ligérien, les Vouvray du Domaine Huet qui, a contrario, propose trois vins de millésimes différents, à savoir un Clos du Bourg 2007 moelleux (45 gr se SR) très agréable, puis Le Mont 2005 moelleux 1ère trie passerillé (85 gr) et la Cuvée Constance 2003, à l'équilibre séducteur pour cette année hors normes.

Toute la noblesse des grands vins ensuite, avec les SGN proposées par Olivier Humbrecht. On se dit parfois, perfide, que l'on va bien finir un jour par trouver un échantillon bancal issu de ce domaine, mais loin s'en faut!... Au contraire, il semble qu'au fil des années, tous les vins gagnent en pureté d'expression et en distinction. Impression confirmée ce jour-là, ce que l'avis de Yair Tabor ne manquera pas de renforcer, présent à La Tour Blanche et croisé le lendemain, qui ne tarissait pas d'éloges, comme nous tous, fans du Domaine Zind-Humbrecht!... Des vins de méditation, ne pouvant que s'accorder avec l'écoute de musique classique, tant la mélodie du Clos Jebsal 2010, trie spéciale de pinot gris, avec pas moins de 323 gr de SR et 6,5°, puis le remarquable Clos Windsbuhl 2010, (259 gr, 7,5° et 15 d'acidité), suivi du Gewurztraminer Grand Cru Goldert 2007 (240 gr de SR), aux arômes de roseraie de fin d'été, où la rose fanée le dispute aux nuances minérales et musicales d'une rivière à truites, glissant de cascades en ressauts dans un vallon boisé, comme un souvenir de villégiature estivale lointaine... Lyrique?... Un tant soit peu, je le concède, mais il faut parfois laisser son cerveau capter la musique du monde.

11401404_10206817980706061_8535864072532990565_nUne découverte franco-française ensuite, puisque pour la première fois présent à Bommes, Jean-Marc Grussaute, de Camin Larredya, à Chapelle de Rousse en Jurançon, avec deux très beaux vins issus de petit manseng, Au Capcèu 2012 et 2013, distingués et expressifs, conservant les nuances apportées par les deux millésimes successifs.

Franchissant les frontières, ce que l'on ne manque pas de faire aisément ici, du moins virtuellement, puisque l'on peut passer des Etats-Unis (et oui!) à la Croatie, en passant par l'Espagne, l'Allemagne, la Hongrie, l'Afrique du Sud, l'Italie, le Canada et l'Autriche, excusez du peu!... L'Autriche justement avec un des grands maîtres en matière de liquoreux, Gerhard Kracher, d'Illmitz, dans le Burgenland, dont les multiples cuvées numérotées ont parcouru le monde. Ici, l'on pouvait passer joliment d'un Beerenauslese 2012, assemblage de welschriesling et chardonnay, puis à un même duo en Trockenbeerenauslese n°6 et enfin au n°2, pur chardonnay 2002, à la puissance assez remarquable.

Pour en terminer avec les liquoreux, quasi découverte (puisque juste un 2012 entrevu et apprécié aux Carafés, à Nantes, voilàà peine quelques semaines) des vins croates de Vlado Krauthaker, de Kutjevo, en Slavonie, région de douces collines dans l'est du pays, située sur le 45è parallèle, comme le vigneron ne manque pas de nous le préciser, à savoir sur une même ligne terrestre que l'Istrie, le Piémont, la Vallée du Rhône, Bordeaux et l'Orégon, sorte de prestigieux cousinage planétaire. Trois cuvées là aussi, dont un Zelenac 2009, puis Grasevina 2011 et 2012, deux cépages autochtones sur des terroirs argilo-calcaires, issues de raisins surmûris et atteints de pourriture noble, puisque lorsque le botrytis cinerea n'est pas au rendez-vous, seuls des blancs secs sont produits.

001Après cette mise en bouche, le dimanche était consacréàHaut les Vins! Une autre très belle sélection internationale, avec des domaines allemands, espagnols, italiens et portugais, sans oublier les vignobles français de tous les horizons. Un cadre résolument bucolique, en bordure de Gironde, à quelques encablures du nouveau stade des Girondins de Bordeaux, le Château Grattequina, situé naguère sur une île du fleuve rattachée au continent en 1860, pour cause de développement de l'activité fluviale. Sur des cadastres anciens, cette terre porte le nom de Gratte Qui N'a, nom qui lui vient, dit-on, de la tendance argileuse de sa terre, chargée des alluvions du fleuve, dont il fallait beaucoup gratter le sol, afin de le cultiver. Une autre version de cent fois sur le métier, il faut remettre l'ouvrage, une maxime bien connue des vignerons, ayant besoin de croiser le verre avec leurs clients très régulièrement. Un cadre tout à fait agréable et toujours une restauration de grande qualitéà l'heure de la pause, assurée par l'Univerre, bar-restaurant à Bordeaux.

En l'absence des Delesvaux (bon, en même temps, ils ne peuvent pas être partout!), mise en bouche des plus délectables, avec les Champagne de Mélanie et Benoît Tarlant, dont un trio Brut Nature 2007 (plus un peu de 2006, 2005 et 2004), suivi du Rosé Zéro sur une base de 2008 et de La Matinale 2003, tous aussi remarquables l'un que l'autre. Pour ponctuer le tout, la Cuvée Louis, un parcellaire sur une base de 1999 (avec un peu de 98, 97 et 96) absolument classe.

Du monde au balcon de ce pavillon de réception, dont nous redescendons cependant, pour faire un tour d'horizon des cuvées proposées par Hélène Thibon, du Mas de Libian, dans le Sud-Ardèche. Le blanc Cave Vinum 2014 (40% viognier, 40% roussanne et 20% clairette) a tout pour nous séduire, mais il est tout à fait introuvable!... Suivent Vin de Pétanque 2014 (star des cavistes), Bout de zan 2014 brut de cuve, mais lui aussi séducteur, Khayyam 2014, mais aussi Khazan 2013, avec une majorité de syrah et La Calade 2013, un pur mouvèdre passionnant.

Retour ensuite sur les vins de Michel Théron, du Clos du Jaugueyron, à Arsac, avec principalement les 2012. Le Haut-Médoc tout d'abord, puis les Margaux, dont Nout 2012 et les cuvées domaines en AOP Margaux, en version 2011 et 2012. A noter aussi le Petit Jaug 2012, un bon volume destiné dans un premier temps à la vente en vrac, mais qui apparaît désormais en bouteilles, avec un côté gourmand intéressant, au regard du potentiel de garde des cuvées du domaine.

005Difficile de tout déguster, mais les conversations diverses et enrichissantes se multiplient, y compris au cours de la pause gourmande. A l'issue de celle-ci, nous sommes sur, sur, sur le balcon, comme Juliette, pour un sympathique recadrage des papilles avec les muscadets de Marc Ollivier. La Pépière 2014, Gras Mouton, mais aussi deux des quatre crus communaux 2013 du domaine, prélevés sur cuves, Monnières-St Fiacre et Clisson. Où l'on apprend au passage qu'aucun de ces quatre crus (avec en plus Château-Thébaud et Gorges) ne sont disponibles à Maisdon sur Sèvre, du moins avant les mises prévues en automne, ce qui illustre assez bien le succès de ces cuvées, toutes destinées à tirer la région vers le haut. Belle Cuvée 4 également, assemblage de crus divers élevés quatre ans.

Impossible d'oublier l'Espagne, joliment représentée ici. Nous voilà partis pour une traversée est-ouest, qui va nous conduire du Priorat à la Gallice, en passant par la Rioja. Autant de belles (re)découvertes au programme!... Comme un goût de vacances avant l'heure et d'envie de découvrir ces vignobles inscrits depuis plusieurs années déjà au registre de nos projets de séjours. Le Priorat ne nous est pas vraiment inconnu et nous gardons le souvenir d'un passage à Torroja del Priorat, le petit village où habite Dominik Huber, de Terroir al Limit. Très belle série dégustée, avec des vins complexes, jouant sur la puissance, mais dotés d'un caractère alliant originalité et spontanéité. Deux blancs de haut niveau, avec Terra de Cuquès 2013 (Vi de Terra Viva), composé de pedro ximenès et de 20% de moscato et surtout Pedra de Guix 2012 (Vi de Coster), intense et droit (PX, maccabeo et grenache blanc). Les rouges montrent une belle progression avec Torroja 2013 (50% grenache et 50% carignan), puis Arbossar 2012 (Vi de Coster), pur carignan issu d'une parcelle exposée nord, à 350 m d'altitude. Une "cuvée miroir" avec Dits del Terra 2012, vigne située à la même altitude, mais sur le versant sud opposé. Une comparaison étonnante!... Deux Vi d'Altura ensuite, avec Les Tosses 2012, de vieilles vignes de carignan âgée de 90 ans à 600 m d'altitude et pour finir en beauté, Les Manyes 2012, un grenache plantéà 900 m!... Tous les vins du domaine proposés lors d'une dégustation remarquable, dont certains nous emportent dans une autre dimension!...

002Autre très belle série en compagnie d'Olivier Rivière, un français installé en Rioja depuis plusieurs années désormais, proposant des vins issus d'achats de raisins, mais aussi de parcelles dont il est propriétaire. Un premier blanc venant de Rioja Alavesa, Jequitiba 2014, agréable et frais, suivi d'un maccabeu, Mirando del Sur 2013, passé par un élevage en fûts de Jerez, qui fait de cette cuvée une vraie bombe. "L'idéal pour accompagner un grand jambon ibérique!" suggère Emmanuel Heydens, le Passeur de Vin genevois, qui déguste à nos côtés. De très belles expressions ensuite, avec les rouges, de La Vallada 2013, pur tempranillo de la DO Arlanza, puis de El Cadastro 2012, pour lequel le même cépage est associéà 5% de grenache, le tout issu de parcelles plantées à 1000 mètres. Rayos Uva 2014 et Ganko 2013 (grenache et carignan de Rioja Alta) sont désormais de beaux représentants de la Rioja, devenus des classiques du domaine. Finale explosive avec l'ultime cuvée du jour : La Vinas de Eusébio 2013.

En Galice, dans le vignoble de Monterrei proche du Portugal, se cache la Quinta da Muradella, de Jose Luis Mateo, peu connue en France, si ce n'est de quelques aficionados, qui peinent toujours, cependant, à trouver un importateur pour ces superbes cuvées, notamment les blancs souvent à base de cépages peu connus, tels que donna blanca ou treixadura. Certains soulignent que le transport en provenance du Finistère espagnol est un véritable problème, comme s'il s'agissait du dernier Far West moderne en Europe!... Alors, qui pour tenter l'aventure?... Le vigneron de Verin dispose de 24 ha, dont 14 lui appartiennent. Trente quatre parcelles dans quatre secteurs différents et autant de gammes de vins proposées aux amateurs. Granite, schiste ferreux, granite avec une couche superficielle de sable, ardoise ferreuse et argiles décomposées. Plus loin encore, une vigne complantée de plus de cent ans, dans la montagne de Vilardevos, à 870 m d'altitude, sur une coulée d'ardoise très érodées. Autant de terroirs que Jose Luis tente de mettre en valeur, avec un grand nombre de cépages autochtones. Pour l'occasion, une petite dizaine de cuvées, avec notamment des très beaux blancs : Alanda 2014, puis Sabrego 2011, 100% donna blanca, puis Gorvia 2011, un parcellaire sur schiste issu du même cépage et deux millésimes (2010 et 2012) de Muradella, pur treixadura. On retrouve ensuite les rouges dans une gamme proche : Alanda 2012, assemblage de mencia, bastardo, mouraton et garnacha, avec à suivre Gorvia 2012, une dominante de 55% de mencia, associéà du bastardo et du caino redondo. Enfin, Muradella 2012 et Bewande 2011, issu de mentilla.

004Dernières découvertes du jour et tout d'abord auprès de la tout à fait charmante Brunnhilde Claux, du Domaine de Courbissac, dans le Minervois, du côté de La Livinière. Une jeune femme dynamique et volontiers rieuse, surtout lorsqu'elle explique en préambule qu'elle doit son prénom à la passion de son père pour les opéras de Wagner!... Pour peu, elle s'excuserait même de figurer en haut du palmarès des prénoms les plus difficiles à porter!... Mais, il y a peu de chance qu'elle le renie jamais, sans doute comme ses choix en matière de vins et de vinifications. Son parcours parle pour elle, avec une expérience acquise auprès des Gauby et autre Dominik Huber, en Priorat. Trois jolies cuvées proposées, avec tout d'abord L'Orange 2014, un blanc de macération (marsanne et muscat) de neuf jours plein de fraîcheur, puis deux rouges : Les Traverses 2014 (grenache, mourvèdre et syrah), aimable et frais, puis Les Farrajales, pur cinsault des plus toniques en AOP Minervois. Indiscutablement, une piste à suivre, au pays des dolmens et pierres levées, des chapelles romanes et des châteaux cathares.

Une large gamme de crus bourguignons ensuite, avec la série proposée par Bernard Bouvier, dont les Fixin, Marsannay et Gevrey-Chambertin possèdent souvent élégance et précision, même s'ils sont encore très jeunes, puisque issus pour la plupart du millésime 2012, alors même que le domaine est certifié bio depuis 2013. En guise de conclusion, le Grand Cru Charmes-Chambertin 2012 tend à démontrer que tout est mis en oeuvre pour laisser s'exprimer le terroir des différents climats, une approche que le vigneron de Marsannay porte littéralement en lui. On devine sans peine qu'une dégustation verticale de certains crus, tel que le Gevrey-Chambertin Racines du Temps, porte-étendard du domaine, doit être absolument passionnante.

Finale gourmande pour terminer l'après-midi, en compagnie de Fabien Jouves, du Mas del Périé, en Cahors. Un talent désormais confirmé, que ce jeune vigneron installé depuis 2006 sur le Causse du Quercy. Un vent nouveau indiscutablement, que l'on apprécie la cuvée pur jus, issue d'une macération carbonique, Tu vin plus aux soirées 2014 (70% malbec et 30% cabernet franc), ou que l'on déguste à table l'impressionnante Bloc B763 2012, que d'aucuns classent désormais parmi les plus grandes cuvées du Sud-Ouest!... Mais, la gamme est sans fausse note, avec des vins disponibles et frais, même quand le vigneron, quelque peu joueur, propose Bid'Ouillage 2011, un chenin ouillé par erreur avec du malbec!... Là, c'est l'envie de découvrir l'ensemble in situ qui devient le plus fort. Et ce sera peut-être le cas avant longtemps...

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Après une telle journée, qu'espérer de mieux qu'un bon bol d'air au Domaine de Chevalier, pour la traditionnelle soirée qui s'y déroule tous les deux ans, le lundi de Vinexpo. En fait, les Bernard savent recevoir et nombre de personnalités du Monde du Vin s'y pressent : propriétaires de crus locaux, négociants, importateurs internationaux, journalistes, vignerons d'autres régions et même... blogueur!... Cette année, j'ai donc pu offrir un exemplaire de Tronches de vin n°2 à Madame Bernard, qui a donc pu ainsi, compléter sa collection!... Le monde est en marche!.. Si, si... Cette année encore, l'invité d'honneur de cette soirée festive et gourmande n'était autre que Dirk Van der Niepoort, dont on connaît la remarquable gamme de Porto et de vins du Douro. Un personnage hors du commun, venu en jeans et crocks (du coup, nous étions au moins deux!), ce qui dénotait quelque peu dans le paysage!... Et l'occasion de se remémorer un échange de bons procédés sur la terrasse du Presbytère, à Calce, voilàà peine quelques années, lorsqu'il nous fut permis d'échanger quelques huîtres de Vendée, à l'heure de l'apéro en compagnie de Tom Lubbe, contre divers échantillons de Porto Vintage, entre autres, dont les mémoires et les papilles vendéennes se souviennent encore!... Et, au passage, être invitéà découvrir Vila Nova de Gaia... Je crois que je vais aisément me faire à cette idée et inscrire cela sur mes tablettes!...

A suivre...

L'été venu, les choses avancent...

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S'imaginer un instant qu'il suffit de claquer des doigts pour voir ses rêves se réaliser, c'est le meilleur moyen d'opter pour un chemin de non retour. Une évidence peut-être, mais la confrontation aux méandres de la réglementation, dans notre beau pays, est sans doute le meilleur moyen de tester sa détermination, de faire montre d'une certaine forme d'humilité, en s'appuyant parfois sur une bonne dose d'humour, voire d'autodérision!... Le prochain qui me parle de "simplification", je... lui fais boire de l'eau!... De mer!...

Comme si nos propres doutes ne suffisaient pas, nos réflexions en cours, source de contradictions et la lecture des chiffres parfois décourageante!... En plus, il faut bien le dire, je n'ai jamais aussi bien examiné ma ville. Spéculations sur le lieu d'installation, informations parfois divergentes sur l'animation et la promotion future des quartiers, avis sentencieux de pessimistes chroniques... Bref, on passe alors par tous les états!...

Et puis soudain, un visage qui s'illumine, lorsque vous évoquez votre projet et sa teneur... "Génial!" Pas un "génial" exubérant et superficiel, mais quelque chose comme un mot qui vous donne le frisson juste un instant, parce que vous avez le sentiment que votre interlocuteur(trice) le ressent en même temps que vous... Ce n'est pas pour autant que l'on se sent un génie mais, d'un seul coup, on a envie d'aller au bout, rien que pour cette personne et son sourire. Go, go, go!...

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Alors voilà, c’est parti ! Les idées se bousculent, il faut faire des colonnes, pas seulement de chiffres. Établir un planning. Parfois, on décide dans l’urgence, mais pas là. Une date butoir pour fixer l’ouverture. Un [alter]caviste va ouvrir en ville. Les vins ?... La liste est longue et quasiment déjà faite. Réflexion sur les saisons… Le nom, l’enseigne ?... L’entreprise qui va nous concocter logo et déco est un partenaire déjà bien connu. On évoque le contenu. Je devine l’amusement des concepteurs… "Mais, où va-t-il chercher tout ça ?..." Go, go, go !...

Puis vient le temps que l’on se doit de consacrer aux informations dans un cadre plus institutionnel. Journée d’info à la CCI locale. Finalement, on en retient quelques bribes, en guise de colonne vertébrale fragile du projet et on se donne rendez-vous à la date voulue. On s’attend àêtre encouragé, presque porté… "Vous savez, pas plus de 10% de projets se concrétisent…" Merci Madame !... Ça commence à me plaire, parce que ressurgissent de ma mémoire, les paroles de ceux qui prévoyaient des échecs à certaines entreprises et initiatives passées. "Ne vous faites pas trop d’illusions…" Rendez-vous de l’autre côté de l’océan !... Ça tombe bien, le concept évoque justement ces aventuriers du quotidien, que l’on traitait de fous !...

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J’ai toujours eu une certaine admiration, voire une admiration certaine, pour ceux qui étaient capables de faire montre de professionnalisme et d’exercer leur activité dans des conditions aventureuses et novatrices. Au-delà des sportifs parcourant, de nos jours, les très rares terres (ou mers) inconnues désormais (même si leurs aventures survitaminées sont éminemment respectables et admirables), le projet sera illustré de ces aventuriers du passé, alliant passion et frisson, mais aussi détermination à défricher des chemins inconnus et ainsi, atteindre l’objectif fixé par quelque visionnaire. Avec L’Aéropostale©, le courrier devait passer, avec La Vinopostale©, le vin doit passer !... Et finalement, ne faut-il pas voir quelques points communs, entre un concepteur d’avions (et même de soucoupe volante !) tel que René Couzinet (natif de St Martin des Noyers, tout près de La Roche sur Yon, où l’aérodrome porte son nom) et certains vignerons de notre époque ?... Ou encore, comme ces hommes (et ces femmes) que j’ai pu naguère côtoyer et dont j’ai croisé le regard pétillant (nature) de passion qui, voilàà peine plus de cinquante ans, "inventaient" l’aviation commerciale et transportaient leurs passagers dans des conditions parfois extrêmes, se faisant de belles peurs dans des vents de sable ou des orages tonitruants, mais partageant rires et jolies bouteilles, une fois l’escale atteinte !...

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On me demande parfois d’où me vient ma passion du vin. Je crois sincèrement que mon oncle, Yves et ses amis, échangeant leurs trouvailles vineuses au moment des fêtes de fin d‘année, m’ont indiqué le chemin… Curieux itinéraire ?... Aujourd’hui, j’ai très envie de faire souffler le vent de l’aventure, déplier une manche à air dans la vitrine, faire vrombir les moteurs dans ce petit hangar urbain, afin de saluer la mémoire de ces aventuriers, ceux qui furent les premiers à poser leurs avions par tous les temps ou à sécuriser une carlingue heurtée en plein vol par un autre aéronef et à atteindre Orly quelques minutes plus tard sans encombres, alors même que l’hôtesse continuait à servir le café en cabine !... "Bon Dieu, on vole en décapotable!..." Aux confins de la légende !... Go, go, go !...

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Photo : Revue Icare n°146

A La Roche sur Yon, La Vinopostale©, ce sera comme une escale, un point sur la carte des routes qui vous poussent toujours plus loin vers d’autres vignobles, du sud au nord et de l’est à l’ouest. Certains jours, il faudra saisir l’occasion, dans le secteur limited arrivals. Parfois s’attarder en terrasse pour goûter à ces produits parachutés la veille, des gourmandises rares qui vous feront saliver. Ou encore, s’amuser de quelques fast tastings. D’autres jours, vous pourrez commander en ligne et utiliser le drive in glass, déterminant vous-même le plan de vol et le moment de votre passage au flying desk. Certains pourront aussi s’initier dans le cadre du pilot wine school ou convier quelques amis pour un tasting at home.

Bien sur, vous pourrez aussi croiser à La Vinopostale©, de temps à autre, des vignerons dans leur circumnavigation. Certains viendront peut-être avec leurs chevaux de travail, qui ne manqueront pas de brouter délicieusement les fleurs municipales, dans les bacs arc-en-ciel de la rue piétonne. Mais, leur crottin (bio !) boostera les rosiers de la Ville !...

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Photo : Pierre Darmengeat

Quelques semaines de patience encore, parce que les quatre exemplaires papier (au diable la digitalisation et le bilan carbone des services !) déposés dans les services de la Mairie, tenus de les transmettre à la DDTM et aux Sapeurs-pompiers, doivent désormais passer en commission au titre de l’accessibilité, de la sécurité et pour avis de l’architecte des Bâtiments de France, centre ville historique oblige !... Peut-être faudra-t-il apporter quelques correctifs, nuancer le bleu du ciel de l’enseigne drapeau ?... Attendre encore quelques avis comptable, bancaire ou divers accords indispensables. Puis effectuer les ultimes démarches : dépôt à la Chambre de Commerce, puis à la Mairie encore, pour l’ouverture d’un commerce, sans oublier la validation de l’éventuel mobilier urbain… J’en passe et des meilleurs !... Vous avez dit parcours du combattant ?... Go, go, go !...

Et puis viendra la mise en place. Quelques réservations déjà faites ici ou là, pour quelques cuvées rares, la réception des commandes et l'installation dans la boutique elle-même. Ca devrait nous occuper pour l'été, etc... Nous serons alors aux environs du 17 septembre, la date dans le viseur, validée, pour peu que l'arrêté soit bien publié en temps et en heure. On parlera certainement de foires aux vins ici ou là. Il sera temps de s'activer pour la promotion, en s'agitant sur les réseaux sociaux notamment, aidé en cela par quelque éminente spécialiste, option community manager, si elle est alors rentrée de voyage de noces!... Faire valoir sa différence, évoquer nos préférences et donner des marques de déférence à tous ceux qui voudront bien découvrir nos références!... Go, go, go!...


Vinexpo, Vinexp'Haut, Vinexp'eau... mais aujourd'hui, j'ai piscine!

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Suite et fin de notre séjour bordelais, avec un point de ralliement très fréquentéà l'ancienne caserne Niel, Quai des Queyries, dans le cadre de ce qu'il convient d'appeler l'écosystème Darwin. En ce lundi, c'est Return to terroir qui mobilise. Chacun aura reconnu La Renaissance des Appellations, chère à Nicolas Joly. Ce groupe constitué en 2001 pour la France, compte désormais 175 domaines viticoles de treize pays différents. ici, à Bordeaux, 106 vignerons étaient présents et neuf pays représentés. Ce qui peut justifier le rush matinal et imposer un minimum de patience. En se glissant entre les colonnes des anciens Magasins Généraux du 57è Régiment du Train (parti en2005) rénovés depuis, il est aisé de s'orienter, afin d'identifier les secteurs attribués à tels ou tels pays et régions. Au cours de la matinée, il est aussi aisé d'identifier le stand le plus visité, à savoir celui du Domaine Leroy, de Vosne-Romanée, dont les aficionados et les curieux ne manquent pas les rares sorties hors ses murs!... Mais, ce matin, le peloton est impressionnant! Heureusement, il est situé dans un endroit stratégique, permettant d'éviter de contrarier trop la déambulation des visiteurs. Il faut penser à tout lorsqu'on est organisateur!...

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Du coup, je me porte à la table des Delesvaux, qui sont encore là pour me permettre une sympathique mise en bouche. Y'a pire, me direz-vous, pour étalonner ses papilles!... Dans la série, blanc sur rouge, rien ne bouge, on commence par les rouges, Le Roc 2014, puis La Montée de l'Epine 2014, du bon cabernet du Layon, avec à suivre les blancs, Feuille d'or 2013 (malo faite!) et une très belle cuvée Authentique Franc de pied 2014 très prometteuse.

Avant de continuer en Loire, me retournant, je découvre un nouveau venu de Renaissance : Jean Marot, du Domaine Vindemio, à Mazan, au pied du Ventoux. Un ami de longue date d'Olivier B, ce dernier m'ayant conseillé de découvrir le domaine, lors de notre passage dans la région en 2014, mais, quelque contretemps dans la musique des vacances estivales... Belle occasion de faire connaissance avec ce vigneron (depuis vingt ans), ancien pharmacien homéopathe. Le domaine de vingt hectares est en biodynamie depuis 2008 et en culture biologique depuis 1997. Des sols variés qui vont des graves argilo-calcaires aux sables ocracés, au gypse et aux argiles grises. Une jolie série à découvrir, avec la gamme Regain dans les trois couleurs tout d'abord, dont un joli blanc composé de 90% de clairette, le reste de grenache blanc, malo faite et doté d'un bel équilibre. Un rosé gouleyant également (50% grenache, plus syrah et clairette, malo faite aussi) et une très belle suite de rouges : Sonate 2013 (dominante de grenache), Funambule 2013, avec 80% de syrah, puis Imagine 2011 (grenache et syrah à parts égales) et enfin Amadeus 2011, avec 90% de grenache, opulent et soyeux.

Nouvelle tentative vers la Bourgogne. Dominique Derain est là. Emmanuel Giboulot aussi, bien entouré... Du coup, retour en Loire. Méridionale d'abord, avec Thierry Michon, en Fiefs Vendéens, puis auprès de Frédéric Niger Van Herck, alias Fred, du Domaine de L'Ecu, un des phares du Muscadet. Toujours les cuvées "classiques" (Gneiss, Granite...) mais surtout la très jolie série Carpe Diem 2012, Lux, Faust, Ange 2014, qui tendent à démontrer qu'il n'y a pas que du melon en Pays Nantais!...

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Rencontre aussi avec Sylvain Potin, du Clau de Nell, dont l'une des co-propriétaires n'était autre qu'Anne-Claude Leflaive, disparue voilà quelques mois. Le domaine angevin, situéà Ambillou-Château continue d'avancer, après quelques années d'indispensable restructuration. Pas encore de chenin disponible, mais toujours des grolleau et cabernet franc, proposés dans les millésimes 2011 et 2012, francs et ouverts. Un petit passage au domaine s'impose, avant longtemps.

Avant de mettre cap au sud, croisons le verre avec Stéphane Tissot, qui n'a pas son pareil pour vous faire apprécier une rafale de Jura!... Un peu de BBF pour la mise en bouche, puis un très beau Clos Saint Roch 2012, un chardonnay sur marne calcaire proposé en magnum uniquement, mais qui vaut le détour, suivi d'un cocktail poulsard-pinot noir-trousseau 2014 très plaisant. On en termine avec En Spois 2008, catégorie vin jaune à découvrir absolument, sans oublier le remarquable Château Châlon 2008, un vin qui nous fait pénétrer une autre dimension, comme nous le proposent ces oxydatifs jurassiens hors du commun, que trop d'amateurs ignorent encore de nos jours. Mais, au Domaine Tissot, on a les armes pour les séduire.

Au Domaine de Sulauze, Guillaume et Karina Lefèvre forment un couple de vignerons forts de leurs convictions, qu'il ne faut pas manquer de passer voir, si votre route vous mène du côté d'Istres et de Miramas, entre la plaine de la Crau et l'étang de Berre. Une gamme fraîche et particulièrement agréable, notamment quand viennent les beaux jours : Galinette 2014 (blanc), Pomponnette 2014 (rosé) et Les Amis 2014 (rouge), un beau trio d'assemblages teintés de Grand Sud pour vos terrasses estivales, sans oublier Hyper Modeste, option pétillant naturel proposé en magnum, pour les plus gourmands. A noter aussi, une nouvelle cuvée très réussie : Chapelle Laïque 2014, un pur cinsault qui remet l'église au milieu du village!...

De la bonne humeur à la table du Domaine Milan, puisque les enfants d'Henri (occupé par d'autres engagements locaux), Emmanuelle et Théo sont de la partie pour proposer une très belle série : Papillon blanc et rouge 2014, le Grand Blanc 2013, toujours aussi épatant, puis Sex 2013 précédant Clos Milan 2009 sur la puissance, avant Le Jardin 2012 et La Carrée 2012, ce dernier devant être un des plus beaux vins blancs du Grand Sud!...

Pour mettre encore plus de sud, pas d'autre option que d'opter pour la Corse! Là encore, une très belle série avec les vins de Jean-Charles Abbatucci, dont Faustine, en blanc (100% vermentino en 2014) et rouge (2012), Barbarossa 2012, le Général 2013, le Diplomate 2013, côté blancs et le Ministre Impérial côté rouge!...

001Beaucoup de très grands vins donc, au cœur de Renaissance et une impasse côté italien, pour cause de Asini Volanti, le Salon des Vins Artisanaux Italiens, proposé le lendemain, au même endroit. Trop d’impasses certes, mais en cette journée du lundi, un autre off était proposéà Cap Sciences, à proximité du nouveau pont Jacques Chaban-Delmas, reliant le quai de Bacalan et le quai de Brazza. C’est dans cet espace plutôt design, qu’étaient réunis Les Anonymousses, soit pas moins d’une quarantaine de vignerons de toutes les générations, dont certains de la plus récente et que l’on voit peu sur les salons. La très originale affiche était le fruit de l’imaginaire de Mathias Marquet et chacun pouvait tenter de décrypter son sens maritime : une bouteille à la mer (anonyme ?), qui semble séduire un énorme cachalot (Vinexpo ?), lui trouvant une parenté du fait de sa forme ?... En fait, rien que du beau monde, mais pour moi, en cette fin de journée, une fatigue gustative qui m’empêche d’apprécier le moment comme il se doit… Saturation !... De plus, il me faut rentrer en vue de la soirée festive. Et traverser Bordeaux en voiture, ce qui reste une épreuve, à certaines heures. Les Anonymousses méritaient bien mieux que ce survol rapide… Désolé !... A charge de revanche !...

Retour le lendemain matin à l’Espace Darwin donc, afin de franchir les Alpes et parcourir l’Italie !... "L’âne est un animal qui ne fait pas ce qu’il ne comprend pas, s’il ne comprend pas il s’arrête et il se met en position d’écoute. Les vignerons  de Asini Volanti [les ânes volants] savent ce qui est bien pour la fertilité de leurs propres terres, ils se posent à l’écoute pour en capter les besoins. Asini Volanti représentent une réalité concrète, pas une utopie, à savourer dans un verre." Ceci en guise d’introduction du carnet de dégustation proposé par les organisateurs. Pas moins de quatorze régions italiennes étaient représentées, du nord au sud, Sicile et Sardaigne comprises. Tout le nord ou presque, mais aussi Campanie, Basilicate et Calabre, moins connues.

003Je franchis l’entrée en même temps que Jean-Philippe Héaumé, d’Absoluvins, pour qui l’Italie n’est pas terra incognita, comme lepréciseraient les latinistes !... Près de 80 domaines étaient recensés pour la journée, ce qui peut paraître beaucoup et peu à la fois, au regard du vignoble italien. Certains doublaient avec Renaissance, ce qui ne pouvait qu’augmenter le potentiel de rencontres. Il faut bien dire que les Vins Artisanaux Italiens n’ont pas connu le succès attendu… Malgré le succès en France du film de Jonathan Nossiter, Résistance Naturelle, la barre était peut-être un peu haute pour une telle organisation, alors même que nombre de producteurs transalpins sont présents sur le Vinexpo officiel. Trop ambitieux Asini Volanti ?... Ce qui est certain, c’est que les absents ont eu tort, permettant aux présents de dialoguer plus longuement et de manière plus ouverte avec les vignerons… lorsqu’ils n’étaient pas eux-mêmes passés du côté visiteurs !... Ainsi, les Toscans rendirent parfois visite aux Siciliens et les Piémontais revisitèrent le Frioul. Notez aussi que les importateurs installés en France pouvaient aussi faire quelques suggestions et permettre aux amateurs de faire de superbes découvertes !... Des talents, des terroirs hors du commun, des convictions, tout ce qu’il faut pour nous étonner !...

Les Delesvaux n’étant pas présents – et pour cause, à moins qu’ils ne décident de prendre leur retraite en Italie, allez savoir ! – la mise en bouche s’est faite grâce aux jolis vins de Silvio Messana, de Montesecondo, situé en Toscane. Un Chianti Classico 2013, puis Tin 2013 (100% sangiovese) et Il Rospo 2013, assemblage de cabernet sauvignon et de petit verdot (20%), autant de cuvées qui démontrent qu’en Toscane, tout le monde ne vend pas son âme au Diable pour proposer des vins originaux et distingués. A la même table, mais implantéà Monteveglio, à l’ouest de Bologne, Vigneto San Vito propose une série intéressante, avec tout d’abord un pétillant naturel à base de pignoletto en mode frizzante. Des vins sincères et frais dont Vigna del Grotto (blanc sec 100% pignoletto) ou encore un Barbera 2012 et Pro.Vino 2010 (100% cabernet sauvignon).

004Direction la Sardaigne ensuite, pour découvrir la Tenute Dettori, implantée à Sennori, au nord-ouest de l’île, non loin de la mer et du golfe de l’Asinara. Là encore, une très belle série qui se termine par les très beaux Tenores et Dettori, deux vins quelque peu hors du temps, non produits lors des années difficiles (2008…), à base de 100% de cannonau, variété autochtone que l’on dit proche de la garnacha espagnole et du grenache français notamment. Deux très beaux canons que le vigneron sarde nous présente de façon imagée : "Le premier, c’est une Ferrari conduite par Schumacher, le second, une Ferrari conduite par un pilote italien !..." Contact !... On est vite transportés à Monza !...

Très belle découverte ensuite, avec le représentant d’un vignoble qui ne laisse pas forcément de souvenirs impérissables aux amateurs français : le Soave. En effet, voilà une appellation que l’on a coutume de voir sur les cartes des vins de pseudo restaurants italiens en France, avec le Bardolino ou encore le Valpolicella. Pourtant, non loin de l’autoroute, entre Vérone et Venise, Soave compte quelques pépites, comme la Cantina Filippi, à Castelcerino. Un site hors du commun, de toute évidence et des vins issus de parcelles entourant une butte boisée, composée en bonne proportion de basalte et de calcaire. Des blancs superbes se succèdent : Castelcerino, Vigne della Bra, Monteseroni, Turbiana, le tout dans le millésime 2013, avec des expressions influencées par les sols et les expressions différentes. Jusqu’à un très beau chardonnay, Susina.. 2013 !... A ne pas manquer !...

006Retour sur La Stoppa, chère à Elena Pantaleoni, mais aussi sur Dinavolo, le petit domaine dédié aux vins orange de Giulio Armani. A Rivergaro, Elena propose une gamme sincère et nature. Dans celle-ci, sont présentés des vins parfois élevés longuement en bouteilles, au domaine. L’idée étant de proposer des cuvées disponibles, s’ouvrant doucement dès qu’on débouche les flacons, auxquels il faut accorder le temps voulu… Macchiona 2002 ou La Stoppa 2005 le démontrent, quelques minutes permettent de s’ouvrir d’autres horizons… Ce qui est aussi le cas avec Ageno 2011, un blanc de macération hors du commun. Giulio Armani a, quant à lui, élargi sa gamme : Cetavela 2013 et Dinavolino 2013, issus de vignes plus jeunes et de macérations éventuellement plus courtes, donnent leur pleine mesure, tendance didactique. Dinavolo 2010 exprime un très beau potentiel.

D’autres jolies découvertes avec les vins de l’Etna de Eno-Trio, où nerello mascalese et pinot nero expriment la puissance sicilienne, ou encore auprès de Giulia Gonella, qui propose de très beaux barbera d’Asti, dont Latipica 2011 et Le Amandole 2010. Une escapade à prévoir, entre le Roero, les Langhe et Asti…

N’oublions pas Monte Dall’ora, de San Pietro in Cariano, dans la province de Vérone. De beaux Valpolicella Classico, dont Stropa 2007, un Amarone remarquable et Sausto 2011, un Valpolicella ripasso (une refermentation sur des lies d’Amarone et/ou de raisin passerillé) plein et généreux. Bien sur, impossible de passer sous silence la rencontre, au-delà même de la large dégustation, avec Stefano Bellotti, un des acteurs vedettes de Resistenza Naturale. Cascina degli Ulivi est situéà Novi Ligure, dans la province d’Alessandria, partie sud du Piémont, mais Gênes et la côte ligure sont proches. Un beau trio de blancs secs, Gavi, Montemarino et Filagnotti, issus du cépage cortese, puis d’autres blancs comme La Merla Bianca (sauvignon et traminer) ou A Demûa (riesling, verdea, bosco, timorassa et moscatella) et des rouges pour finir, issus de barbera et de dolcetto. Avec ces vins agréables, sapides en diable, retenons aussi l’approche humaniste. En quelques phrases, Stefano nous rappelle au passage le contenu, le ferment du manifeste des producteurs de vins triple "A", comme Agriculteurs, Artisans, Artistes, à l’opposé de la standardisation planétaire des vins.

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Après un passage auprès de Ferdinando Principiano, vigneron à Monforte d’Alba, proposant dolcetto, barbera, nebbiolo somme toute assez classiques, suivis d’un Barolo 2011 et d’un Barolo Boscareto 2009, au fort potentiel de garde, autre découverte intéressante avec le domaine Paraschos, situéà San Floriano del Collio, dans la province de Gorizia et la région du Fioul, à la frontière slovène. Les amateurs auront vite situé que nous sommes là au cœur de la région viticole qui propose des vins oranges, souvent élevés en amphores. Les plus grands spécialistes frioulans sont là !... En effet, après quelques mots échangés en anglais avec le vigneron, nous découvrons que ses voisins sont Gravner, Radikon et autre Princic !... Pas de doute, un joli coin pour les vacances, surtout pour les fans de ces vins du quatrième type !... Les cuvées s’appellent Kai 2011, Ponka 2010, Not 2011, mais le duo Amphoreus, avec Bianco 2010 (ribolla gialla et chardonnay) et la superbe Malvasia 2011, issue de vieilles vignes et d’une fermentation de douze mois en amphores (plus six mois d’élevage) nous laisse pantois, d’autant que deux merlot ponctuent aimablement ce remarquable final !... Magistrale Italia !...

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Fin du mardi de Vinexpo. Demain est un autre jour… Naguère, il arrivait qu’une canicule vienne perturber le salon, comme dans les années 90. Mais là, je sens que la température monte, monte… Désolé, mais là, j’ai piscine !...

Ludovic Bodin, huîtres naturelles au Port Chinois

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Le Port du Bec, ou Port Chinois, haut-lieu touristique en Vendée, également connu pour son activité ostréicole. C'est pas le tout d'apprécier les huîtres à table ou au cours de dégustations comparatives, voire en off de divers salons des vins naturels mais, si on allait voir comment ça se passe en mer?... Parce que, faut-il le rappeler, avant d'arriver jusqu'à nos papilles, en vue de nos évaluations de gourmands perspicaces, il y a du travail!... Au grand air, certes (quelle chance ils ont, disent parfois les éditorialistes des grands médias parisiens!...), mais dans le genre maritime et la mer, certains jours, ce n'est pas vraiment les vacances!...

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C'est l'histoire d'un jeune boulanger-pâtissier de la côte nord-vendéenne, Ludovic Bodin qui, après quelques dix années de renfort estival dans une boulangerie de Beauvoir sur Mer, par exemple, découvre que l'on peut pratiquer la pêche à pied, des palourdes notamment. Pendant les trois mois de la saison, non content d'oeuvrer au fournil et de pétrir baguettes et brioches de 22 heures à 5 heures du matin, il enchaîne en faisant les marées et devient pêcheur à pied de coquillages. Il opte finalement pour cette seule activité, qu'il pratique désormais depuis neuf ans.

002Quand on est dans la grève, on s'intéresse vite à tous les mollusques et coquillages. Dans le but de diversifier son activité, Ludovic ramasse aussi quelques huîtres sauvages qui se sont captées sur les rochers, des huîtres arrivées là de façon naturelle, dans certains gisements. Du fait de la mortalité dans les parcs, au cours de ces dernières années, il a le droit de les pêcher en paquets et de les troquer auprès des ostréiculteurs en place. Au bout de quelques temps, il finit par se dire qu'il pourrait rejoindre le groupe local de ces professionnels. Bien sur, on accède pas au domaine maritime en claquant des doigts, il va donc lui falloir suivre les formations successives voulues.

Il faut aussi s'équiper d'un bateau adapté, passer le permis adequat et investir petit à petit dans le matériel indispensable : les coupelles sur tube pour le captage, puis les poches aux maillages différents (4, 9 et 14), etc... Depuis trois ans, Ludovic gère cette période incontournable, ce passage obligé. A Noël 2015, il pourra enfin produire une quantité viable d'huîtres de captage (environ 15 tonnes) les plus naturelles qu'il soit. A terme, l'objectif est d'environ une vingtaine de tonnes annuelle, alors qu'en 2014, les sept tonnes produites ont été vendues à des grossistes.

Selon les zones de production, en rapport notamment avec le prix à l'hectare des parcs à huîtres, les ostréiculteurs cherchent parfois à accélérer le processus qui, naturellement, s'étale sur environ trois ans et demi, entre le captage du naissain et la consommation. Ces modes d'élevage restent néanmoins naturels, on peut même considérer que certaines options permettent "d'enrichir" gustativement les mollusques bivalves, en les faisant passer par d'autres eaux.

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Mais, avant toute chose, un peu d'histoire... A l'origine, en France, toutes les huîtres étaient plates et ce, jusqu'en 1920, année d'une épizootie des plus sévères, qui les fit disparaître presque totalement de nos côtes. Dès 1865, un armateur de pêche du bassin d'Arcachon avait décidé d'y introduire des huîtres creuses portugaises. Il obtient l'autorisation à la fin de cette même année, mais les premiers chargements arrivent au début 1867. D'autres envois suivront jusqu'en 1871. Mais, l'un d'eux se termine mal. En provenance de Sétubal avec son chargement, le bateau - Le Morlaisien - se présente dans les passes du bassin arcachonais, mais ne peut y pénétrer du fait de la tempête. Le capitaine décide de se mettre à l'abri dans l'estuaire de la Gironde. Le voyage se prolonge (jusqu'à Bordeaux?) et la cargaison, devenue impropre à la consommation, est passée par dessus bord, non loin du Verdon. Là, quelques spécimens survivent, se développent et colonisent la rive droite de l'estuaire, pour atteindre La Rochelle en 1874. Cinq ans plus tard, toute la Charente Inférieure de l'époque est colonisée.

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Ici, à L'Epoids, commune de Bouin, les premiers ostréiculteurs venus de Marennes-Oléron se sont installés en 1948. Ils étaient alors à la recherche de nouveaux sites et ont développé la production en quelques années, entraînant quelques agriculteurs locaux, qui trouvèrent là matière à diversification. Notez que la portugaise - crassostrea angulata - a désormais disparu de nos côtes et ce depuis 1970. Elle est désormais remplacée par une souche japonaise - crassostrea gigas - variété très largement diffusée. Elle pourrait devenir la seule valide, car l'huître américaine - crassostrea virginica - semble aussi connaître quelques problèmes...

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Ciel plombé, rares trouées dans les nuages, mais température clémente. La balade en mer commence par une virée en tracteur, histoire de rejoindre la cale de mise à l'eau. Là, ça se bouscule quelque peu, vu que tous ceux qui ont prévu d'aller travailler sur leurs parcs doivent saisir le bon moment. La mer descend, il faut pouvoir passer quelques heures sur place, car dès que l'eau remonte, il faut refaire le parcours inverse. De plus, nous allons à un endroit où les tables couvertes de poches d'huîtres ne se découvrent qu'aux marées de vives eaux, avec un coefficient minimum, au-dessus de 80. Là, Ludovic dispose de vingt-cinq ares et il y a, au bas mot, sept cents poches à retourner!... Physique comme boulot, pas de doute!...

Comme tous les parcs sont couverts à notre arrivée, il faut dire que l'oeil exercé du marin est indispensable pour se faufiler entre les piquets et trouver la bonne allée. Pour ma part, ne disposant pas de cuissardes à ma pointure, je devrais attendre le bas de l'eau pour secouer quelques poches, sans remplir mes bottes. J'ai bien dit quelques, parce que pour le dos, avec ce genre d'activité, il vaut mieux que son ostéopathe préféré ne soit pas parti en vacances!...

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Très vite, du point de vue du paysage de la Baie de Bourgneuf, la magie opère. Les hectares de parcs se découvrent lentement. J'essaie de ne pas trop perturber la tâche de Ludovic, habituéà travailler seul, sachant bien que le temps lui est compté. A proximité du chaland, des tubes couverts d'huîtres sont posés sur les tables. Tout cela mérite une petite explication de texte.

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En fait, Ludovic Bodin dispose de près de cinq hectares de parcs, mais dans la région, ce sont les tables que l'on paye, alors que dans d'autres zones, comme en Normandie par exemple, le prix à l'hectare s'est envolé, d'où le besoin d'obéir à une autre logique de production et de commercialisation. Plusieurs parcelles dans le secteur, mais aussi non loin de Noirmoutier et de la Plage des Dames, avec en plus la chance de disposer de tables dans une zone de captage, du côté de La Bernerie et des Moutiers en Retz, destinée à la production de naissain.

En ces tout premiers jours de juillet, les huîtres sont en lait et commencent à délaiter. Elles libèrent une laitance composée de larves qui vont mettre vingt et un jours pour s'installer, se capter, sur un support. Les coupelles sur tubes (voir plus haut) sont les plus efficaces, en tout cas, la méthode la plus moderne. Ces dernières sont mises à l'eau au moment du 14 juillet et relevées (en principe) en mars ou avril de l'année suivante. Notez qu'il y a parfois des exceptions, puisqu'en 2014, du fait d'une production très importante de laitance, les coupelles furent relevées dès le mois d'octobre. Les conditions climatiques de la fin de l'été y furent sans doute pour quelque chose alors, qu'a contrario, 2013 ne permit qu'une production très réduite.

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Parfois, ce sont des tubes qui sont utilisés, disposés un par un ou en paquets de dix sur les tables. Lorsque les huîtres atteignent la taille voulue, les tubes sont passés en machine (seule concession à la mécanisation à ce jour chez Ludovic) afin de les décoller et les mollusques sont mis en poches aux maillages successifs de plus en plus gros (voir plus haut), pour permettre leur croissance. Notez que les producteurs de naissains destinent une partie de ceux-ci à certains ostréiculteurs d'autres régions, qui souhaitent raccourcir le cycle naturel, en élevant les huîtres une année de moins, en achetant des coquillages d'un an. Il faut savoir aussi que les producteurs de nos côtes atlantiques expédient une bonne part de leur production en Bretagne, à Paimpol par exemple, entre le douzième et le vingt-quatrième mois, afin d'accélérer la croissance des mollusques. En effet, les eaux plus froides de la Manche et une plus grande richesse en phytoplancton permettent de gagner naturellement environ six mois. Ce pourrait être le cas également au Portugal, dont les côtes sont baignées d'eaux plus froides que dans nos régions, mais malheureusement plus lointaines.

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Bien sur, il existe désormais une autre façon de procéder. Une méthode proposée voilà quelques années aux ostréiculteurs, afin de mettre sur la table des huîtres des quatre saisons. Les naissains sont produits dans des écloseries et élevés le temps voulu en nurseries. A l'origine, une huître mère, un peu comme dans une ruche. Elle est génétiquement modifiée (aspect des choses que les professionnels du secteur ont du mal à confesser) afin de délaiter des huîtres stériles. Ces dernières, les triploïdes, vont suivre le cycle normal, mais ne produiront jamais de laitance. De ce fait, elles sont disponibles toute l'année, notamment entre Fête Nationale et 15 août, période traditionnellement délaissée naguère par les amateurs, car rares sont ceux qui se délectent d'huîtres laiteuses. Et c'est ainsi que les touristes étrangers visitant la Capitale et notre beau pays, peuvent se régaler en terrasse au coeur de l'été, avec vue sur le Louvre ou le Mont Saint Michel!...

044Un autre mode de production prévoit le passage en claires, comme àMarennes, par exemple. On distingue alors des fines de claires (les branchies deviennent vertes grâce à une micro-algue filtrée par l'huître), des spéciales de claires (sélectionnées pour leur forme plus creuse, plus concave, ce qui va les rendre plus charnues) et des pousse en claires, qui comme les précédentes sont élevées dans des bassins argileux peu profonds pendant quatre mois minimum, au lieu de vingt-huit jours pour les deux premières, mais à raison de cinq individus par mètre carré. Ce sont des huîtres dites de la mer à la terre, plutôt rares, mais succulentes.

D'autres secteurs de production, comme Le Port de la Guittière, en Vendée, pratiquent une méthode voisine avec des mollusques venant de Normandie et qui suivent une préparation quasi identique aux spéciales telles que définies à Marennes. Notez que cela n'a rien à voir avec les bassins en béton dont disposent les ostréiculteurs à proximité de leur cabane, quant à eux destinés à une période de séjour tampon prévue par la législation selon les régions. En effet, les huîtres extraites des poches doivent y séjourner quelques jours avant d'être mise sur le marché, du fait de la qualité des eaux (et de la proximité d'autres productions agricoles?).

Mais, la mer remonte, il faut regagner le petit port chinois, qui ne porte jamais mieux son nom qu'à la marée basse, lorsqu'aux grandes marées, il ne reste plus que quelques centimètres d'eau sous le moteur. Nous retrouvons les encombrements du bord de mer. Juste le temps d'évoquer une goûteuse recette suggérée par le pêcheur de palourdes :

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De retour de la pêche, bien laver les palourdes et les jeter dans un faitout, afin de les faire ouvrir à sec. Lorsqu'elles sont ouvertes, on sépare les coquilles de la chair, puis on passe le jus récupéré au chinois. Mettre les palourdes dans un récipient et arrosez-les du jus de cuisson. Il faut alors les laisser mariner ainsi au réfrigérateur au minimum douze heures. On peut alors ajouter un soupçon de vin blanc et un jus de citron. Récupérer la marinade lorsqu'elle est prête en passant de nouveau le jus au chinois. Un petit peu de beurre dans le fond d'une poêle, saisir ainsi à feu assez vif les palourdes, jusqu'à ce qu'elles prennent une très très légère teinte dorée. Mouillez les d'un peu de jus, ajoutez un soupçon d'ail moulu et de la crème fraîche. Servez chaud, poivrez très légèrement, un peu de pain frais, du beurre au cristaux de sel de Noirmoutier. Ne reste plus qu'à se régaler, le tout arrosé d'un vin blanc sec naturel de votre choix. Elle n'est pas naturelle, la vie des bords de mer?...

Domaine Johanna Cécillon : cidre naturel en Côtes d'Armor

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Quittons le vignoble pour découvrir le cidre au naturel!... Sous nos roues, la RN 12, voie rapide à travers la Bretagne, défile. Avant d'atteindre le Trégor pour quelques jours, une étape s'impose à Sévignac, surtout depuis notre découverte des cidres de Johanna et Louis Cécillon, revenus sur les terres du père (paysan et cidrier) et du grand père de Johanna en 2009, laissant derrière eux des activités dans l'automobile et l'aéronautique, là-bas dans les Alpes et la Vallée du Rhône. Louis, pour sa part, est originaire de Tournon, face à la colline de l'Hermitage. Il est le neveu d'un vigneron du cru bien connu, Jean-Louis Grippat et apporte une sensibilité vigneronne à cette toute récente production de cidres, qui ne manque pas, d'ores et déjà, d'interpeller les amateurs. Johanna, quant à elle, tente peut-être de capter l'âme bretonne du lieu, quelque part entre Dinan et St Brieuc, où les anciens du pays se connaissent quelques cousins communs avec Théodore Botrel ou Jean Rochefort!... Le Val de Rance est là, tout proche, le Trégor-Goëlo à quelques encablures.

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En esquivant le ruban de bitume, on pénètre vite une Bretagne quelque peu oubliée, celle d'un bocage en grande partie préservé et de petites fermes éparpillées sur le territoire. Des bois, des forêts, du granit comme expulsé de la terre, de l'eau, des sources... Ça vous rappelle forcément quelque chose, du côté de la légende bretonne... Peu de vent en cette chaude journée estivale, mais pourtant, un souffle arrive jusqu'à nous... Un druide aurait-il saisi sa traditionnelle corne, au cours d'une quelconque cérémonie, dans une clairière voisine?... Jadis, la région était peuplée par les Coriosolites, tribu gauloise, partie intégrante de la Confédération Armoricaine.

Au Domaine Johanna Cécillon, l'activité cidrière remonte véritablement à 2011. A peine deux ans, c'est le temps qu'il a fallu entre l'installation dans l'ancienne petite ferme familiale, occupée jadis par plusieurs foyers, et la production d'un premier millésime. Encore, Johanna avoue que la chance était au coin de la haie. Non loin de là, sur la commune voisine de Trébias, un agriculteur spécialiséès vaches laitières accepta de leur céder ses pommiers en l'état. Quelques parcelles dans différents secteurs, qu'il s'apprêtait à arracher, ne sachant trop qu'en faire. Mais, devant l'ampleur de la tâche, les pommiers restèrent vaillants jusqu'à l'arrivée de Johanna et Louis. La survivance d'un patrimoine agricole tient parfois à peu de chose.

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Lorsqu’on se rend dans quelques-uns des huit ou neuf vergers du domaine, on découvre des paysages différents. Les pommiers eux-mêmes n’ont pas le même port, selon qu’ils se situent dans une légère pente ou sur une petite hauteur, une sorte d'oppidum. Ils n’ont pas le même aspect non plus, malgré un âge à peu près similaire d’une trentaine d’années, ceux qui poussent dans une parcelle où le granit affleure sont plus petits. Si les arbres méritent un soin attentif, ce à quoi le couple s’est attelé depuis son arrivée, la taille aussi est à reprendre dans bien des cas.

Bien sur, un des aspects importants tient à l’identification des variétés de pommes. A ce jour, une quinzaine est désormais identifiée, sur les cinq hectares en production (sur un total de onze, dont trois de jeunes plantations). On les classe communément dans quatre catégories principales : douces, douces-amères, amères et acidulées. Mais, il faut faire appel, parfois, à son imaginaire pour en assembler les jus. A la dégustation, sur l’arbre, ces pommes à cidre n’ont pas forcément un très bon goût. On est alors tenté de les écarter, pourtant, le jus se révèle parfois essentiel dans l’assemblage. De la même façon, l’aspect visuel des grosses pommes rouges ("celles de Blanche Neige !") en ferait presque des pommes à couteau. C’est ce que disent parfois les voisins de Johanna, qui prélèvent quelques paniers, sur les arbres au bord du chemin… C’est presque une coutume locale entre le 15 octobre et la mi-décembre !...

006Les arbres doivent aussi être protégés de la faune sauvage, surtout dans ces secteurs où plus aucun traitement chimique n’est appliqué (agrément bio en 2013). Les lapins et les biches locales y trouvent leurs aises et s’attaquent parfois aux troncs. En revanche, les abeilles d’un apiculteur du secteur, se régalent d’une profusion de fleurs. Il n’est que d’apprécier au passage le concert de la philharmonique des oiseaux de Trébias, pour se convaincre de la vie exubérante des vergers. De plus, lorsqu’on se rappelle le nombre de traitements "en cas que" subis par les arbres et les fruits de certains producteurs, il est de plus en plus difficile d’admettre les méthodes productivistes.

Cette année, la fleur s’est assez bien passée, malgré quelques nuits fraîches ayant contrarié la floraison dans certains secteurs. Au-delà de la météo printanière, pouvant largement influer sur cette floraison, il faut aussi tenir compte du phénomène d’alternance, parfois très marqué dans le cas de certaines variétés. En plus d’une taille hivernale attentive, il faut parfois éclaircir les fruitiers, lorsque les fleurs ont été très abondantes, afin de limiter quelque peu la production de fruits. En principe, à une année très productive, succède une année largement en retrait. Il va de soi qu’ici, les recours éventuels à des moyens chimiques sont absolument proscrits, même si les travaux d’ébourgeonnage ou d’éclaircissage peuvent être très exigeants en temps et en main d’œuvre. Mais, on peut aussi laisser faire la nature, qui démontre souvent sa capacitéà se débarrasser des fruits en trop et à accepter des années de récolte plus faible.

008La récolte des pommes justement débute vers la mi-octobre. Une cueillette manuelle et par variété. Un patient travail, dont les efforts doivent être récompensés au terme des "vinifications" séparées. Les pommes sont d’abord mises en sacs, puis broyées et enfin pressées dans un vieux pressoir horizontal en provenance du Muscadet. Bientôt peut-être, un ancien pressoir vertical en provenance du vignoble rhodanien sera remonté, même si la méthode manuelle actuelle semble convenir. Les jus sont ensuite dirigés vers des cuves pour la fermentation (levures indigènes), puis assemblés pour un élevage en barriques de 400 litres ayant contenu de l’Hermitage blanc (Narios et Nantosuelta) pour quelques mois, jusqu'en avril ou mai, selon les cuvées. Le cidre est ensuite mis en bouteilles sans ajout de soufre, non gazéifié et non pasteurisé, en vue d'une refermentation. Celle-ci se déroule au mieux, du fait d'un stockage dans les vieux bâtiments, la prise de mousse étant favorisée par l'absence de choc thermique, avec une température restant constante aux alentours de 14°.

L'alchimie des cuvées, peut-être est-elle dans l'esprit de Johanna, qu'elle berce sans doute, par de chaudes journées estivales telles qu'en cette année 2015, d'un air de harpe celtique qu'elle connaît depuis sa plus tendre enfance. A ce jour, trois cidres sont disponibles : Divona (une déesse celte des sources sacrées) est un cidre brut sur des notes fruitées. Conseilléà l'apéritif, ou avec des fruits rouges voire des châtaignes grillées, une fois l'automne arrivé, il doit aussi convenir avec quelques crêpes de froment nappées d'une confiture de myrtilles sauvages ou de cassis.

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La deuxième, Nantosuelta (Vallée au soleil, en langue celte), autre déesse des sources, mais aussi de la nature, de la terre, du feu et de la fertilité, est nécessairement plus complexe et aux multiples facettes. Un cidre parfumé et harmonieux, qualifié de moelleux, mais qui trouve sa place à table avec des entrées comme le foie gras, mais aussi des desserts, voire le fromage. Toute l'expression de la diversité des accords possibles entre mets et cidres.

La dernière, Nérios (dieu celte des sources jaillissantes), proche d'Apollon dit-on parfois, est à proprement parlé un cidre de la table, avec son plus de puissance, ses tannins et son taux d'alcool plus élevé (7°). Il faut bien dire qu'aucune, je dis bien aucune recette de lapin au cidre ne devrait échapper à une rencontre avec Nérios. Les pommes douces amères, venant d'un sol granitique pour l'essentiel, confèrent à ce nectar une complexité remarquable. Le hasard (la chance?) fit que Johanna ouvrit un Nérios 2011 pour le repas partagé au grand air, ce qui nous permit d'entrevoir tout l'intérêt d'une garde de quelques années pour un tel cidre.

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Bien sur, nous sommes là en présence d'un tout jeune domaine, en devenir, mais entré de plein pied dans le XXIè siècle, avec quelques racines fouillant le sol de nos ancêtres. Quelque chose comme une source qui rejaillit... Déjà une poignée de millésimes bien appréciés, très au-delà des frontières des Côtes d'Armor. Le cidre, une boisson moins alcoolisée, au regard des vins de nos latitudes et une demande en réelle expansion. D'ailleurs, ne dit-on pas que les bars à cidres se multiplient aux États-Unis?...

A ce niveau de qualité et par l'entremise d'une plus large diffusion, les cidres doivent rejoindre la table, sans craindre de cultiver une mode régionalo-passéiste et sans tomber, du fait d'une relative rareté (mais les très beaux cidres se multiplient désormais!) dans le piège d'une boisson que certains pourraient qualifier d'élitiste. Autant d'aspects qui n'empêcheront pas Johanna et Louis Cécillon de rechercher une forme d'authenticité et d'avancer encore, pour une plus grande qualité. L'avenir du domaine passera peut-être par la production de cuvées parcellaires. C'est tentant (y compris pour les amateurs!), avec une telle diversité de pommes, de sols et d'expositions. Mais, nos vignerons-cidriers de Sévignac ne l'ignorent pas, il faut d'abord mieux connaître tout ce qui fait la différence entre un été chaud et sec, d'un autre frais et humide, mesurer tout l'impact d'un fruit acidulé sur sol riche, d'un autre doux-amer sur granit. En clair, se mettre en phase avec la nature et en extraire la quintessence pour notre plus grand plaisir.

La Petite Ramonière, des bières dans le marais

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Ils sont un certain nombre, de nos jours, à brasser dans leur cuisine ou leur salle de bain, internet et les réseaux sociaux ayant mis en ligne depuis quelques temps déjà, la recette pratique pour produire sa bière. C'est aussi par cette méthode qu'a débutéFrançois Gorvan-Cosson. Mais aujourd'hui, le concept a bien évolué et il a installé sa brasserie aux champs. Au coeur du Marais Breton plutôt, à Notre Dame de Monts. Oui, c'est bien cela, à quelques kilomètres, à vol d'échasse, d'avocette, de barge ou de macreuse de la côte montoise, de Saint Jean de Monts et de Noirmoutier, lieux de vos villégiatures estivales surpeuplées!... Mais, en chevauchant votre vélo, vous trouverez somme toute aisément La Petite Ramonière, quelque part entre le site de l'écomusée du Daviaud et le Kulmino, si haut qu'une salle panoramique peut aussi vous permettre de découvrir le superbe marais nord de Vendée. La Petite Ramonière, pour vivre heureux, brassons cachés!...

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Ici, les oiseaux reviennent, parce que la vie reprend le dessus, grâce à quelques agriculteurs, éleveurs ou céréaliers, qui tentent de produire en tenant compte du milieu naturel. Certes, la logique du cycle des saisons - laisser le marais sécher en été et se couvrir d'eau en hiver - a encore du mal à correspondre au rythme des agriculteurs, préférant souvent voir l'eau servir de clôture naturelle dans les étiers, lorsque les bêtes sont aux champs et opter pour l'évacuation de l'eau des pluies hivernales, mais, les choses avancent, permettant aux échasses et autres barges de s'installer régulièrement. François dispose ici de cinq hectares autour de la maison, un peu posée comme une île dans le marais, mais les terres, ici, sont plutôt destinées aux vaches et pas aux cultures. Il procède donc à des échanges de parcelles, afin de semer blé, orge et sarrasin sur des terres plus propices, non loin de là.

002En fait, l'histoire de cette brasserie aux marais voit le jour en Allemagne. Après des études à Bordeaux, où il rencontre celle qui deviendra son épouse, yonnaise d'origine, départ pour le pays où la weissbier trouve son origine au Moyen-Âge. Mais, c'est dans l'électronique automobile qu'il est sensé s'épanouir. Le couple passe donc six années au pays de Goethe, où naissent leurs deux garçons, un à Munich, où ils vivent trois ans et le second à Dortmund.

Pendant ces années, lors de la visite d'une brasserie, ils découvrent que tout ça, "c'est un peu de la cuisine, alors que justement, on aime bien cuisiner!" Ils procèdent donc à quelques essais avec leurs ustensiles de cuisine, mais cela ne se révèle pas très bon!... Ils achètent donc un peu de matériel plus adapté et, à force de bricolages, finissent par produire quelque chose de meilleur.

Tout cela s'additionnant à une envie de changer d'activité, le retour en France est décidé. François trouve du travail à Nantes et c'est là que mûrit l'idée de la ferme-brasserie, d'autant que la ferme de Notre Dame de Monts, qu'ils connaissent déjà, va devenir accessible. Et puis tout s'enchaîne assez vite : après une année de transition, un plan social dans son entreprise lui donne l'opportunité de franchir le pas. Les voilà au coeur du marais, dans cet environnement si particulier, mais plein de charme et peut-être de mystères certains matins de brouillard, quand les cris des oiseaux se mêlent au bruit des roseaux animés par le souffle du suroît déchirant le rideau de brume, même s'il faut passer quelques temps dans un mobile home et se lancer dans des travaux conséquents de rénovation de la maison.

004Après les deux premières années, le brasseur montois n'ignore rien de sa marge de progression au niveau des cultures notamment, par manque d'expérience, mais aussi du fait de terres ne permettant pas de gros rendements. De plus, il tend à devenir autonome pour tout, ou presque, le processus de brasserie, une production connue pour son côtéénergivore et son gros besoin en eau. Et même s'il est dans le marais, ce n'est pas l'eau des étiers qui peut lui permettre de s'approvisionner. Quant aux eaux de pluie, elles ne peuvent servir, jusqu'à maintenant, que pour certaines phases bien précises de nettoyage, tant l'exigence de qualité des eaux utilisées est grande. A contrario de la production viticole, nous sommes là dans un milieu particulièrement aseptisé.

Une production de bière de qualité, à la fois originale et séduisante, passe par des céréales de qualité. En 2016, il estime qu'il sera en mesure de produire entre 60 et 80% de ses besoins en orge, le reste étant achetéà proximité, auprès de céréaliers bio du secteur. Cette orge est actuellement en silo, mais dès septembre, le tout prendra la route de la Bretagne et sera confié à une malterie artisanale - Malt Fabrique - la première malterie artisanale créée en France, à Ploeuc sur Lié, en Côtes d'Armor. Du coup, François y suivra une formation afin de malter lui-même à l'avenir, l'essentiel de ses malts. Actuellement, il fait appel à une malterie bio en Allemagne, qui lui livre son malt de base et quelques kilos de malt torréfié.

Avant de passer aux processus de maltage et de brassage, que François, volontiers didactique, décrit avec force détails, découverte d'une parcelle de deux hectares de blé, où sont présentes pas moins de six variétés anciennes de blé, les semences provenant d'un boulanger-paysan. Quelques arpents d'une variété moderne complètent l'espace, montrant au passage, à quel point cette dernière produit moins de paille. Il s'agit là d'un blé semé-récolté, sans aucune intervention sur le champ en cours d'année, même si une réflexion est en cours à propos de l'usage de l'herseterie, mais pas du binage. Pragmatique, le fermier-brasseur entend trouver un compromis entre la consommation de gasoil en vue d'une meilleure production et les économies. A noter que les parcelles sont en cours de certification bio. Pour l'orge (deux hectares), il s'agit de variétés modernes, très adaptées au brassage, même si une recherche de variétés anciennes se fait jour, par le biais d'un groupement d'agricuteurs mis sur pieds depuis peu, permettant une réflexion plus intense.

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Il faut savoir que l'orge est la céréale la plus utilisée en brassage. En Allemagne, la recette longtemps exclusive, ne prévoyait que du malt d'orge, de l'eau, de la levure et du houblon et ce, depuis le XVIè siècle, le bléétant alors réservé au pain. Celui-ci a été utilisé bien plus tard pour produire des bières dites blanches, par le biais d'autorisations délivrées par des familles royales, au XVIIè, puis pour la production des grandes brasseries allemandes à la fin du XIXè. La production de céréales est complétée sur la ferme par un hectare de sarrasin (qui n'a pas très bien marché cette année) et par une recherche avec d'autres grains, seigle et épeautre notamment. A noter aussi qu'il y avait cette année 20 à 30% de folle avoine dans l'orge, ce qui va permettre au brasseur de tenter une nouvelle expérience (aspect des choses que François multiplie volontiers), à savoir le maltage de l'avoine après un tri soigneux, rendu possible par la différence des grains, pour ensuite l'intégrer dans une recette et faire une bière stout (un peu Guinness), ce qui donne un côté moelleux à la bière finale.

010Trois bières principales sont proposées à la Petite Ramonière : deux composées à 100% d'orge et une à 65% d'orge et le reste en blé. Mais, du fait de la proportion voisine des deux céréales en culture, les recettes actuelles vont évoluer pour intégrer un peu plus de blé. De plus, François veut développer une autre gamme de blés différents et proposer des weissbier, avec des taux d'alcool plus ou moins élevés, donnant des bières plus ou moins sucrées, avec des malts différents, le tout donnant autant de caractères variés.

Et maintenant, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le maltage, sans jamais oser le demander!... "Le grain, c'est de l'énergie sous forme d'amidon (un sucre) très complexe, que les levures ne peuvent pas utiliser. Or, on a besoin des levures pour faire de l'alcool. Il faut donc transformer cet amidon. Quand le grain germe, il y a, sur les couches externes du grain, des enzymes qui sont synthétisés, capables de dégrader cet amidon, pour fournir aux cellules du grain l'énergie nécessaire pour pousser. Le maltage doit générer ce stock d'enzymes." Vous me suivez?... "On met donc le grain à tremper pour lui redonner les conditions de germination avec un taux d'humidité supérieur à 40% (alors que pour le stockage, ce taux doit être inférieur à 12 ou 13%) et à une température de 20° environ. Ainsi, le grain va vouloir commencer à germer."

"Après cette phase de trempe, les grains sont étendus au sol et la germination se fait alors. Il faut remuer régulièrement le grain pour éviter qu'il ne monte en température. Quand le germe commence à sortir, c'est donc que les enzymes sont là et qu'ils transforment l'amidon. Il convient alors de stopper la germination, puisqu'on a les enzymes et qu'on veut garder l'amidon servant à faire le sucre, dont on a besoin pour faire la bière. Il faut donc sécher le grain en le passant au four pendant 72 heures."

015En fonction de la température et du taux d'humidité, on obtient des malts différents et on peut ainsi colorer le grain pour lui donner des saveurs et des couleurs différentes. La gamme de malts peut donc être assez variée. Le malt de base est séchéà basse température (se sont des malts pale ou pils), on garde alors tout le stock d'enzymes. Plus on monte la température, plus le grain se colore (en fait, c'est la réaction de Maillard, comme lorsqu'on saisit un steak), mais le stock d'enzymes est attaqué. On peut éventuellement aller jusqu'à la torréfaction, voire torréfier le grain à sec, comme pour le café. Quand on fonce vraiment les grains (arômes de café ou chocolat), il n'y a plus d'enzymes. On les associe alors en petites quantités avec du malt de base, afin d'obtenir des goûts différents.

Après le maltage, passons au brassage. Par rapport aux vinifications, un brasseur a l'avantage de pouvoir brasser plusieurs fois dans l'année. Le cycle est court. En été, François brasse deux fois par semaine, afin de satisfaire la demande. Il n'y a donc pas de saisonnalité, sauf pour les premiers essais réalisés cette année, au printemps, de bière au sureau, mais les deux brassins n'ont pas été proposés au public. Il faut savoir qu'une fois maltées, les céréales se conservent un an.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le brassage... "Il reste alors 88% d'amidon dans le grain. Cette phase, c'est la continuité du maltage. Il s'agit de transformer l'amidon pour conserver les sucres. Il faut donc écraser la graine pour que l'amidon devenu friable pendant le maltage, se mélange bien à l'eau. L'écorce du grain doit être la moins cassée possible, elle servira de filtre pour filtrer la farine obtenue au concassage. On utilise une cuve en inox, avec une tôle perforée non loin du fond, et de l'eau à 68° (selon les bières). Les grains sont versés dans l'eau chaude, ce qui réactive les enzymes, qui vont dégrader l'amidon pour donner les sucres exigés par les levures. Il peut y avoir plusieurs sucres et enzymes différents. Ceux-ci vont casser l'amidon à des endroits particuliers, faisant des sucres différents à chaque fois. Les amidons ont des plages de températures favorites. En sélectionnant la température, on peut donc sélectionner les sucres voulus." Simple, non?... Pour les détails sur la (ou les) méthodes, n'hésitez pas à vous rendre à la Petite Ramonière!...

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Notez qu'il existe plusieurs procédés de brassage (c'eut été trop simple!) : par infusion et par décoction. Pour la première, il existe en fait, deux tendances principales : ce que font les Belges et ce que font les Anglais. Ces derniers procèdent le plus simplement : ils font un monopalier à 68°, ils intègrent le grain dans l'eau et ils attendent 1h30. Ensuite, ils récupèrent le jus et c'est tout! Le palier à 68° favorise seulement deux types d'enzymes. Les Belges, quant à eux, font plusieurs paliers, mais cela exige un matériel plus complexe, puisqu'il faut des cuves chauffantes, pour passer d'un palier à l'autre.

022La méthode par décoction, utilisée par les Allemands réclame de prélever une partie de la maische (à ne pas confondre avec la drèche, résidu solide recyclé, qui sert d'aliment du bétail, comme pour les agneaux de la ferme voisine) et la transférer dans la cuve àébullition, la faire bouillir et la remettre dans la cuve pour ré-élever le palier. La décoction est donc complétée par une sorte d'infusion. Pour sa part, François fait un monopalier à 62°, température où l'enzyme produit des sucres fermentescibles (alors que ce n'est plus le cas à 72°, où ils ne sont plus fermentescibles, ce qu'on appelle des dextrines). Il détermine ainsi s'il va obtenir une bière sèche en bouche (ce qu'il préfère) ou avec des sucres résiduels. Il faut ensuite faire un test à l'iode, pour vérifier si l'amidon s'est transformé, puis l'ébullition se prolonge 1h30, avant d'ajouter du houblon, l'épice de la bière, qui donne de l'amertume et des arômes. On peut utiliser plusieurs houblons différents, afin de jouer sur l'amertume et les arômes, à des moments variés de l'ébullition. Intégré au début de celle-ci, le houblon voit ses acides s'isomériser et apporter de l'amertume à la bière, alors qu'à la fin, ce sont les huiles du houblon qui apportent les arômes. Intégré trop tôt, le houblon verrait ses arômes se volatiliser. Au terme de l'ébullition, le jus passe à travers un refroidisseur à 20°, puis dans la cuve de fermentation, dans laquelle est intégré le fermenteur, en fait de la levure sèche. Cette fermentation dure une semaine, puis transfert en chambre froide, afin de précipiter la levure. Pour obtenir la pétillance, on ajoute un sirop avec du sucre dans la cuve destinée à l'embouteillage. A l'issue de la mise, les bouteilles sont dirigées vers une chambre chaude qui va permettre la deuxième fermentation en bouteilles. Au terme du process, il ne reste plus qu'à déguster. Pour un brassage, François entame le cycle entre six et sept heures du matin, terminant entre quinze et seize heures. Pour L'Echasse, il compte environ deux heures de plus. Bien sur, si vous souhaitez entrer un peu plus dans le détail de cette alchimie particulière, propre au brasseur et à sa sensibilité personnelle, il vous faudra envisager une petite visite dans le marais montois.

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Sans dévoiler de recettes particulières, trois bières sont proposées actuellement à la ferme : L'Avocette, L'Echasse et La Barge, respectivement blanche, blonde et ambrée. La quatrième (comme dans les Trois mousquetaires!), La Macreuse est une bière dite de Noël. La première a tout d'une bière de soif. Passée par un seul palier entre 64 et 65°, elle développe peu d'amertume. Dans les conditions actuelles de production, cette bière connaît, selon François, quelques variations de goûts entre les brassins de l'hiver et l'été, du fait d'une plus grande sensibilitéà la température de l'eau utilisée. Le problème sera résolu à l'avenir, l'eau sera stockée en chambre froide et les cuves thermorégulées, ce qui ne pourra que servir une bière exigeant de la finesse, pour laisser s'exprimer le houblon.

L'Echasse, c'est la plus complexe à produire. Elle passe par trois paliers. A 35° tout d'abord, puis à 50°, par un rajout d'eau à 72°, stade au cours duquel la levure utilisée développe des composés intéressants, puis un troisième à 64°, par une décoction fluidifiant la maische et facilitant la filtration. La Barge, quant à elle, ne passe également que par un seul palier, mais à 67°. Ambrée, un malt caramel est utilisé, associé avec 1% de malt torréfié, qui participe à sa couleur et à la touche torréfaction de ses arômes.

Voilà donc les trois bières (toutes pour une, une pour toutes!) de la Petite Ramonière. Chacun l'aura compris, les choses ne sont pas figées, tant le brassage permet de multiples options et tant le brasseur veut laisser libre cours à son imagination. Par petites touches, les recettes vont évoluer et d'autres essais se profilent : élevage en barrique ayant contenu du Cognac, association bière-vin... Du côté technique, les installations vont être largement remaniées pour aller, à terme, jusqu'à la création d'un laboratoire, permettant la production de levures. En premier lieu, il s'agit surtout de gagner en confort, sans oublier les évolutions au niveau de la culture des céréales et leur maltage, prévu sur place avant longtemps.

Une production que vous pouvez aussi découvrir dans le cadre du Collectif Court-Circuit, un groupe du nord-ouest de la Vendée, présent sur nombre de marchés (notamment cet été sur l'Ile de Noirmoutier) et dans diverses occasions festives, dont chacun pourra apprécier le blogévocateur. Un groupe de paysans et de mangeurs, soucieux de leur territoire et de leur environnement, qui doit aussi apprécier, de temps en temps, les bières de François Gorvan-Cosson, n'en doutons pas!... Et nous avec eux!...

La Vinopostale : une [alter]cave pour s'envoyer en l'air!...

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Voilà un titre à faire rosir Sandrine Goeyverts elle-même, surprise à relire, au coeur de la nuit, le rouge Manifeste pour le vin naturel, d'Antonin Iommi-Amunategui - aux Éditions de l'Epure-Marie Rocher - juste sorti à 666 exemplaires, au plus profond d'un l'été brûlant et d'un mois d'août parfois moite. L'énorme et vieux ventilateur essayait d'brasser l'air lourd d'odeur (air connu)...

Je vous avez laissés, voilà quelques semaines, avec les affres de multiples démarches, dossiers envoyés aux quatre points de l'horizon, aux quatre vents, avant d'ouvrir aux quatre vins. Depuis, la plupart sont revenus avec des avis favorables, comme autant d'encouragements à continuer le chemin, ou plutôt le vol. L'escale yonnaise de La Vinopostale prend forme. Pas comme un bruit de moteur?...

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Les clés!... Quelque chose qui vous sort d'une sorte de virtualité, voire vous donne de la légitimité, au moment de vous lancer pleinement dans l'aventure, même si l'on a déjà passé beaucoup de temps en démarches et en contacts divers. Pas le tout d'avoir des idées, va falloir faire couler le pétrole!... Et pas d'émir dans le secteur!... Je pourrais peut-être en toucher deux mots à Napoléon sur son cheval, au centre de la place éponyme... Dans la foulée, l'architecte des Bâtiments de France se prononce. Il décide d'une non opposition et donne son accord, à propos de l'enseigne. Bientôt en ligne, patientez juste quelques jours...

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Et tout à coup, ce local, que l'on a choisi et pour lequel on se demande encore s'il est bien celui qu'il nous faut, s'anime!... Peinture, deux doigts (pas dans la prise!) d'électricité... La mise en service avec ERDF se passe sans problème, déjà le facteur du quartier dépose quelques factures. Tiens, toujours aucune nouvelle en matière de téléphonie... Bizarre...

Je me sens bien dans mon rôle de manager, voire d'inspecteur des travaux finis!... Mais, ceux qui m'aident n'ont pas besoin de planning, le bricolage, ils savent faire. "Les gars, il faut que je passe à la Mairie et j'irai vous chercher des sandwiches après... et ce qui va avec." Tout le monde est soulagé. Les commerçants du quartier, qui nous ont déjà très bien accueillis, viennent aux nouvelles. Une rue devenue piétonne, une petite terrasse annoncée, juste ce qu'il faut pour contribuer à animer le secteur...

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J'essaie de rester dans ce que j'ai à faire. Mais, en fait, par où commencer, ou poursuivre?... Deuxième jour, celui des gros bras et il y a du lourd!... On vérifie et revérifie. "75 cm, le bureau peut passer par la porte?..." Pas de problème, elle fait 80, aux normes d'accessibilité. Lundi, journée de pluie, le mardi est annoncé sec, ouf!... Après le bureau, auquel nous redonnons vie (séquence émotion pour Madame PhR), un frigo, une cave à vin, un bureau de tri postal labellisé authentique et trouvé dans le Bon Coin, des bidons pour la déco, mais aussi, accessoirement, destinés à faire office de table et sièges, chaises et tables pliantes de terrasse. Quoi d'autre?... "Les gars, y'a des étagères arrivées en droite ligne de Slovaquie à monter... Euh, pas de volontaire?..." En fait, une fois montées, elles sont très bien ces étagères...

Quinze jours avant les trois coups... à boire! La presse se déchaîne. Une jolie et jeune stagiaire d'Ouest France fait un article sympa sur "l'Effet Place" un phénomène que les yonnais, notamment les élus, essaient d'appréhender et de mesurer. Pas de doute, le réaménagement de la Place Napoléon draine plus de passage, l'été l'a bien montré et les ouvertures se multiplient. C'est à ce moment que l'on apprend qu'un autre espace commercial est en cours de rénovation... Une autre cave, à l'enseigne de la seconde franchise nationale!... Deux jours plus tard, session de formation, passage obligé pour obtenir le permis d'exploitation. C'est là que je fais la connaissance d'un des stagiaires et découvre un autre projet de cave visant le centre ville!... Une autre franchise, mais qui ne propose que du vin en bibs et des produits régionaux. Je savais déjà qu'ouvrir n'était pas une fin en soi, mais maintenant, c'est sur, il va falloir être bon et résolument offensif...

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Côté vignerons (cette boutique est un peu la vôtre!) et fournisseurs divers, l'accueil est le plus souvent enthousiaste. Certes, pour la plupart, ils en ont vu d'autres, mais peut-être, finalement, qu'à leurs yeux, le projet s'inscrit dans une sorte de cohérence et une trajectoire personnelle portée par la passion pour le vin, les rencontres et le partage. C'est un peu ce que j'espère porter en moi. Croisons le verre, le vin doit passer!... J'ai parfois la sensation que tous ces facteurs de vin veulent en être!... Cela peut être gratifiant, mais on découvre une nouvelle pression : être à la hauteur. Cette fois, pas pour relater une rencontre et évoquer la beauté d'un paysage en choisissant les mots, mais parce que demain, verser un verre de vin, ce sera le prolongement du travail et de la passion du vigneron...

Côté stock donc, la liste a une furieuse tendance à s'allonger. Heureusement, mon ministre des finances veille. Ce qui ne l'empêche pas de dire parfois : "Mais, tu n'as pas commandé de ça?!..." Nous nous sommes fixé un plafond, déjà dépassé mais pas explosé. Il y aura des absents à l'ouverture, mais entre les dimensions du local et la supposée cohérence économique, bien des motifs aussi pour repousser quelques commandes. Heureusement, peut-on presque dire, certains domaines n'ont plus rien à vendre!... Quand il ne s'agit pas de raisons climatiques, on s'en réjouit pour eux!... Au passage, novices que nous sommes, nous découvrons le coût du transport. L'angoisse!... Il nous faut forcément composer, notamment avec la compréhension amicale des vignerons, prêts à organiser collectes et envois groupés, même au moment des vendanges!... Un grand, un immense merci à eux...

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La décoration se précise. Les images passent de mon esprit tortueux (diront certains!) à l'espace vitrine et à tout ce qui créera une atmosphère particulière. "On n'a pas l'impression d'être dans un magasin!" nous disent deux visiteuses de passage. Il faut dire que les objets du culte, les bouteilles et les verres, ne sont pas encore là!... Dans les prochains jours, les supports de bouteilles originaux seront posés et les échantillons (dont certains nous sont parvenus dans quelque coffre traversant la France à l'occasion d'un mariage récent, encore merci!) viendront défier la clientèle. Quelques cartons seront empilés çà et là. Il y aura de la passion dans l'air!...

Encore quelques jours et vous pourrez découvrir la vitrine, drapée de papier blanc pour le moment et l'enseigne savamment imaginée par un artisan local. Un ensemble qui aura indiscutablement capacitéà interpeller. L'enseigne drapeau, accrochée à la façade, prendra les couleurs du logo. Une illustration très évocatrice (de René Couzinet notamment, créateur d'avion natif de la région) aura sa place dans la boutique. Il ne nous restera que la production de quelques cartes de visite, la réception de la marchandise attendue et à chasser nos dernières angoisses (c'est fou comme le cerveau en éveil a capacitéà capter les éventuelles chausses-trappes!), sans oublier certains aspects de la saisie informatique (dès que la mise en service de la téléphonie sera effective, hum!...), l'affichage, le community management (assuré par une éminente spécialiste ayant repoussé son voyage de noce pour faire face à l'évènement! Non, je rigole!...)... et à espérer que le soleil brille le 17 septembre prochain pour notre premier envol...

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17 septembre, ouverture. Si vous êtes de passage dans la région, programmez le 4 rue des Halles, à La Roche sur Yon sur votre GPS. Pas d'inauguration officielle à cette date, celle-ci devant être organisée au cours du week-end du 11 novembre, plus apte à permettre à quelques vignerons de participer, plutôt que le coeur de septembre, vendanges obligent. Ça va fort et c'est fort!...

Vendanges 2015 : un beau (grand?) millésime?...

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Alors même que La Vinopostale en est à ses balbutiements, à moins que, travaux obligent, il ne soit plutôt question de bal du ciment, le vignoble s’agite et frémit à l’approche de la cueillette annuelle. Au cours d’un été plutôt chaud (on attend les statistiques de la météo), qui prit souvent le relais d’une période de la fleur se déroulant sans anicroches (on se souvient notamment de la coulure sur les grenaches rhodaniens en 2013), tous les espoirs furent permis, si ce n’est parfois la crainte d’un stress hydrique dans les zones les plus chaudes, notamment dans le grand Sud-Est.

Bien sur, il y eut cet épisode cévenol conséquent sur le Languedoc, ainsi que les restes de la dépression tropicale Henri sur la moitié nord, avant même la mi-septembre, mais la vigilance de vignerons attentifs permit le plus souvent d’échapper au désastre. Certains échos font malgré tout mention de cumuls de pluie non négligeables au cœur de l’été, avec des variantes importantes parfois au sein même des régions viticoles (le Nord Médoc semble-t-il plus arrosé que la Rive Droite ou Pessac-Léognan).

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Donc, à la question-titre – vendanges 2015, un beau (grand ?) millésime ? – voici les premières tendances. C’est Vincent Quirac, du Clos 19 Bis, qui nous répond le premier, dès le 9 septembre : "En effet, les signaux sont tous au vert ! Le raison rouge sera mûr, il est sain, concentré et très aromatique. Mais, il est encore sur les pieds… Le Sauternes est vraiment très prometteur, les grappes sont mûres et commencent à se concentrer en douceur. Je pense que les pluies du week-end (12-13/09) vont favoriser le développement du botrytis. C’est le scénario idéal ! Restons prudent, tout peut basculer si vite."

Nouvelles du Saumurois ensuite, avec Antoine Sanzay qui, surveillant l’évolution de ses raisins à Varrains, semble résolument optimiste (le 11 septembre) : "Les chenins sont sur la bonne voie. Encore quelques jours pour atteindre la maturité voulue. Les peaux sont fermes, l’état sanitaire est bon ! Pour le cabernet franc, c’est tout aussi joli. 2015 sera dans la lignée des 2014. Des beaux Loire !..."

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Retour dans le Bordelais et même St Emilion le même jour. Là, Philippe Cohen, du Château Vieux Taillefer, est aussi porteur de bonnes nouvelles : "Nous avons commencé les vendanges des blancs mercredi matin, à l’aube (le 9/09). La maturité est l’état sanitaire sont au rendez-vous et nous pouvons sans crainte affirmer qu’il s’agit d’un grand millésime ! Nous avons ramassé les raisins de notre micro parcelle en trois heures. Les cagettes ont été acheminées vers notre cuvier, les raisins légèrement foulés, puis pressés à l’aide de notre petit pressoir pneumatique de cinq hectolitres. Ensuite, débourbage rapide au froid par thermorégulation dans les œufs en béton, puis entonnage direct dans les barriques cigare (avec une chauffe ultra légère) de 300 litres. Fermentation en barriques, pas de batonnage et pas d’utilisation de souffre (utilisation d’un substitut bio à base de pépins de raisin). Nos merlots sont au moins de qualitééquivalente aux blancs. Millésime très prometteur, à suivre !"

Direction le Rhône ensuite. C’est Béatrice, du Domaine du Pourra, cher àJean-Christian Mayordome, qui semble tout à fait sereine le 9 septembre : "Ici, sur les hauteurs de Mont Bayon et du Pourra, les vendanges n’ont pas commencé. De la haut, on observe les tracteurs qui s’agitent dans la plaine et les machines à vendanger qui rugissent telles des monstres ! Ils nous narguent et nous incitent à nous dépêcher de ramasser ce beau raisin, car la pluie est annoncée pour ce week-end (12-13/09) !! Mais, Jean-Christian connaît sont terroir, il sait que les 30 mm annoncés se perdront dans les cailloux de Mont Bayon, sans que la moindre trace de boue s’accroche aux semelles des vendangeurs ! Alors oui, on va attendre encore un peu. Lundi prochain, on commencera par les cinsaults puis… ce n’est pas dit qu’on continue, pour que les syrahs profitent un peu de l’eau annoncée. Ici, rien ne change. Comme chaque année, nous finirons les derniers !..."

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Non loin de là, aux confins de l’Ardèche, du Gard, du Vaucluse et de la Drôme (excusez du peu !), Hélène Thibon, du Mas de Libian, à St Marcel d’Ardèche, semble se délecter de cette période, qui souvent, ne lui laisse guère le loisir de répondre aux divers mails !... Mais, le 16 septembre, tout semble aller pour le mieux : "Les vendanges sont terminées depuis le 10 septembre, juste avant le déluge du week-end (100 mm). Heureusement, sinon on perdait beaucoup… Belles vendanges, beau volume (ça fait du bien !), des jolis fruits tout croquants, bel équilibre (13-13,5° d’alcool). Ca devrait bien se boire !!!" Un nouveau rush sur les cuvées du domaine ?... On prend les paris !...

Quelques mots également de François Aubry, de La Fontude, dans la vallée du Salagou, du côté de Brenas, en date du 13 octobre, qui donnent le ton à propos de l'urgence de certaines interventions à la vigne : "Nous avons passé la fin de semaine à courir pour ramasser les derniers raisins avant le déluge annoncé. Opération réussie, avant les 240 mm tombés en trois heures chez nous hier soir!... Et la cave est pleine!..."

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Pour conclure ce premier compte-rendu de vendanges 2015, des nouvelles, le 19 septembre, qui nous font bien plaisir d’Eric Bouletin, du Domaine Roucas Toumba, à Vacqueyras. Plaisir renforcé par une superbe série d’images prises pendant la cueillette et par les commentaires imagés, limite pagnolesques, du vigneron !... "Me voici bientôt à la fin de mes vendanges, je suis désolé mais je ne pouvais pas répondre avant. C’est une période où rien d’autre ne compte. Les nuits sont courtes, mais je vis ça très intensément !"

"Voici quelques photos qui vous donneront une idée assez vraie de ma façon de travailler. Elles sont prises lors de la récolte des syrahs, au lieu-dit Les Garrigues de l’Etang, destinées à la cuvée Les Restanques de Cabassole). Toutes ces caisses m’ont bien bousillé le dos, mais quel bonheur de rentrer de si jolis raisins (et que les machines à vendanger aillent rouiller en enfer !)."

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"Nous terminons lundi et mardi (21 et 22/09) avec les mourvèdres qui sont eux aussi magnifiques, le temps de préparer le repas de fin de vendanges : gratins de courgettes et épaule d’agneau grillée dans mon four à pain, histoire de désaltérer un peu mes fondus du sécateur, avec quelques vieux Roucas Toumba !..."

Voilà donc une première rafale de retours de ces vendanges dont on attend beaucoup car, sans difficultés nouvelles liées à la météo désormais automnale (un retour de l’anticyclone est cependant attendu dès la fin de cette semaine du 21 au 25/09 ; façon été indien ?), nous nous dirigeons, avec les vignerons, vers un millésime généreux, où les raisins semblent dotés d’un très beau potentiel, tant pour ce qui est de l’expression aromatique que des équilibres. Hâte de découvrir les jus dans quelques semaines !...

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Un grand merci à ces vignerons, d’autant que leurs messages sont complétés de leurs vœux de réussite et leurs encouragements pour notre récente initiative, l’ouverture d’une cave dédiée aux vins vivants, La Vinopostale, à La Roche sur Yon et ce depuis le 17 septembre dernier. N’hésitez pas à passer nous voir pour croiser le verre et évoquer toute la vie du vignoble.

La Vinopostale : créateur d'entreprise tu seras!...

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Presque deux semaines. Toutes proportions gardées et tout lyrisme mis de côté, je me sens un peu comme un pilote de L’Aéropostale, en train de revêtir son manteau de cuir. Les moteurs tournent. Au petit matin, il attache sous le menton son casque de cuir lui aussi, levant son regard vers le ciel clair, son esprit déjà tourné vers une destination lointaine. Les lueurs du soleil levant commencent à avaler les étoiles. Il sait que la route est longue et qu’il pourra suivre l’écume des vagues d’une part, la ligne de crête à l’horizon d’autre part.

001La ville, la rue des Halles révèlent une clientèle, multiple et variée, comme il se doit. Il y a ceux qui tombent des nues, en découvrant l’enseigne et la vitrine, ceux qui avaient déjà entendu le bruit des moteurs, ceux qui, revenant du marché quelque peu chargés, découvrent et affirment qu’ils reviendront très vite (vivement le prochain marché !), ceux qui n’en ont pas l’air, mais qui, en quelques mots, vous montrent qu’ils connaissent le monde du vin ("en effet, il y a naturellement des sulfites dans tous les vins !" rassurés peut-être, de ne pas entendre quelque énormité sur le sujet), celles et ceux enfin, qui font de la terrasse tricolore (aux couleurs d'un drapeau qui n'existe pas), leur nouveau quartier général, parce que les vins proposés sont en mode glou-glou et les charcuteries sèches délectables !...

Bien sûr, en même temps que cette clientèle doit découvrir la cave, ses horaires, ses rythmes, il faut aussi apprendre quel est le mode de fonctionnement (oh ! la vilaine expression !) de tous ces visiteurs, ces clients. Ceux qui aiment découvrir seuls, ceux qui boivent volontiers vos paroles en même temps que le verre qu’ils tiennent dans leur main, ceux qui se laissent bercer par l’atmosphère du lieu et qui repartent finalement avec un livre ou une saucisse sèche, plutôt qu’une bouteille.

12039441_10207661524194121_1554190184541066880_nEt puis, il y a tous ceux qui vous veulent du bien !... Et qui vous parlent de référencement modèle, de choix pour assurer vos vieux jours, d’aménagement complémentaire de la boutique. Sans oublier les organismes officiels plus ou moins subventionnés, comme ceux qui font de vous un créateur d’entreprise, un de ceux qui potentiellement va créer de l’emploi dans notre beau pays et qui vous assurent, qu’en faisant appel à eux et à leurs compétences, tout est désormais possible !... Comment leur dire, leur rappeler (parce qu’ils le savent déjà !) que le monde change, que leur modèle économique pyramidal et "corporate" a du plomb dans l’aile, comme parfois les avions chargés de courrier qui survolaient le désert et quelque population hostile? Une récente étude, évoquée voilà peu sur une radio nationale, montre que la nouvelle génération de "diplômés" sort de formation et passe directement à la case entrepreneuriale, zappant volontiers la dimension salariale. Faut-il y voir un refus des logiques passées ou un désir de liberté et d’action, comme ces pilotes de la Postale, qui volèrent contre vents et marées, parce que le courrier devait passer coûte que coûte, en ayant parfois une forme de mépris à peine avoué des conventions établies, une priorité donnée aux activités aventureuses ?...

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Un vent de liberté, d’action et de partage souffle sur La Vinopostale !... Il s’agit de faire découvrir quelques cuvées gouleyantes, d’évoquer le parcours de vignerons passionnés, parfois débutants et pleins d'enthousiasme, si ce n'est leur peur fugace d'une sombre nuée survolant le vignoble, ceux qui en ce moment vendangent et espèrent en un grand millésime, généreux et goûteux. D’aucuns optent pour de nouveaux matériaux et de nouveaux contenants dans leur cuvier, certains construisent de leurs mains les locaux dont ils rêvaient et d’autres sortent du tribunal rassérénés, après de nombreux mois de lutte, certains que des combats méritent d’être menés encore de nos jours, au nom des générations futures.

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Sommes-nous de taille, alter-cavistes et amateurs passionnés, pour être enfin légitimes àévoquer l'histoire de la conquête des airs, au moment où il faut conquérir les papilles et les goûts?... J'aimerais satisfaire ceux qui me disent "en avoir marre de toujours boire les mêmes vins"!... Il faudra sans doute quelques rencontres à l'avenir, entre les vignerons, comme ceux qui me parlent en ce moment d'un très beau millésime 2015 et ceux qui, de l'autre côté de la bouteille et du verre, sont d'ores et déjà prêts à s'enthousiasmer aux futures découvertes.

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"Ce n'est pas la liberté qui manque mais les hommes libres" dit le proverbe. Loin de moi l'idée de revendiquer ce statut rare et privilégié après seulement quinze jours d'une activité nouvelle, mais certains m'ont montré la voie, au travers de diverses rencontres, pour que chacun puisse apprécier demain de choisir librement ce qu'il aime, au moment d'ouvrir une bouteille. Le vin doit passer, dans toute sa dimension universelle.


Vendanges 2015 : un beau (grand?) millésime?... (2)

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Seconde approche des conditions de ce millésime qui, selon la plupart des vignerons, laisse entrevoir de beaux, de grands espoirs. Même après certains épisodes météorologiques, qui auraient pu s’avérer catastrophiques, vue partois, leur expression extrême, comme parfois dans le grand Sud-Est, on devine le soulagement dans les propos des vignerons, qui laissent donc aussi entrevoir que 2015 sera une belle année.

Le 17 septembre dernier, Romain Pion, installéà Félines-Minervois, déjà connu et apprécié dans notre modeste préfecture de province, La Roche sur Yon, pour ces cuvées Comme au bon vieux temps du rock’n’roll, notamment la marsanne, nous fait un petit résumé : "Ici, ça va, plus de peur que de mal avec la grêle !! J’ai juste un petit carignan qui a été un peu tabassé, que j’ai soignéà l’argile et qu’on va rentrer d’ici peu… Le millésime 2015 s’annonce sympa !"

vendanges 2015 au Sentier au Sud   vendanges 2015 H&H la pause du matin   vendanges 2015 H&H

Du côté de l’Alsace, Hubert et Heidi Hausherr ont aussi le sourire le 24 septembre : "Nos vendanges ont été relativement rapides. Les rendements sont faibles (17 hl/ha en moyenne) mais le jus est de très belle qualité… Il n’y a plus qu’à attendre la fin des fermentations pour juger sur pièce !" Et de joindre à l’envoi quelques jolis clichés.

vendanges 2015 H&H la retrousse à mi chemin du pressurage, décompactage des marcs   vendanges 2015 H&H sortie de la vendange avec le cheval   vendanges 2015 H&H le gâteau de marc à la fin de la pressée

Le 25 septembre, Olivier B, vigneron sur les pentes du Ventoux, cache mal son enthousiasme : "Ben voilà, je viens de lire ton dernier billet et on dirait qu’ils ont presque tous fini… J’étais parti pour y aller le 28, soit deux semaines après les blancs (p… d’habitude qui ne veut et ne voudra jamais rien dire !) ouf tant mieux… So, on vendangera maybe le 5 octobre comme ça, il n’y aura plus personne sur la route et je confirme, c’est ma seizième vendange et je n’ai jamais ramassé d’aussi jolis blancs. Inch allah pour les rouges qui tiennent et… long vol à la Vinopostale !"

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Retour très attendu aussi en provenance de Champagne, ce même 25 septembre, avec Benoît Tarlant, toujours auteur, au passage, de très belles photos. "Pour le feedback, ton message est arrivé la veille du jour J, donc, je n’ai pas pu te le faire avant ou pendant… trop de tension. Maintenant, que les fermentations mènent bon train, je peux prendre un peu de temps."

"Nous avons donc commencé le 9 septembre (le ban des vendanges du village était au 5) avec de magnifiques raisins de pinot meunier, qui iront sans aucun doute à la genèse de La Vigne d’Or. Cette année, impossible de définir un classement entre cépage, ils sont tous à un niveau superbe. La Champagne va faire de beaux vins dans toutes ses régions. Il fallait juste trouver le bon rythme pour faire de très grands vins."

IMG_20150909_075231"La première semaine nous a permis de vendanger de façon relax et cool sous le soleil, alors que la deuxième nous a vraiment donné un rythme de vendanges, avec des averses, du vent, du soleil, de la pluie, du froid. Bref, de vraies vendanges, celles qui te font puiser dans tes ressources et où tu ressens l’ardeur du travail. Le paroxysme a été atteint le mercredi 16 septembre, une journée dure, qui s’est terminée par un paysage mystique !... Après ce moment épique, j’ai vendangé mes plus grandes parcelles, Les Crayons, Mocque Tonneau, L’Ilôt des Sables, les BAM du four à chaux, des jus énormes !!!"

"En aparté, c’est aussi une année où on a pu se faire plaisir avec les pinots, avec des rosés, des rouges, de la matière. En clair, une année de tous les possibles, où tout est magnifique ! Voilà pour 2015 !"

Eric Texier ne manque pas, lui non plus, le même jour, de nous adresser un compte-rendu de vendanges, par l’intermédiaire de sa newsletter. Pas de doute, le Rhône va nous étonner cette année !... "Voilà ! Ce mercredi 17 septembre, tous les vins sont finis, décuvés et mis au propre… Une situation inconcevable il y a quinze ans de ça. Changement climatique ou météo exceptionnelle, 2015 restera pour nous comme une campagne hors du commun. Dans le Rhône Nord, tout s’est enchaîné parfaitement, sans réel souci sanitaire et sans les effets caniculaires de 2003. A part quelques traces de black rot dans les grenaches de St Julien, rien à signaler. Peu de pluies, mais juste à temps pour soulager la vigne, du soleil mais des nuits fraîches, hors tout début juillet, une chaleur sans conséquence sur les chasselas vendangés le 18 août, pour Martin, notre fils, qui prend la suite sur les pétillants. Puis roussannes sur le coteau de Brézème, vieilles marsannes à St Julien, clairettes et vieilles roussannes : tous les blancs étaient rentrés fin août. Belles maturités et acidités à peine croyables !... Une récolte tellement hors norme qu’il nous est difficile d’en imaginer le résultat final !"

"Les rouges sont rentrés la première semaine de septembre, sous le beau temps et avec une équipe fantastique : travail efficace et ambiance festive. Ce n’est pas demain la veille que nous vendangerons à la machine ! Là encore, pas d’excès : raisins mûrs mais pas surmûrs, plus équilibrés que 2009 et sans une énorme structure tannique comme en 2005. Nous avons fait des cuvaisons courtes (9 à 12 jours) et sans extraction. Tous les vins ont été décuvés avec des sucres et sont en train de finir gentiment comme des blancs."

IMG_20150916_194732 (1)"Pour le plaisir cette année, deux micro-cuvées verront le jour : des grenaches gris arrivés des vignes de Tom Lubbe, ainsi que des serines de Clusel Roch, surgreffés au Mas à St julien, qui donneront une tinaja de gris et une pièce de serine."

"Une ombre au tableau radieux de ces incroyables vendanges, avec la disparition de Noël Verset, ce grand bonhomme qui nous a tant inspirés. Ah ! Ce magnum de 2002 partagé avec toute l’équipe, le dernier soir ! Un joli vin, comme aurait dit Chauvet."

"En bref, 2015 n’a été que bonheur ! Nous ferons tout pour vous transmettre cette émotion dans les vins."

Fanny Breuil, infatigable voyageuse, qui sillonne la planète pour évoquer les vins italiens, entre autres, avec les amateurs passionnés, nous communique, le 29 septembre, quelques infos en provenance de La Stoppa, célèbre domaine d’Emile-Romagne, cher àElena Pantaleoni et Giulio Armani : "Les vendanges à La Stoppa se sont bien passées et les qualités rentrées sont belles. Le soleil dans les vins résume le millésime. Cependant, le domaine a souffert des ravages de la flavescence dorée et ce sont quatre hectares de barbera qui ont été touchés cette année ! Un véritable soucis quand on sait qu’il n’existe pas de solution contre la maladie, à part un arrachage, puis quarantaine du sol et replantation ensuite."

"La récolte produira de l’Ageno, Malvasia Frizzante et du Trebbiolo, les récoltes étant insuffisantes pour pouvoir produire les cuvées de réserve Barbera et Macchiona… malheureusement !" Voici quelques infos venant en droite ligne de Rivergaro :

"C’est la malvasia di candia aromatica, pour l’Ageno, qui a donné le coup d’envoi des vendanges le 27 août. La qualitéétait très belle avec des degrés alcooliques de 13°. Ce millésime solaire est cependant également plus frais en dégustation grâce à des acidités élevées."

IMG_20150916_194938"2015 ne verra pas de production de Vigna del Volta et le choix difficile a été fait de vendre ces raisins, la tendance des marchés étant plus frileuse sur les vins de dessert."

"2015 était une année de production de bonarda ! Ce cépage est versatile et ne produit pas régulièrement : une fois tous les trois ans ! Cependant, le rendement est resté faible. Ainsi, toute la production ira dans le Trebbiolo et il n’y aura pas de Macchiona, ou très peu, à cause de la très faible récolte."

"Pour les raisins rouges, le millésime 2015 est solaire, les raisins étaient tous bien mûrs et avec peu d’acidité (contrairement à la malvasia). C’est un très beau millésime qui donnera un Trebbiolo gourmand et souple."

"Le domaine doit cependant faire face au problème de flavescence dorée, maladie ayant détruit la production de quatre hectares de barbera. Elle est transmise par un phytoplasme véhiculé par les cicadelles. Malheureusement, on ne connaît pas de traitement contre cette terrible maladie provoquant des ravages irrémédiables, seul l’arrachage, la mise au repos des parcelles plusieurs années et la replantation de ceps ayant subi un traitement au chaud (NDLR : à la chaux?) en pépinière fonctionnent ou des traitements contre le vecteur (ici la cicadelle) mais ils ne sont pas bio."

Enfin, en ce 3 octobre, à 12h34, un ultime SMS nous arrive!.. C'est Tessa Laroche, à Savennières, qui nous donne une tendance angevine : "Les vendanges sont finies. Les blancs depuis mercredi soir et les rouges hier midi. Vendanges très belles, saines, mûres. Beaux équilibres. L'entonnage est commencé. Tout fermente bien et se goûte bien. A bientôt!..."

D'autres nouvelles à venir peut-être prochainement, mais déjà un tour d'horizon plutôt enthousiaste dans les vignobles de France et de Navarre. A suivre donc, verre en main!...

La Vinopostale : un commerce, mais pas que!...

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Six semaines et demi !... La Vinopostale s’inscrit désormais dans le paysage commercial local de La Roche sur Yon (la Manathan de l'Ouest comme la surnomme Jacques, dans Bonum Vinum), avec moins de quatre mètres de vitrine, mais qui ne manquent pas, dit-on, d’interpeller le chaland qui passe !... La rue des Halles, piétonne à l’essai jusqu’en fin d’année, mérite qu’on s’y attarde et plus encore à l’avenir. Plus de la moitié des pas-de-porte inoccupés à ce jour auraient trouvé preneur. Promesse de conjoncture plus favorable ?... Des préoccupations nouvelles pour quelqu’un comme moi, peu habitué et peu connaisseur surtout des contingences du petit commerce. Il faut dire que mon idéal est nuancé sur le sujet, même si, inévitablement, l’objectif est de tenir. L’Association des Vitrines du Centre Ville propose un habillage pour la période des Fêtes de fin d’année : un tapis rouge, un sapin en bois, etc… En fait, je cherche un égouttoir à bouteilles un peu vintage, qui ferait un joli sapin de Noël !...

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Au fil des semaines, je dois parfois tempérer mes envies de commandes nouvelles, celles qui relèvent d’une forme de militantisme, parce qu’il y a tant de vignerons et de domaines qui méritent d’être évoqués et présents sur les supports de bouteilles de la boutique, le tout dans l’esprit de Tronches de vin, le guide qui emmène les amateurs là où il y a du vin. Novembre et décembre ont un bon poids dans le prévisionnel des cavistes et dans celui de La Vinopostale, bien sûr. 3-days passà l’occasion de l’inauguration officielle, du 12 au 14 novembre, puis le Beaujolais Primeur (naturel bien sûr !) le jeudi 20 et la longue glissade jusqu’aux repas de fête de Noël et Jour de l’An, comme il se doit. Je parle de glissade, puisque certains prévisionnistes (Météo ours Thoiry), aperçus sur les réseaux sociaux ces derniers temps, nous annoncent l’hiver le plus froid depuis un siècle !... Il va falloir que je ressorte mes recettes de vin chaud et que je convoque un spécialiste de la châtaigne grillée, avec doudoune, polaire et mitaines de laine !... Fermez les yeux, vous sentez cette odeur, un peu comme sur les grands boulevards de la Capitale ?... Autrement, vous pouvez aussi opter pour des fonds d’écran polynésiens et tropicaux sur vos PC, tablettes et smart-phones, un bon moyen de lutter contre le froid !... Si, si !...

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Toujours en attente du site internet de La Vinopostale, permettant notamment un click n’collect très tendance (vous faites votre choix en ligne, vous réglez et vous passez ensuite à la boutique), n’hésitez pas, néanmoins, à consulter sur la page Facebook (en lien direct à partir du site), l’album présentant les étiquettes des vins disponibles, intitulé« Pré Flight Checklist » !... Un bon plan de vol, avant le décollage !... Vous pouvez aussi découvrir les derniers parachutages et arrivages, toutes catégories : des verres, des livres, des BD, des produits de diverses origines, sans oublier les annonces de salons, dont La Vinopostale est parfois partenaire.

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Après toutes ces considérations, relevant d’une certaine logique commerciale, comment ne pas évoquer tout ce qui construit une telle initiative pour proposer des vins vivants et tenter de mettre en valeur le travail de quelques hommes et femmes, fiers de leurs choix et de leur passion, certains d’être avant tout des agriculteurs, des artisans, parfois des artistes quand le vin étonne au plus haut point ?... C’est aussi pour cela qu’on peut trouver dans le casier de tri postal (made in La Poste) du magasin, non seulement toute la production des Éditions de l’Epure, mais aussi le dernier livre de Jonathan Nossiter (avec Olivier Beuvelet), Insurrection Culturelle, un essai transformé au lendemain de la Coupe du Monde de rugby, où il est suggéré que le monde de la Culture pourrait s’inspirer du mouvement en cours chez les vignerons proposant des vins naturels, afin de ne pas sombrer dans la marchandisation et résister face à quelques logiques risquées, voir destructrices, à moyen ou long terme.

12112258_10207782847747134_2719998122477468692_nEn évoquant cela de vive voix (inspiré peut-être par l’échange récent de mails que j’ai pu avoir avec l’auteur de Mondovino et de Résistance Naturelle) avec Julien Gudéa, artiste plasticien nîmois, connu pour sa collection de sculptures en résines polymères, je ne pouvais qu’être sensible aux formes évoquant l’aéronautique, avant même les grappes de raisin, dont bon nombre ont déjà rejoint (en version pinot noir ou chardonnay !) quelques grandes maisons de Champagne. Si bien que, dès cette semaine, un "ovni" orange et blanc (vin blanc ou orange ?) viendra prendre sa place dans le décor de la boutique, ce qui ne manquera pas d’étonner, sans doute, les amateurs de passage !... Après, pour ce qui est d’une expo future, option art contemporain, dans le CYEL yonnais, futur pôle culturel urbain de la ville, remettons-nous en aux édiles locaux !...

Mais, revenons à nos flacons ! Parmi les plus récentes entrées, quelques vigneron(ne)s qui ne peuvent nier la dimension culturelle de certaines de leurs cuvées. Ludovic Engelvin est de ceux-là, jeune homme aux multiples facettes, tantôt berger, peintre ou vigneron. Mais aussi Mylène Bru ou encore Alexandre Bain, que quelques responsables de la bienséance réglementaire ont prié d’évacuer leur horizon de Pouilly Fumé !... Bien sûr, il n’est pas nécessaire de revendiquer cette supposée dimension culturelle pour avoir droit de cité au 4 rue des Halles et la dimension humaine, teintée d’universalisme certains jours, suffit largement. Tout autant que le partage de quelques moments passés ou parfois de quelques visites dans le vignoble.

12191174_841237402656474_2484539837427571466_oTiens, à propos de partage : quel meilleur moment que celui des vendanges pour cela ?... Du coup, apprécions la série de photos (ci-dessous), envoyée par Aymeric, du Domaine des Amiel, jeune vigneron languedocien, qui nous propose quelques nectars au naturel et nous rappelle l’importance de ces moments de vie.

Ceux aussi qui marquent un tournant dans la "construction" d'un domaine viticole sur le long terme, avec l'édification d'un nouveau chai, outil de travail certes, de la vinification à l'élevage, contribuant au passage à améliorer sensiblement les conditions de travail du personnel, mais aussi bien évidemment à véhiculer une image forte, positive et dynamique. C'est ce que réalise aujourd'hui Thierry Michon, dans son fief vendéen (nouvelle AOP où, soit dit au passage, la proportion d'hectares en bio devrait devenir majoritaire avant longtemps!) de l'Ile d'Olonne et des vins de Brem. Le Domaine Saint Nicolas revêt désormais les habits d'un dynamiseur du vignoble et pas seulement pour sa pratique de la biodynamie!... Avec son chai moderne, il rejoint Jérémie Mourat et Christian Chabirand, dans la catégorie des vignerons vendéens bâtisseurs!...

1781874_10208178623962093_4826192865663771740_nL'actualité du moment, ce sont aussi les salons qui (re)fleurissent à l'automne, tels les colchiques dans les prés (de notre enfance) et qui pourraient aussi bénéficier d'une météo des plus douces, ce qui contribue à rendre encore plus agréable, ces rendez-vous où l'on peut croiser le verre avec nombre de vignerons. Dans la région, citons tout d'abord les Anges Vins, fêtant au passage leur dixième anniversaire (comme le temps passe!) du 28 au 30 novembre, dans leur salle Jean de Pontoise, à St Aubin de Luigné, au coeur du Layon, mais aussi Saumur So Bio, les 28 et 29 novembre, qui n'en est qu'à sa deuxième édition, mais qui réunit presque tout ce qui se fait de mieux dans le Saumurois actuellement. Auparavant, les 14 et 15 novembre, Jean-Marc et Swanny, de Grains de Raison, proposeront à Nantes, sur une péniche, sur les bords de l'Erdre, le Salon des Vins Vivants, avec une quinzaine de "créateurs de vins naturels"!...

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Ce qui nous amène àévoquer le rendez-vous proposé par La Vinopostale, les 12, 13 et 14 novembre, soit l'inauguration décalée dans le temps (difficile de solliciter les vignerons en pleines vendanges!) et qui voudrait l'être aussi un peu dans la forme. Trois jours pour croiser le verre (là encore!) avec ceux qui nous étonnent au quotidien, qu'ils soient des référents de leur région et appellation, ou des jeunes, quasi débutants, mais oh combien passionnés!... Vous pourrez donc rencontrer et déguster le jeudi 12 avec Julie Bernard, installée à Aizenay, au coeur de la Vendée, ainsi que François Gorvan-Cosson, brasseur quant à lui à Notre Dame de Monts, au coeur du Marais Breton, mais aussi Manu Landron et Marion Pescheux, de La Haye Fouassière, le vendredi 13, ainsi que Marc Pesnot de St Julien de Concelles. Enfin, le samedi 14, Rémi Sédès, descendant de ses Coteaux d'Ancenis et Tessa Laroche, représentant Savennières et Roche-aux-Moines, ainsi que l'incontournable chenin angevin. Ce même jour, vous pourrez aussi croiser Ludovic Bodin, jeune ostréiculteur du Port Chinois, à L'Epoids, qui vous proposera ses huîtres naturelles. Sans oublier quelques délectables charcuteries sèches et en conserves, originaires du Tarn et de la montagne sud-auvergnate, déjà présentes à la boutique.

Bien sûr, il nous fallait aussi penser aux aspects logistiques, ainsi qu'au confort des visiteurs, fussent-ils passionnés au point de venir en ciré et bottes, prêts à braver la tempête!... Même si les premiers éléments de l'enquête concernant la prévision météorologique de cette période laissent croire au calme et à la douceur, nous n'avons pas opté pour le classique barnum installé au milieu de la rue (qui aurait été, de toutes façons, difficile à gérer en cas d'avis de coup de vent!), mais grâce à l'aide d'Elodie, du magasin voisin Tout en direct.fr, nous disposerons d'un espace couvert, agréable et lumineux... jusqu'au bout de la nuit!... Enfin, peut-être pas!... A bientôt donc, au 4 rue des Halles, à La Roche sur Yon!...

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Crédit photos : Frédéric Séré

Le calendrier de l'Avin d'Eva : am stram gram!...

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Eva Robineau, vous connaissez!... Mais si!... La Fée des Tronches!... Ligérienne, option Mauges angevines... Depuis... depuis... plusieurs années, elle nous propose le Calendrier de l'Avin, histoire de partager nos coups de coeur sur la blogosphère vinique. Comme ça, juste avant les Fêtes, afin d'évacuer un peu l'amer de cet hiver, entre drames de l'actualité et consultation électorale révélatrice d'un état d'esprit pour le moins préoccupant de nos compatriotes. Alors, quoi de mieux que du sucre... résiduel?...

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Vous allez me dire que je la joue facile cette fois ! L’Avin d’Eva avec un coup de chenin, elle ne manquera pas de s’en faire l’Echos, comme on peut dire à l’agence éponyme. Surtout que là, on est dans le domaine du génétiquement correct. Le chenin, l’eau de chenin voire le sang de chenin, c’est quelque chose qui coule dans ses veines à Eva, elle qui est née princesse au château de Beaupréau. Pour un peu, on en oublierait que le sujet, c’est la quille du jour !... Le 15 décembre, 25è jour du mois de Frimaire, officiellement dénommé (selon Wikipédia) jour du grillon (allez savoir pourquoi !), comme les autres jours de l’année, c’est forcément l’anniversaire de quelque chose.

001Des naissances, des disparitions, des évènements… En 1791, le United States Bill of Rights (les dix premiers amendements de la Constitution américaine) entre en vigueur. En 1809, Napoléon divorce de Joséphine de Beauharnais. Un autre 15 décembre, trente et un ans plus tard, ses cendres seront inhumées aux Invalides. Destinée… Des personnages célèbres, comme Néron (en l’an 37 de notre ère), La Rochefoucauld (en 1613), Eiffel (en 1832) sont nés un 15 décembre. D’autres, comme Sitting Bull (en 1890), Glenn Miller (en 1944) ou Walt Disney (en 1966) sont morts à cette même date.

A propos de grillons en revanche, je ne sais s’ils sont la panacée pour accompagner le vin du jour, mais pourquoi pas ?... Ben quoi, des grillons trempés dans le miel à l’apéro, avant votre réveillon de Noël ou du Jour de l’An, ce n’est pas une bonne idée, ça ?... Du miel d’acacia bien sûr, pour être en phase avec une tendance de l’expression aromatique du vin du jour, un grain noble de Philippe Delmée* de 2011, non filtré, sans sulfite ajouté et 6° d'alcool comme le précise l’étiquette. Le nom de cette cuvée en Vin de France ?... La Grosse Nadine !... Vous z’allez m’dire qu’elles sont pas toutes grosses les Nadine et, au passage, loin de moi l’idée de faire de la politique aux lendemains des Régionales, mais là, quand même, grosse impression !... On y trouve des fragrances d’agrumes confits, d’abricots, d'épices lointaines et une très fine pétillance à l'ouverture, qui vous donne une idée de sa nature résolument nature à Nadine !... Un grain noble nature donc, dans sa plus belle expression !... Pour un 15 décembre, pas mieux !... Si vous êtes curieux, gourmands et sages, j'évoquerai plus tard la future verticale des Quarts-de-Chaume du Château de Suronde et de Francis Poirel et même ce "Chaume 1er Cru 2003" (c'est ce que nous dit l'étiquette un rien mystérieuse de ce flacon) confiée naguère par le Château de Bellerive, toujours en Quarts-de-Chaume, un jour de collecte échantillonesque, option SR!...

*: en cliquant sur ce lien, vous n'aurez pas le CV, sa vie, son oeuvre de Philippe, vous découvrirez un "Wine trip in Paris" datant de septembre 2012. Un reportage savoureux, sur le blog Wine Terroirs, en compagnie de Philippe Delmée et de Kenji Hodgson, les deux vignerons angevins parcourant les XIè et XXè arrondissements de la Capitale (qui se trouvent regrouper les lieux de ma plus tendre enfance), avec quelques adresses évoquées dernièrement, lors des attentats du 13 novembre dernier, la rue de Charonne, Le Repaire de Cartouche, etc... Histoire aussi de ne pas oublier les terrasses vivantes de nos villes et de saluer la mémoire des victimes de cette soirée terrible...

Bonne Année 2016!...

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Le vent souffle sur la côte atlantique. Il pleut des cordes, voire il tombe des hallebardes pour certains. Bientôt, il va neiger sur les massifs et les accros aux skis de toutes sortes vont s'en donner à coeur joie. Un temps à se laisser porter par le courant, sauf que là, en ce dimanche tristoune, le 3 janvier d'une année dont on se demande ce qu'elle nous réserve, on se prend une claque qui tend à renforcer cette p... de nostalgie : l'annonce de la mort de Michel Delpech!... Bon, je ne suis pas en train de vous faire croire que j'étais un fan absolu de celui qui chantait (bien) Chez Laurette à l'heure où d'aucun s'entourait de Claudettes, mais certains refrains, qui passaient presque en boucle sur Radio-Luxembourg ou Europe 1 et sur les transistors de nos vacances estivales, entre deux retransmissions de passages de cols du Tour de France, sont presque inscrits dans nos gènes. Je le reconnais volontiers, même si alors, j'écoutais davantage, Jon Anderson et Steve Hackett.

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Et puis, comme la vie finalement, c'est une sorte de grand tricot où les fils se croisent, s'emmêlent et s'entremêlent, il est assez curieux de rappeler que l'un de ses derniers spectacles début 2005, salué par la critique et par ses fans, avait été repris dans un album dont le nom était Ce lundi là au Bataclan... Du coup, sa célèbre chanson Que Marianne était jolie, chantée ce soir de février, prend une teinte et un ton particuliers...

Somme toute, que 2016 prenne son envol!... Montez à bord, pour un Vol de Nuit, cap sur la Croix du Sud peut-être, parce que la vie mérite tellement d'être vécue... Belle Année à toutes et tous!...

Coups de gel dans le vignoble!...

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Le gel printanier tardif, comme en cette dernière semaine d'avril, est rarement sans conséquence, il ne faut pas être grand clerc pour le comprendre!... Effets sur la vigne elle-même, qui ne sera pas fructifère pour la récolte 2016 et qui ne produira pas de bois afin de pratiquer une taille adéquate pour le millésime suivant, mais effets induits également sur la santééconomique des domaines, souvent tus par les vignerons, mais qui peuvent pousser certains producteurs dans le gouffre. Faut-il le rappeler, la micro-publication La Pipette, devenue votre blog préféré, La Pipette aux quatre vins, est née un jour de printemps 1991, au lendemain même du gel noir dont avaient été victimes bon nombre de vignobles français. En effet, au cours d'une visite à St Emilion et Pomerol, particulièrement touchés cette année-là, j'avais pu mesurer le désarroi de Maryse Barre notamment, alors en charge du Château Pavie Macquin, mais aussi l'ampleur des dégâts d'une seule matinée, d'un seul lever du jour... Quelques heures, quelques jours après cet évènement climatique du printemps 2016, d'une ampleur certaine, vu le nombre de régions viticoles touchées (sans parler de celles qui venaient de subir la grêle quelques jours plus tôt!), il paraissait normal de donner la parole aux vignerons. Un grand merci à tous ceux qui ont répondu à mon message, malgré l'amertume, la colère parfois, contre les éléments nous rappelant avant tout la fragilité de l'Homme et de certaines de ses activités face à la Nature.

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Le premier à répondre, le 28 avril, fut Aymeric Amiel, du Domaine des Amiel, dans le Languedoc. Il fait partie des épargnés de cette semaine de gel, mais néanmoins, il sait à quel point la météo peut être cruelle : "Ici, en Languedoc, nous n'avons pas eu de problèmes. Depuis le mois de janvier, nous sommes inquiets au sujet de potentiels gels tardifs. Il a fait doux, très doux même tout l'hiver, donc on craignait un retour de bâton une fois la végétation sortie. Pour le moment, nous sommes épargnés et espérons que ça durera. Au contraire, il fait beau, chaud, venteux, donc ça pousse vite et c'est sain. Il y a du raisin, pour le moment, tout est au beau fixe. On savoure pleinement, conscients qu'il pourrait en être tout autrement..."

Le même jour néanmoins, Gilles Ballorin, de Morey Saint Denis, en Bourgogne, nous donne d'autres échos de manière assez laconique, ce qui traduit assez bien l'état d'esprit dans lequel se trouvent les vignerons touchés : "Pour le domaine, 80% des vignes touchées, tous cépages confondus sur Marsannay et 30% sur les Fixin, Morey et Nuits St Georges, sur les appellations villages. Profite bien des 2014!"

Toujours en ce 28 avril, c'est Julien Védel, vigneron à Vouvray, mais aussi salarié de Philippe Foreau qui, dans un long message, va nous donner une tendance assez vertigineuse! En effet, il a pu obtenir quelques informations dans tout le vignoble ligérien et on prend donc là conscience de l'ampleur des dégâts : "Comme vous le savez certainement, le vignoble ligérien (mais pas que, Champagne et Bourgogne aussi) a subi deux épisodes de gel ces derniers jours. Le premier lundi de la semaine dernière, qui était assez soft, avec juste quelques bourgeons atteints chez Philippe Foreau dans une plante et les complants qui sont dans une cuvette. Le deuxième épisode d'hier matin (le 27) a été beaucoup plus préjudiciable. La Loire a morflé! Du Muscadet à Sancerre, avec des secteurs à 100% et ce malgré les bougies ou les traitements préventifs. Gel le plus important depuis 1991! Il est encore difficile à estimer à ce stade le pourcentage de perte finale, les contre bourgeons peuvent sortir, mais ils ne sont que rarement fructifères"

"Les quelques infos chez les copains font froid dans le dos : tous les Noëls de Montbenault de Richard Leroy, les Poyeux d'Antoine Sanzay (et j'imagine du Clos Rougeard), les Menetou de Pelléà 90%... Ceci restant à confirmer de vive voix par les vignerons après quelques jours. Sur Montlouis, Ludo Chanson annonce 40% et Xavier Weisskopf, qui avait déjà pris le lundi précédent, serait à 95% et, de colère, dépit et résignation, aurait menacer (un temps!) d'arrêter son activité (espérons que non!). Il faut dire qu'après le gel de 2012, le gel encore puis la grêle en 2013, l'addition comme àêtre lourde!"

"Venons en à Vouvray : de grandes variabilités selon les secteurs, avec Reugny et Vallée de Cousse comme souvent très touchés. Malgré les bougies, Pinon serait touchéà 85%, Brunet à 50%, Michel Autran un petit 10%. Huet n'annonce pas de chiffre, mais j'ai bien peur que cela dépasse les 30%. Chez Philippe Foreau, selon les secteurs et l'âge des vignes, de 95% à quasi rien de perte, à priori 15 à 20% sur le domaine globalement. Il faut dire que nos sols étaient propres, c'est à dire sans herbe qui retient l'humidité et amplifie le gel. Ce sont là encore des jeunes vignes assez proches du sol, les complants et deux parcelles gélives qui sont touchées."

"Et moi dans tout ça? J'attendais que les dégâts soient bien visibles pour me rendre compte. Mes vieilles cocottes de 90 piges ne sont quasi pas touchées! Ouf!... Par contre, plus de la moitié de mes complants sont partiellement ou totalement grillés... Et ça, c'est les boules, vu le temps que j'ai passéà les chouchouter, ils auraient du rentrer en production cette année! En fait, le secteur de la Rue Neuve à Vernou et Noizay a été beaucoup moins touché que le reste de l'appellation. Mais bon, je ne vais pas me plaindre par rapport aux copains!"

En guise de conclusion, Julien apporte quelques autres échos : "Pas grand chose à ajouter si ce n'est que sur Bourgueil, Chinon et St Nicolas de Bourgueil, gros dégâts! Les jeunes comme Herlin ou les filles du Domaine d'Ansodelles vont avoir beaucoup de mal... Sept hectares sur seize d'ores et déjà vendangés chez les Breton et les Caslot, qui ont beaucoup de vignes dans graviers, auraient mangé très durement aussi..."

13076706_10208038231307147_5321355073310646871_nDes nouvelles du Muscadet ensuite, suite au message de Rémi Branger, du Domaine de la Pépière, à Maisdon sur Sèvre : "Quelques infos suite au gel : pour l'instant, nous estimons à 25% la perte due au gel. 7 ha, dont les bourgeons n'ont plus l'apparence que l'on souhaiterait, ont été touchés sur le domaine suite au froid du 25 avril. Le reste ne semble pas avoir été atteint. Suite aux différentes conversations, il semblerait que nous faisons partie des "chanceux"! Voici d'autres informations : les communes proches de La Chapelle Heulin sont au minimum touchées à 50% par le gel du mercredi 27. Proche de Vallet, 50% également. Clisson et Gorges, entre 80 et 90% suite au gel de lundi et mercredi. Pour notre part, nous allons nous attacher à conserver le maximum de grappes que la vigne va nous donner dans les vignes non gelées et obtenir des rameaux corrects pour la taille de l'année prochaine dans celles qui ont gelé. Voilà ce que je peux dire actuellement."

Le Centre Loire (Loir et Cher, Orléannais, Sancerrois) paye assez régulièrement un lourd tribut lors des matinées froides du printemps. Bien sur, les vignerons du secteur ne sont pas épargnés. C'est Thierry Puzelat qui dresse un premier bilan : "Effectivement, les nouvelles sont plutôt moroses. Nous avons gelé une première fois le 18 avril, les dégâts à ce stade paraissaient supportables (20 à 30% de perte), mais le gel d'hier matin (le 27), plus violent, n'a laissé que peu de bourgeons valides. Nous devons attendre encore quelques jours pour faire un état des lieux précis, mais on suppose une perte de 50 à 75% sur l'ensemble de nos vignes. Localement, chez mes collègues, le bilan est à peu de chose près le même, sauf chez les quelques-uns équipés de tours antigel et de quelques endroits privilégiés et peu gélifs. On va essayer de ne pas verser dans le catastrophisme, mais cela annonce quelques années de galère pour beaucoup d'entre nous et, en particulier, pour les plus jeunes vignerons, plus endettés."

Le vendredi 29, Xavier Caillard, désormais entre Saumurois et Anjou, nous donne aussi quelques nouvelles : "Mes contraintes personnelles font que j'en suis encore à la taille... Les bourgeons encore dans leurs bourres étaient protégés! Mais, les premières vignes taillées (premières feuilles étalées) sont très peu atteintes (pas d'impact sur la récolte). Le vignoble, pourtant exposé au levant et avec de l'herbe, a très peu souffert. Nous sommes situés à Coutures, à l'extrème ouest du Saumurois, entre Loire et Aubance et il semble que la gelée a été moins forte à cet endroit."

13087597_10208038231947163_3088290192945169661_nNouvelles du Beaujolais ensuite, avec Isabelle Perraud, à qui nous devons aussi les photos qui illustrent cet article : "Pour ce qui est de notre situation ici, à Vauxrenard, c'est mitigé. Toutes les parcelles ont été touchées plus ou moins. Difficile pour le moment de dresser un bilan, parce que la vigne n'est pas beaucoup poussée. Bruno pense que sur les parcelles les plus touchées, on est à 50% de dégât... C'est encore un coup dur. On va se servir des plantes pour redonner une impulsion à la vigne. Consoude et fleurs de pissenlits en tisane."

Le samedi 30, c'est au tour d'Alexandre Bain de nous donner son sentiment : "Le soleil a en effet brillé comme bien souvent cette semaine. Malheureusement, la fin de nuit avait été bien trop fraîche pour nos jeunes bourgeons de l'année. Les bois, baguettes étaient recouverts de givre. La seule chose que l'on ait pu sauver, ce sont les pommes de terre du jardin... en les buttant! J'estime que la perte est de l'ordre de 60% minimum à 100%. Le gel a frappé toutes nos parcelles. L'année va nous paraître bien longue, les lendemains bien difficiles."

Le même jour, nous arrive des infos opposées de la part de Sébastien Dervieux, alias Babass, à Beaulieu sur Layon, qui fait partie des épargnés : "Pour ma part, je n'ai pas été touché par le gel. La situation "haute" de mes parcelles et la ventilation ont joué en ma faveur... ce qui n'est malheureusement pas le cas de tout le monde sur les coteaux classiquement gélifs. Voilà les nouvelles de mes vignes, tu comprendras que je ne t'envoie pas de photos de bourgeons indemnes!..."

Dans un secteur proche, à St Aubin de Luigné, Catherine et Philippe Delesvaux s'en sortent au mieux également et nous informent le 2 mai : "A priori, pas trop de dégâts chez nous : les haies (plus touffues qu'en 1991!) ont protégé du vent et les mûrs de schiste ont joué les bouillottes sans doute. Tristes pour les amis qui n'ont pas eu cette chance..."

Ce n'est pas le cas de Laura Semeria, au Domaine de Montcy, en Cour Cheverny, qui nous adresse le 3 mai, un message laconique qui traduit quelque peu sa détresse : "Oui, nous avons gelé aussi, comme tout le Val de Loire..."

Pas certain que Laura trouve un quelconque réconfort, si ce n'est celui de partager un extrême désarroi, auprès d'Athénais de Béru qui, à Chablis, essaye de garder un tant soit peu le sourire, mais le 4 mai, le constat est très rude : "Le Chablisien a été très touché et plus particulièrement la colline de Béru et de Viviers à 100%! C'était l'épicentre "comme ils disent" et bien, je te confirme qu'il ne reste rien... rien de rien! Tout a grillé : combinaison d'une nuit entière à -4° plus une petite neige légère qui s'est gentiment déposée sur les vignes, plus un grand soleil le lendemain... Justement, tout le monde parle de 91! Et bien, on va pouvoir parler de 2016! Voilà pour les nouvelles du front ;-)"

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1991? La photo ci-dessous, prise au lendemain du gel noir cette année-là, à St Emilion, illustre bien l'ampleur d'une telle catastrophe. Un quart de siècle plus tard, une gelée mémorable touche de nouveau la plupart des vignobles. Bien sur, tous les vignerons et tous les domaines ne sont pas atteints de la même façon. De prime abord, la moitié sud de la France semblait épargnée, mais dans les tout derniers jours, quelques échos nous sont venus du Var et même du Bordelais (sauvé dans un premier temps, du fait de la couverture nuageuse), où de nombreux hectares ont également été touchés. Pas d'échos récents des appellations de l'Est de la France, mais il semble également que les vignobles allemand et suisse aient eu à souffrir de ces matinées réfrigérantes.

Ne nous y trompons pas, le malheur des uns ne fait pas cependant le bonheur des autres!... Il ne nous reste plus qu'à tenter d'exercer une forme de solidarité, en nous tournant dès maintenant, vers les millésimes 2014 et 2015, souvent d'ores et déjà connus pour leurs qualités. Et attendre, avec les vignerons, des jours et des années meilleurs!...

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